C'est à pas de loup que la formation russe réenclenche les machines... La voici de retour un an à peine suite à «
Dark Shades of Mystery », son premier et inégal album full length, munie, cette fois, d'un modeste EP 3 titres dénommé «
Hide Me, Night » ; auto-production n'excédant guère les 12 minutes mais témoignant d'arrangements difficiles à prendre en défaut et d'un enregistrement de fort bonne facture réalisé au New
Astral Dimension Studio. Egalement à la tête d'un EP, «
Reality Split » (2013), et de deux singles,
My Witchery » et «
Ageless », tous deux sortis en 2017, le groupe souhaite dorénavant, et légitimement, maintenir la concurrence en respect et enfin faire partie intégrante des valeurs montantes du metal symphonique à chant féminin, au même titre qu'
Elvellon,
Beyond The Black,
Sleeping Romance ou encore
Metalwings. Quelque six années après sa sortie de terre, en
2012, cette menue mais rutilante offrande lui en autorisera-t-elle l'accès ?
Fidèles à leurs aspirations premières, l'auteure/compositrice et interprète Dina Sizonova, le compositeur, guitariste et bassiste Oleg Shopin, le claviériste Arseny Rostov et le batteur R. Rezgo nous mènent au cœur d'un metal mélodico-symphonique à la fois offensif, pimpant, troublant et romantique. Dotée d'une ingénierie du son plus soignée, d'une technicité instrumentale plus aguerrie et de lignes mélodiques aujourd'hui moins sujettes à caution, en dépit de son laconique format, la rondelle cristalliserait à la fois un projet en graduelle évolution et une réelle détermination du groupe à tenter de bousculer l'actuelle hiérarchie. Toujours dans l'ombre de
Nightwish (seconde mouture),
Xandria,
Amberian Dawn,
Kingfisher Sky et
Delain, le collectif russe ne s'y est pas réduit exclusivement, apposant même son sceau sur la plupart des portées et des paroles de son nouvel opus. Aussi, effeuillons sans plus attendre la menue proposition...
C'est sur un tempo mesuré que s'effectue le plus clair de la traversée, le collectif disséminant çà et là ces séries de notes qui, assurément, feront plier l'échine à plus d'une âme rétive. Ainsi, à mi-chemin entre
Nightwish et
Evanescence, et à la lumière de ses enivrants couplets relayés d'un entêtant refrain, le tubesque mid tempo «
Hide Me, Night » s'imposera sans jambage auprès du chaland. Doté d'un fin sweeping à la guitare, d'une basse résolument vrombissante et voguant sur une enchanteresse sente mélodique, le sémillant méfait s'enorgueillit également des puissantes et ensorcelantes volutes de la sirène, dont les médiums ne sont pas sans rappeler ceux d'
Anette Olzon (ex-
Nightwish). Et l'on se surprend à remettre le couvert aussitôt l'ultime mesure envolée. Dans cette mouvance, on ne résistera pas davantage à la vague de submersion qui va s'abattre sur nous à l'aune de «
Unspoken », charismatique, envoûtante et ''delainienne'' offrande octroyant de saisissants changements de tonalité et à nouveau sous-tendue par les angéliques patines de la belle.
C'est parallèlement sur des charbons ardents que nous mènent nos acolytes, avec de truculentes séquences d'accords en ligne de mire. Ce que démontre l'entraînant et ''xandrien'' « Outside My Own
Illusion », un pulsionnel et fringant manifeste qui a pour corollaire un cheminement d'harmoniques des plus infiltrants. Dans ce champ de turbulences, incessamment réalimenté par des riffs crochetés, des frappes sèches de fûts et d'enveloppantes nappes synthétiques, s'inscrivent les limpides et magnétiques inflexions de la déesse. Bref, un hit en puissance donnant une impression de déjà entendu mais pourvu de modulations mélodiques d'une redoutable efficacité, susceptibles d'encenser d'un battement de cils le tympan de l'aficionado du genre.
Sans avoir ni réellement changé de cap, ni consenti l'once d'une prise de risque, et en dépit du modeste format de l'offrande, le combo est néanmoins parvenu à un maintien constant de l'attention, allant même jusqu'à pousser le chaland à une inconsciente remise du couvert.
Plus encore, à l'image d'une qualité de production d'ensemble de bonne facture et d'un brin de maturité compositionnelle supplémentaire, nos quatre mousquetaires disséminent désormais une énergie aisément communicative doublée d'un filet mélodique aussi exigeant dans sa conception qu'immersif à souhait.
Les tâtonnements de ses débuts se seraient donc envolés et la mise à distance de ses modèles identificatoires effective, le collectif russe accouchant dès lors d'un opus plus personnel aujourd'hui qu'hier. Cet album-test sonnerait donc comme le point de départ d'une nouvelle histoire pour nos gladiateurs. Sans pouvoir prétendre bousculer la hiérarchie ni constituer une menace sérieuse pour ses pairs, l'inspiré collectif serait toutefois sur les rails pour revêtir la cape d'un outsider avec lequel il faudra désormais compter...
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