Comment se délester de ces poncifs rédactionnels inévitables alors qu'il s'agira d'aborder le cas des Suédois de
Devian ? Comment passer outres un récit dans lequel il nous faudra, une fois encore, expliciter les raisons qui obligèrent le vocaliste
Legion et le batteur Emil Dragutinovic à quitter
Marduk et à former ce nouveau groupe ? Et comment, enfin, ne pas le faire sans commenter les aspirations de ces deux artistes à explorer de nouveaux horizons musicaux que d'aucuns pourraient qualifier de "trahison" ? La tâche est complexe.
Commençons par un affront consistant à ne pas nous étendre sur ces sujets, à dire vraie, plutôt anecdotiques si ce n'est celui concernant ce dessein compréhensible de ne plus laisser leur créativité enfermer dans les préceptes tacites mais, ô combien, immuables d'un Black
Metal intègre. Le chanteur et le batteur en auront d'ailleurs tiré une substantifique moelle artistique exprimé en un
Death Black mélodique aux accents Heavy et Thrash. Un propos qu'ils nous offrent au cœur d'une première œuvre remarquable intitulé
Ninewinged Serpent (2007).
Il ne leur aura fallu qu'une seule année pour donner naissance au deuxième recueil de cette nouvelle histoire. Cette nouvelle créature se nomme
God to the Illfated. S'inscrivant dans la lignée de son ainé, elle poursuit dans cette volonté manifeste dévolue à l'éclectisme et à la mélodie, poussant même le vice jusqu'à tenter quelques incursions en ces terres aux chants clairs.
La musicalité et la diversité s'affichent donc ici crânement. Néanmoins si ces deux principes semblent avoir été l'une préoccupation majeure de ces nordiques, ils n'auront heureusement jamais omis de parer leur art de cette saine agressivité et de cette heureuse noirceur dans laquelle ils excellent. La sagesse avec laquelle ils auront combiné ces différents éléments, trouvant ainsi un équilibre subtil, est, de surcroît, assez fascinante. Cet aplomb et cette intelligence de composition rendent, d'ailleurs, l'exercice consistant à illustrer les écrits et les arguments par quelques exemples bien sentis d'autant plus ardu. Citons, tout de même, le féroce
Mask of
Virtue, le furieux The
Unspoken, le très bon Saintbleeder, Summerdeath et ses atours Heavy
Metal, