Il faut bien l’avouer, ces 20 dernières années la Grande-Bretagne n’a pas été la nation la plus prolifique ni la plus représentative de la scène Thrash, souvent étouffée entre ses glorieux cousins étasuniens et ses sauvages voisins germaniques. Si l’on excepte d’une manière générale
Onslaught qui s’est bien exporté et quelques autres, faisant généralement figure de seconds couteaux, à l’image de
Virus ou des excellents et très californiens
Xentrix ou encore et plus récemment
Evile, la Perfide
Albion a été plus qu’avare en la matière, généralement plus habituée à nous distribuer Heavy
Metal, Grind ou Punk. C’est sans compter sur le très obscur
Sabbat.
Après avoir brièvement monté
Hydra en 1983, un groupe de Rock, Martin Walkyer et Frazer Craske qui avaient usé leurs fonds de culottes sur les mêmes bancs d’écoles, décident de fonder
Sabbat en 1985, accompagnés de Simon Negus et du futur fameux Andy Sneap qui se reconvertira par la suite en tant que brillant producteur (
Opeth,
Onslaught ou
Megadeth entres autres). Après une 1ère démo en 1986,
Fragments of a Faith Forgotten,
Sabbat décroche un deal avec l’écurie Noise et enregistre dans la foulée
History of a Time to Come au Horus Sound Studios de Hanovre. Galette qui mixe les influences Thrash, Heavy et Black
Metal à l’ancienne, le tout saupoudré d’occultisme et de folklore médiéval chers à Walkyer. Walkyer ira d’ailleurs fonder par la suite
Skyclad, un groupe de
Metal folklorique, pour ne pas dire LE groupe de
Metal folklorique.
Noyée dans les volutes épaisses de cierges incantatoires, l’intro sépulcrale faite de prières maléfiques et autres voix fantomatiques nous plonge directement dans ce concept moyenâgeux et poussiéreux avant d’être littéralement balayée par A Cautionary Tale et ses riffs rugueux “arrache nuque”. Le Thrash de
Sabbat n’est pas directement comparable à celui d’un
Metallica ou d’un
Anthrax, ni non plus à celui d’un
Kreator ou d’un Sodom, bien que partageant avec ces deux derniers une patte “
Evil” indéniable. En témoignent les terribles Hosanna In
Excelsis ou Behind The
Crooked Cross, véritables joyaux à la croisée des chemins Thrash, Heavy et Black, rendant leur Thrash d’autant plus atypique.
Outre l’incisivité des riffs de Sneap, l’autre point immédiatement reconnaissable de
Sabbat est la voix de Walkyer. Cette voix teigneuse de sorcière qu’on mènerait au bûcher, vociférant sortilèges et autres blasphèmes, oscillant entre hurlements de possédé, voix d’outre-tombe et ricanements sardoniques qui dresseraient le poil à un Bernard de Caux.
Histoire, ouvrages célèbres et légendes païennes constituent le gros des thèmes (finement) traités et s’inscrivent parfaitement dans cette quête d’occultisme, en attestent le très faustien A Cautionnary Tale ou For Those Who Died, inspiré directement par la Sainte
Inquisition (” who stand accused and have refused the church’s clemency”).
Sabbat distille aussi de grosses influences Heavy et multiplie les plans avec moults passages mid-tempos pesants et poisseux et accélérations furieuses, alambiquant son Thrash au possible ; les morceaux durent en moyenne 6 minutes et les british pousseront même le vice avec
Horned Is The
Hunter qui s’étale sur plus de 8 minutes, tout de même. De plus, la myriade de soli infernaux que lâche Sneap, s’ajoutent à l’ambiance sulfureuse déjà présente et finissent de définir ce cachet si spécifique qui fait d’HOATTC un album au style inimitable.
Aidé d’une cover réussie signée John Blanche, illustrateur d’Heroic Fantasy et sur une production de Roy M.Rowland, sèche voire carrément crue, 80’s obligent, mais qui au final reconstitue pleinement l’incroyable agressivité des riffs de Sneap et la brutalité des rythmiques martiales de Negus,
Sabbat lâche ici une véritable perle noire de Thrash, brute, sombre, vile et sans véritables points faibles mais malheureusement souvent mésestimée et errant dans les limbes.
A noter la réedition de 2000 chez Modern Music avec un son plus propre et lisse mais qui au final enlève à cet album son cachet si particulier et surtout si malsain.
A redécouvrir éternellement.
Apres voir lu cette chronique et le commentaire du Moustre que dire de plus...rien si ce n est que l achat etait 1 "necessité"! Le vinyle trouvé sur discogs à bon prix est juste terrible...
Merci pour cette chronique
Tiens, je ne suis pas le seul à avoir involontairement écorché le nom du vocaliste qui se nomme Martin Walkyier et non Walkyer (écrit ainsi à quatre reprises).
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire