Ghøstkid est né de l’ex-chanteur d’
Electric Callboy Sebastian « Sushi » Biesler. Après pourtant dix ans de collaboration avec son ami Kevin Ratajczak, les deux hommes n’étaient clairement plus sur la même longueur d’onde et ont mis un terme à leur coopération. Si la formation d’électronicore poursuit sa folle quête d’une musique « burlesque et légère », le tout sous des associations sensationnelles (la dernière en date avec
Babymetal s’il vous plait), le nouveau projet de notre frontman est presque contraire à toute cette distraction.
Le nom du groupe, l’enfant fantôme, est déjà une sacrée preuve de l’atmosphère inhospitalière et anxieuse qu’impose la formation. L’image et l’attrait stylistique du collectif sont aussi des marqueurs d’un tempérament hostile et solennel totalement voulu par le quintet. La volonté d’un genre plus sobre, à la croisée entre post-hardcore, metalcore et metal moderne est la synthèse de cet univers.
Malheureusement pour notre troupe allemande, la synergie est encore instable avec un premier opus éponyme tout juste moyen où aucune idée marquante ne se dégage malgré un assemblage de styles osé et intrigant. C’est après un peu plus de trois années d’absence que le collectif revient avec son second disque
Hollywood Suicide. L’équipe derrière cette deuxième offrande ne change pas puisque ce sont toujours Phil Sunday et Sky Van Hoff derrière la coproduction, à qui l’on doit notamment certaines œuvres de
Kreator,
Caliban,
Rammstein ou encore
Emigrate. Il en est de même pour la maison de disques puisque
Century Media a renouvelé sa confiance auprès de nos jeunes musiciens.
Préserver le même entourage après une première sortie inconsistante était un pari très risqué de la part du quintet allemand. Le défi semble pourtant être relevé avec un certain brio dès le titre d’ouverture éponyme. Les synthétiseurs sont grinçants, les guitares sont imposantes, la batterie est percutante et le screaming est empli de haine. Le morceau prend une toute autre tournure lors du refrain avec un chant clair élégant mais aussi avec un instrumental qui laisse quelque peu entrevoir une influence mélodique, comme si toute la noirceur se muait en une lueur d’espoir. La mélodie nous fait même bénéficier d’un breakdown, certes rudimentaire dans son exposition mais qui intensifie le caractère violent et pessimiste de l’œuvre.
A notre grand regret, cette première bonne impression va très vite être ternie et notre formation allemande va quelque peu revenir dans ses travers d’antan. Le morceau suivant S3X est en plein dans cette mouvance de titres sans reliefs où la progression se fait attendre sans jamais arriver. Les couplets nous introduisent dans un espace mystérieux et austère avec ces accords à la guitare. Les rares coups aux percussions élèvent ce sentiment de peur et on imagine être cueilli par une ardente animosité. Il n’en sera absolument rien avec un refrain sur les mêmes bases que son prédécesseur, un climat pacifique à l’aspiration insouciante qui nous déçoit grandement. De même, le titre reprend un modèle similaire pour chacune de ses sections, ce qui fait apparaître une sérieuse lassitude. Heureusement, la chanson nous prodigue un petit solo de guitare qui permet un bilan moins négatif.
Les atouts du groupe auront tendance à s’essouffler rapidement, la faute à une écriture redondante. En ce sens, FSU va reprendre en tout point la structure du morceau éponyme à savoir des couplets ravageurs et un chant malveillant avant de basculer sur des refrains harmonieux et sans aucune hargne. Afin d’avoir la copie parfaite, nos Allemands vont aller jusqu’à répéter la panne avec une élémentarité semblable et une brutalité identique. Et si notre chère équipe ne s’autoparodie pas, elle nous pond des compositions accablantes. La palme d’or revient sans doute à
Valerie avec son esthétique trap qui ne part certainement pas d’une mauvaise intention mais où la voix rauque et parlée est tout bonnement insupportable. Le fait que l’instrumentalisation est stéréotypée est aussi une raison pour laquelle on est pris d’un certain malaise devant ce vide intersidéral.
Pourtant, encore une fois, notre troupe éparpille ici et là de belles et intéressantes inspirations. Certaines de ses réalisations sont largement convaincantes et même sans nous ébahir, elles sont ce que l’on voudrait entendre davantage.
Blood et Murder en featuring avec Code:Pandorum sont les tableaux qui sauvent Ghøstkid du naufrage. Sans mettre de côté ses influences, on retrouve un peu de technicité et de la puissance aussi bien vocale que instrumentale. Les riffings et les percussions sont mieux sentis et même si la formation se fait encore avoir avec des schémas prévisibles et surtout cette fâcheuse habitude de nous mettre du chant clair uniquement lors des refrains, on se réjouit tout de même que les productions maintiennent de l’épaisseur et de la mélancolie tout le long des mélodies.
Après pourtant une longue pause, on ne sent aucune évolution majeure dans le dessein de Ghøstkid et pire encore, on remarque que le groupe allemand tourne parfois en rond alors qu’il ne s’agit là que d’une seconde pièce. A l’instar de son prédécesseur, les quelques promesses qui se dressent sur notre périlleux chemin se réduisent en des hésitations toujours plus inquiétantes et nombreuses. A ce stade, on a bien du mal à savoir si le quintet allemand aura un quelconque avenir mais à cette vitesse et sans véritables changements drastiques, ses membres risquent de rester dans l’ombre et l’indifférence. On espère donc un sursaut de la part du collectif pour que le mince optimisme qui subsiste soit enfin concrétisé par un résultat à minima satisfaisant.
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