Pour le chroniqueur, tenter de s'exprimer sur un thème aussi délicat que celui de la définition forcément subjective de la nature des travaux d'un musicien, en une synthèse écrite employant des termes absolues, irréfutables et définitifs, est un exercice forcément périlleux tant l'artiste étudié se nourrit toujours aux sources de multiples horizons et envies. Les lignes qui découlent de cette analyse de styles demeurent donc presque toujours matière à débat incessants entre son auteur et des détracteurs frustrés de lire ce qu'ils considèrent comme des contrevérités. En réalité, s'agissant de subjectivité, tous auront raison et tous auront tords. Et ces contradicteurs apprentis polémistes oublient juste que les mots écrits ne sont souvent rien d'autres que le reflet de la partialité de celui qui les rédige.
Fort de cette avertissement sur les divergences d'opinions stériles, lançons nous maintenant dans l'explication de texte de ce
Hellgate, premier véritable album des transalpins de
Bejelit.
L'instant fatidique est désormais à nos portes, celui où il faudra définir le style musical dans lequel officie ce groupe. Pour commencer, il nous faudra, bien évidemment, en premier lieu, évoquer les légères influences
Power Metal d'obédience européenne, dans lesquelles le groupe puise certaines de ces inspirations. Ensuite, une fois cette évidence acquise, il nous faudra mentionner les aspirations progressives dont il parsème son art pour un résultat à la lisibilité, parfois, un peu confuse. Mais afin d'être tout à fait précis et afin de clore sur le sujet concernant l'expression artistique de ces italiens, il nous faudra surtout aborder le goût prononcé de ces ultramontains pour cette âpreté propre aux Heavy Speed
Metal du vieux continent. Pour résumer de manière, forcément, imparfaite,
Bejelit officie dans un Heavy Prog
Metal aux accents
Power.
Et le résultat, au delà de défaut sur lesquels nous reviendrons, n'est pas sans intérêt. Ce premier album, en effet, révèle quelques bonnes surprises qui nous laissent entrevoir un talent certes encore un peu trop immature mais déjà bien présent. Et paré d'une certaine virulence exaltée, où l'excessive mélodicité coutumière des genres dont
Bejelit s'inspire est succincte et totalement maitrisée, de titres tels que les séduisant
Bloodsign,
Bones and Evil, The
Hunter of the
Dark, ou encore, par exemple,
Slave of Vengeance.
Cependant si
Bejelit use essentiellement de cette sémillante vivacité et si peu de cette harmonieuse musicalité dont beaucoup ont fait un prétexte à l'empilement d'artifices inutiles, les italiens se laisse, tout de même, eux aussi, parfois, envahir par ces désir de composition de passages alourdis d'effets mélodiques plus marqués tels que des breaks plus intimistes, des percussions plus présentes ou encore, par exemple, de pianos plus charmeurs. Loin de s'empêtrer dans ces moments là,
Bejelit, au contraire, y démontre l'étendue de capacités à la construction mélodique assez convaincantes. Et des morceaux tels que
Bones and Evil, I
Won't
Die Everyday, ou encore In
Void We
Trust sont le plus bel exemple de cette aptitude.
Au chapitre des imperfections, il nous sera impossible de ne pas faire allusion à ce chanteur aux travaux parfois approximatifs. Si l'homme excelle dès qu'il s'agira de se complaire dans ces médiums rugueux que l'école allemande a tant sacralisé (Hansi Kursch, Peavy Wagner...), il n'en sera pas de même dès qu'il lui faudra atteindre des aigus aux hauteurs qu'il ne semble pas toujours maitriser. Une incapacité, semble-t-il, récurrente de nombres de vocalistes transalpins.
Bien évidemment, eu égard certainement aux manque de moyens, ce premier pas quelque peu maladroit est aussi handicapé par une production un peu insuffisante qui donne à l'ensemble un terne vernis passéiste.
Quoiqu'il en soit cette première tentative, bien que maladroite et manquant encore d'un peu de discernement, demeure très encourageante.
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