A la sortie de leur «
Head öf the Pack », les canadiens de «
Skull Fist » se sentaient comme sur un petit nuage. Ils devenaient les leaders de la vague de heavy revival qui balayait l’Amérique du Nord et une partie de l’Europe depuis le milieu des années 2000, également appelée New Wave of Traditional Heavy
Metal. Ils étaient parvenus à engager un batteur en remplacement d’Alison
Thunderland, partie fonder «
Axxion » aux côtés de l’ancien membre Sir Shred.
Jack Purchase, la nouvelle recrue, ne restera que le temps des tournées canadienne et européenne avant de quitter le vaisseau durant l’année
2012. C’est à ce moment que le groupe se décide à programmer un second album. Le batteur du groupe thrash metal «
Aggressor », Chris Stephenson, qui avait déjà fait école dans le heavy revival auprès de «
Cauldron » pour l’enregistrement de «
Burning Fortune » en 2011, sera contacté à ce but et ne paraitra sur l’ouvrage élaboré qu’en simple batteur de session, avant d’être définitivement admis au sein de la formation «
Skull Fist ».
L’album enregistré aux studios Vespa de
Toronto et intitulé «
Chasing the Dream », était à l’origine prévu pour courant de l’année 2013. Seulement, la sortie est reportée une première fois pour des raisons financières, puis une seconde fois suite à l’hospitalisation de Jackie
Slaughter en mai 2013, pour un accident de skateboard assez idiot (la chute a d’ailleurs été filmée et est actuellement visible sur la chaîne Youtube du groupe). Mais pas d’inquiétude pour notre prodige canadien, il remonte aussitôt en selle pour une tournée mexicaine, puis canadienne. Il croit toujours en sa bonne étoile et en sa force. Le second volume de son projet sort finalement en janvier 2014, après maintes péripéties. Il se pourrait que cette attente ne comble pas suffisamment toutes les espérances. «
Chasing the Dream » ne se distingue guère par rapport à son glorieux prédécesseur. Le risque serait qu’il se perde au milieu de la vaste forêt qu’est devenue aujourd’hui le heavy revival.
On aurait pu simplement envisager une redite de leur précédent effort à l’écoute de leur survitaminé « Hour to
Live ». Effectivement, nous retrouvons les principaux atouts de «
Head öf the Pack » : un heavy speed incroyablement énergique, vertueux, un refrain entonné en chœurs et avec conviction, mais aussi ce soupçon de naïveté si appréciable chez eux, que l’on distingue à travers la voix remplie de fraicheur de Jackie. Cependant, la suite s’avérera moins éclatant que cet exercice initial, excepté sans doute le remarquable « You’re Gonna Pay » qui noue avec un heavy metal particulièrement riche en mélodies, façonné à l’américaine et dans l’esprit que l’on retient des années 80. Le titre se trouve alors dominé par les guitares. Nous constaterons avec celui-là, mais aussi sur d’autres morceaux que le chant a perdu en envergure, en substance, par rapport à l’opus de 2011, privilégiant ainsi les instruments. C’est assez frappant sur « Don’t Stop the
Fight » qui laisse paraître un chant plus assagi que ce que nous avons connu de «
Skull Fist », dévoré par l’intensité produite par les guitares et la batterie. Heureusement, le refrain donne l’occasion au chant de se défaire de cette emprise, rendant cet instant particulièrement saisissant.
