Heriotz Sustraiak

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17/20
Nom du groupe Elffor
Nom de l'album Heriotz Sustraiak
Type Album
Date de parution 17 Janvier 2013
Style MusicalBlack Epique
Membres possèdant cet album18

Tracklist

1.
 Barrunbe Beltza
 12:10
2.
 Hildakoen Basoetan
 09:22
3.
 Heriotz Sustraiak
 10:40
4.
 Kateek Loturik...
 15:53

Durée totale : 48:05

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Elffor


Chronique @ Vinterdrom

30 Janvier 2013

Un semi-retour aux racines, où l'on sent également poindre de nouvelles influences

Il y a environ deux décennies de cela, le royaume du black metal voyait se développer à ses frontières un territoire où la pratique de l'art atmosphérique médiéval était de mise. De la poignée de généraux-musiciens faisant autorité sur ce canton annexe, parmi lesquels l'on compte Summoning, Mortiis, Wongraven et Pazuzu, tous étaient originaires des terres souveraines. Bien que la descendance musicale n’était - au mieux - qu’extrêmement ténue, la base metal retournant à la poussière chez la plupart d'entre eux, cette ancienne communauté était néanmoins parvenue à se tailler une certaine réputation, perdurant jusqu'à nos jours grâce à l'invincible Summoning.
Nous étions au milieu des années 90, soit une époque méandreuse au cours de laquelle le valeureux ménestrel Eöl fonda la guilde Elffor, puisant discrètement son inspiration à la source atmosphérique du canton médiéval et de ses généraux-musiciens. N'œuvrant que par ses propres moyens, Eöl resta dans l'ombre durant de longues et nombreuses années. Jusqu’au beau jour où ses vieilles armes furent ressorties du caveau, subissant un soigneux polissage afin d’être à nouveau brandies, flambant neuves, sous la bannière des forges de Northern Silence. Le nom d’Elffor se répandit alors à travers les contrées, bien plus largement que par le passé.
D'ailleurs, votre narrateur du jour tient à préciser que seules ces refaçons n'ont jusqu’à présent atteint ses modestes oreilles, les trésors originaux ayant désormais la fâcheuse tendance à ne se dénicher que sous le sabot d'une licorne. Et encore dusse-t-on offrir une bourse généreusement remplie de pièces d'or en présent, afin que ladite licorne daigne lever ledit sabot et que l'on puisse ainsi s'emparer desdits trésors de nos mains fébriles.

Bref, revenons à notre ménestrel Eöl, devenu fier guerrier-mage au fil des âges, à force persévérance, conviction et faits d’armes au caractère de plus en plus trempé. "Son of the Shades" et surtout "From the Throne of Hate" tranchèrent avec l'art purement atmosphérique de "Into the Dark Forest", grâce au recours grandissant à des cordes habitées par le sort de foudre. Puis survint un spectaculaire "Unblessed Woods" qui fit la part belle aux charges symphoniques. Conscient que l'union faisait la force, Eöl enrôla progressivement de nouveaux compagnons d'armes, pour la plupart recrutés dans le hameau de Numen. C'est ainsi que, sous l'impulsion d'un vrai percussionniste rythmant la charge, "Frostbitten Pain" représenta un pas en avant, vers un idéal toujours plus orchestral et triomphant.
C'est donc une guilde d'Elffor fermement dirigée par un Eöl sûr de ses compétences qui apparaît à l'aube de sonner son nouvel assaut "Heriotz Sustraiak", toujours épaulé par l'inamovible Igor Mugerza - dit Mugi, responsable d'un blason frontal qui, à défaut d'être au goût de tous, est une nouvelle fois immédiatement reconnaissable entre mille dès lors qu'on le voit débouler sur le champ de bataille.

