Jeune formation de metal symphonique américaine,
Graveshadow nous invite à découvrir son univers musical, peuplé de rythmes puissants, de mélodies scintillantes et d'une belle énergie communicative. Et ce, à l'image de son EP éponyme et introductif de cinq titres, offrant vingt-six minutes d'un voyage épique et endiablé, au fil de ses riffs échevelés et de ses cinglantes percussions. C'est dire que la profusion de groupes de cette obédience metal n'a nullement effrayé notre sextet, suspendu à l'intime conviction d'avoir sa pierre à ajouter à l'édifice déjà imposant de ce registre.
La valeureuse troupe nous ouvre le sas de ses coulisses pour nous faire les présentations. Elle compte dans ses rangs :
Will Walker, membre fondateur et guitariste ; Heather Michele, chanteuse à la voix angélique dans l'esprit d'
Angelical Tears, voire
Forever Slave ; Matthew Mitchell, lead guitariste ;
Valerie Hudak aux claviers ; Benjamin Armstrong, grunter et bassiste, et le batteur Roman Anderson. Les compositions, plutôt de bonne facture, et les paroles au mot juste, sont toutes l'oeuvre exclusive du groupe. Quant aux aspects techniques, c'est à HazMatt Thomas de HazMatt Recordings que l'on doit la qualité de l'enregistrement des instruments, le mixage, équilibrant bien les parties, et le mastering. Quant aux prises de voix, minutieusement réglées, elles relèvent de Jayson Angove de OneEleven Studios. A l'image de l'artwork de la pochette, la demeure musicale qu'on croirait quasi inviolable, va s'offrir à nous. Que nous réserve alors cette petite rondelle ?
Tout d'abord, on décèle une vivacité rythmique et un schéma vocal du type « la belle et la bête », sur la majeure partie de l'oeuvre. Par exemple, « Lycan
Lust », invite le pavillon à suivre une dynamique rythmique et des riffs acérés déjà sur les premiers couplets. C'est alors que la belle use de ses aériennes impulsions pour nous asseoir sur des refrains catchy. Un break opportun apparaît, laissant une reprise chevaleresque se déployer au son d'une lead guitare mordante et d'un refrain en duo entre la déesse et de caverneux grunts. La belle finit donc par se faire rattraper par la bête sur un titre harmonieusement bien charpenté. Tout aussi véloce, le tonitruant «
Blood and Fire », s'éveille en douceur avant de nous assaillir de percussions diluviennes et de riffs crochus. Ainsi, la belle poursuit sur les couplets et s'unit à la bête pour convoler le long de refrains aussi ravageurs qu'impactants. Un break s'invite ensuite, avant que la rythmique en reprise ne prenne alors une sauvage tournure, faisant corps avec les grunts qui lacèrent chaque note de leur scalpel vocal. Par contraste, le titre se clôt en douceur, par une voix claire et modulée. Même schéma sur «
Exhumed », se voulant néanmoins plus sombre, d'inspiration gothique, avec quelques notes orientalisantes sur les couplets. La sirène se cale ici sur les médiums, tout en partageant le micro avec des growls inquiétants. Cette fois, la ligne mélodique est un peu moins propice à la captation de nos émotions.
Sur une assise en mid tempo, le groupe a également distillé de beaux arpèges. C'est le cas sur « Fading », ayant l'allure d'un hit dans ses accords et à l'image de refrains difficiles à prendre en défaut. On aurait pu laisser la belle s'exprimer en solo de son timbre clair et chatoyant, les grunts n'ajoutant rien au sel du morceau. Les arrangements, de leur côté, s'avèrent bien réalisés et on se surprend à vouloir remettre la piste en selle.
Le combo a aussi conféré une progression à son schéma rythmique. C'est ce qu'on observe sur « In the Roar of desire », usant d'un tapping martelant, qui n'est pas sans rappeler
Forever Slave dans ses harmonies et son empreinte vocale. Les refrains explosent de leur saveur mélodique suivant une rythmique enjouée. Apparaît un joli break au son de beaux arpèges au piano et des ondulations délicates de Heather, la reprise s'effectuant progressivement par une lead guitare fougueuse, notamment sur un solo endiablé, qu'étreignent des grunts dictatoriaux. Mais, à la belle, par le jeu de ses fines modulations, de nous amener sereinement vers la fin de la piste.
On ressort de l'écoute de cette galette avec l'agréable sentiment d'accrocher aisément aux lignes mélodiques des refrains. En outre, l'ensemble témoigne d'une belle énergie pour égayer nos sens, ne laissant que peu de temps morts dans et entre les morceaux. Cela dit, quelques petits défauts de production apparaissent néanmoins, concernant notamment les finitions, et l'originalité n'est pas encore de mise sur cette petite rondelle. On aurait pu également ne pas recourir systématiquement aux grunts, mais plutôt amener l'auditeur à la découverte d'autres joutes oratoires avec des voix masculines plus claires, des duos de déesses, des choeurs... Bref, le potentiel artistique est là, il ne reste plus qu'à le valoriser encore pour que ce combo puisse venir partager l'assiette des groupes phares du moment.
Sans révolutionner le genre, cette modeste production comblera certainement quelques attentes d'un public en phase avec celui-ci. On pourra donc se laisser tenter par la découverte du potentiel de ce groupe, à l'aune de cette habile et invitante introduction. Certainement faudra-t-il compter avec sa détermination à créer un album full length. L'avenir nous le dira...
Ça joue très bien, les voix claires sont assez harmonieuses, mais le groupe manque de personnalité.
Peut-être un album en préparation ? Avec plus de voix claires naturellement!
Sinon ça sera encore sans moi !
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