Il y a un titre où le chant de Jackie
Slaughter s’adonne en pleine liberté et parvient réellement à diriger les autres intervenants ; il s’agit de « Bad for Good ». Cela est en partie dû à une rythmique plus tempérée et acérée. Néanmoins, pour ce que «
Skull Fist » a à proposer musicalement, on reste sur notre faim. Cela parait vite répétitif. Il est parfois dangereux de jouer avec le heavy metal des années 80. Les compositions de l’époque étaient réputées pour la simplicité de leur structure, et se reposaient principalement sur un riffing et un refrain entêtants. L’absence de l’un d’eux influe sur la qualité de l’ensemble. La longueur est également un élément à surveiller. Ainsi, les canadiens proposent un « Mean Street Rider » de cinq minutes, composé de deux longues phases instrumentales, qui font plus office de remplissage pour ce genre de heavy très commun au groupe depuis 2006. La première d’entre elles, peu avant le milieu de la piste est, ma foi, plutôt intéressante, comprenant un bon duel entre guitares. La seconde prenant près d’un tiers de la piste jusqu’à la fin se révèle beaucoup plus fastidieuse. « Mean Street Rider » est une composition récente du groupe. Elle fait relation à l’accident de skateboard de Jackie
Slaughter. Pour preuve incontestable, les premières secondes du morceau reprennent le son produit lors de la tragique chute. Il s’en est fallu de peu pour que l’on se passe définitivement des talents et de la grande dextérité technique de ce leader.
De dextérité, il en est heureusement question pour l’instrumental « Shreds not
Dead ». Le groupe semble y avoir mis toute son inventivité, toute sa dynamique. Les mélodies s’enchainent avec assurance et fermeté pour notre plus grand bonheur. Il y aura bien des moments où on fera plus la moue, surtout quand «
Skull Fist » semble paraphraser d’autres formations. On va me dire certainement que c’est naturel dans le heavy revival de croiser l’ombrage d’un «
Judas Priest » ou d’un vieux groupe de NWOBHM. C’est quand même assez gênant quand on se veut être l’avenir du heavy metal. L’auditeur croisera ainsi l’irremplaçable « Iron Maiden » sur des riffs du bourru et moyennement inspiré « Call of the
Wild ». On le retrouve assez naturellement sur «
Sign of the
Warrior » qui est tout bonnement une redite du «
Sign of the
Warrior » de leur EP de 2010 «
Heavier Than Metal ». Pourquoi l’avoir repondu, en plein milieu de l’opus par-dessus le marché? À quoi ça peut bien servir, alors que le titre est déjà bien connu des fans des canadiens? Les interrogations vont se poursuivre quand viendra l’écoute du morceau éponyme «
Chasing the Dream ». Ceux qui ont joué au jeu emblématique
Doom de 1993 reconnaitront immanquablement la rythmique d’ « At
Doom’s
Gate », déjà inspiré par celui de «
No Remorse » de «
Metallica », mais plus évidemment encore par le riff d’entame du titre « This Is
Doom » du groupe russe «
Aria ». En dépit de cela, il y a à noter un certain entrain, qui sera toutefois altéré par un refrain à la fois un peu trop simpliste et un peu trop niais.
«
Skull Fist » ne nous convainc pas aussi facilement qu’avant. Il semblerait que quelque chose se soit perdu en cours de route. Mais quoi ? Sa prestance ? Sa fougue ? Peut-être les deux à la fois. Les suédois d’«
Enforcer » ont entre-temps repris leur trône volé. On a cru que «
Skull Fist » pouvait de nouveau leur arracher les plumes, au moins en réitérant la prestation offerte sur l’insubmersible «
Head öf the Pack ». Depuis 2011, le groupe canadien se serait replié sur lui-même, un peu trop sûr de lui, dévoilant un opus dont l’énergie se serait quelque peu évaporée. Malgré ses pépites « Hour to
Live » et « You’re Gonna Pay », on ne retient plus la combativité des travaux antérieurs à ce «
Chasing the Dream ». Notre squelette enchanté est désormais en situation de paresse, d’attente. Attention, le temps qui passe pourrait bien avoir raison de lui.
14/20
Plus digeste que Head of the Pack dont le timbre vocale était sacrément insuportable ! Pourtant je suis bon publique des chanteurs haut perché mais là - et dommage parce que musicalement parlant, c'était du tout bon. Bref, sacré redressement de barre niveau chant et je préfère les titres assez direct de cet opus-ci : mélodie / refrain bien plus travaillé.
Pour les nerds, personne n'a pensé à Doom lors du début de Chasing the Dream ? x)
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