Un nouvel assaut dans le sens offensif du terme ?… Du moins est-ce ce à quoi l'on aurait pu s'attendre, au vu de la progression observée lors des précédentes épopées… Mais loin de suivre le chemin qui lui était tout tracé, ce diable d'Eöl a décidé de quelque peu s'en écarter, nous prenant à revers en effectuant un semi-retour aux temps passés.
Une rupture particulièrement évidente sur le morceau-titre dont le sombre éther évoque le spectre des premières œuvres d'Elffor. "Heriotz Sustraiak", soit "Deadly Roots" dans un langage que tout un chacun sera plus à même de comprendre : une appellation on ne peut plus à propos pour un retour aux racines, même partiel. Des racines gorgées par les flots de sang versés lors des affrontements de jadis ; des racines hantées par les spectres de ceux qui ont péri. Pertes déchirantes et cruelles blessures, autant d'amers souvenirs qui ont fait du guerrier ce qu’il est désormais et vers lesquels il se retourne, le temps d'une halte, contemplant sa propre mémoire meurtrie.
Et si les blasts sont légion sur les trois autres chapitres, les toiles claviéristiques gravées en un dramatique délié représentent d'harmonieux motifs de nostalgie, davantage que d'abrupts entrecroisements de pulsions vindicatives.
L'introspection prédomine dans "Heriotz Sustraiak" par rapport à ses deux prédécesseurs directs. Elffor y rééquilibre ses caractéristiques, retranchant quelques points de force orchestrale et de dextérité symphonique au profit du charisme atmosphérique et de la sagesse contemplative. Néanmoins, Elffor a su garder intact son haut niveau de constitution, en témoigne une endurance sans faille sur des morceaux-fleuves culminant jusqu'aux alentours de dix minutes, voire bien au-delà. De même que l'immersion sans heurt durant ces longs épisodes démontre une intelligence de composition qui ne faiblit point, le voyage coulant comme de source.

Elffor ressort les ancestraux parchemins qui lui sont chers, sans non plus se reposer uniquement sur ses lauriers. Aussi le guerrier-mage a-t-il profité de sa halte pour acquérir quelques nouveaux sortilèges, montée de niveau oblige.
Ainsi, les incantations retentissant dès l’ouverture de "Barrunbe Beltza" nous envoûtent-elles sans crier gare. Invoqué avec le concours de la muse grecque Hildr Valkyrie (déjà conviée sur "Frostbitten Pain"), le sort nous transporte dans le royaume du soleil mourant, évoquant l'emblème du dieu Dead Can Dance.
Le chant clair et les chœurs venant ponctuer les instants les plus épiques de "Hildakoen Basoetan" et "Kateek Loturik..." sont, quant à eux, inspirés des hymnes autrefois scandés par Vintersorg, le grand barbare des Terres du Nord. Eöl y appose sa marque, au travers de l'usage unique du langage basque : celle d'un combattant des Terres du Sud. Ces élans lui redonnent du courage, comme les instants acoustiques émaillant le périple lui procurent l'effet d'une fontaine revigorante.
Lors de la cavalcade clôturant "Kateek Loturik..." le voit-on alors soudainement se relever, et ses hurlements sont non plus ceux de la peine mais ceux de la résolution retrouvée. Les ultimes arpèges l'accompagnent tandis que, hache à la main, sa silhouette disparaît peu à peu dans le lointain.

Un final annonciateur d'un regain de force pour la prochaine aventure ? Seul l'avenir dira la justesse de la prophétie.
Pour l'heure, "Heriotz Sustraiak" s'impose comme une œuvre cohérente et captivante, typique de la guilde d'Elffor. Sans bousculer ses techniques et acquis que le temps a longuement éprouvés, le guerrier-mage Eöl s'y fait aussi le disciple de nouvelles influences.
Gageons néanmoins qu'il dispose encore d'une marge de progression dans son inlassable quête des sommets…

6 Commentaires

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keketomax - 31 Janvier 2013: Ah ok, ça parrait logique, merci pour l'info!
morgothduverdon - 01 Fevrier 2013: Superbe chronique, merci :)

Je crois que j'ai déjà jeté une oreille sur une de ses précédentes oeuvres il y a quelques années, quand je téléchargeais à balle.
Mais dans mon souvenir, je confond avec Nortt (que j'avais du télécharger au même moment).

À présent, ça me revient peut être. Une sorte de Black ambiant posé, aux touches médiévales. Mais qui à l'époque, manquait d'éléments pour me faire décoller.
Visiblement il a compensé cet écart.
Je verrai ça prochainement, merci :)

Et merci pour la précision d'achat :) J'aime bien acheter direct au gars.
godgrinding - 03 Fevrier 2013: O_O Il me le faut!
Merci pour la chronique (je savais meme pas qu'il éait sorti celui-la)!
Exilaight - 06 Fevrier 2013: Superbe chronique ! Album que j'ai commandé auprès de l'artiste hier ! ;)
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