Les suédois ont frappé les premiers, mais le Canada leur emboîte le pas. La revisite du heavy metal old school devient un enjeu entre les pays, et deux pays du Nord, que tout sépare à priori, sont dans la lutte pour s’imposer comme maîtres du heavy metal revival. On parle beaucoup en ce moment d’ «
Enforcer », de «
Katana » de «
Steelwing » ou de «
RAM ». Mais n’oublions pas que de l’autre côté de l’Atlantique le Canada peut compter sur «
Cauldron », «
Striker » et surtout «
Skull Fist », qui s’est fait connaître par un boulet rouge. Le groupe est emmené par le jeune guitariste Zach Schotter (alias Jackie
Slaughter), un grand fan d’« Iron Maiden ,» bien décidé à cartonner dans un projet qu’il partageait alors avec son ami Ken Neilson (alias Sir Shred) et avec la belle Alison
Thunderland. Le trio va être à l’origine d’une petite pépite du genre, entièrement autoproduite, qui fera l’effet d’une bombe à sa sortie en 2010. Le heavy speed de l’EP «
Heavier Than Metal » va donner de l’espoir aux canadiens et des sueurs froides à leurs concurrents scandinaves. La guerre est déclarée. En allant plus fort que leurs compatriotes de «
Cauldron », qui avaient sorti leur premier album un an plus tôt, ils menacent directement ceux qui avaient initié le mouvement quelques années auparavant. Les mots « heavier than Sweden » leur brûle à la bouche.
«
Skull Fist » sait déjà s’y prendre pour nous surprendre. Dès la mise en lecture, des détonations, des riffs blindés nous surgissent en pleine face. L’énergie débordante de «
Sign of the
Warrior » va dès lors s’imposer pour ne plus nous lâcher. Comme son compère «
Enforcer », on retient essentiellement le chant extrêmement juvénile du frontman, poussant dans les aiguës, mais aussi ce jeu heavy speed survolté, en proie à la surenchère. Ils sont capables de produire une musique ultra efficace, principalement influencée par le heavy metal des années 80. De cet EP va ressortir des titres très accrocheurs, conçus pour devenir des hits du genre, tel le «
Heavier Than Metal » et son regain de virilité. L’instance rythmique donnant cette impression de machine, de concassage, les riffs tranchants du duo de guitaristes, nous orienteraient davantage vers un heavy speed plus classique, plus priestien. Ce côté retro se retrouve notamment sur «
Blackout ». Il y a sur ce titre un aspect motorisé de la musique, quelques riffs maideniens et des chœurs dans la fibre de l’époque.
«
Skull Fist » cherche malgré tout à se démarquer de ses prédécesseurs, à ne pas s’en rendre totalement dépendant. Le jeu hors-norme de Jackie
Slaughter tentera de se diriger dans ce but. On peut entendre le phénomène en extase sur sa guitare sur « Ride the
Beast ». Ce n’est pas par la jolie entame acoustique andalouse qu’il nous ravie, mais par ses soubresauts et ses solos enivrants. Son génie, sa ténacité seront remarquablement démontrés et exploités sur un titre encore plus prenant, quasi hymnique. En effet «
No False Metal » allie puissance et dextérité. Le jeu y est endiablé, frénétique, galvanisant même. Dans la grande tradition du heavy metal à haute volée, nous nous réjouirons d’un magnifique duel de guitares entre Zach et Ken. Deux éléments qui se complètent et s’affrontent dans une scène anthologique.
Les deux messieurs ne poursuivront pas ensemble l’aventure. Il en sera de même pour la belle
Allison, qui suivra Ken Neilson pour fonder ensemble le groupe «
Axxion », toujours inscrit dans le heavy revival. Le succès de l’EP «
Heavier Than Metal » ne servira donc que les fins de Zach, qui fort d’une signature chez NoiseArt (jeune label autrichien plein d’ambition) s’attèlera aussitôt à la composition d’un premier album dans la chair du mini, avec de nouveaux comparses. Faire du neuf avec du vieux, faire un bœuf avec des nouveaux. Ça ne semblerait poser aucun problème pour Zach Schotter, la future star canadienne du heavy metal.
16/20
J'ai été extrêmement surpris lors de ma première écoute de ce groupe qui selon moi ira loin.
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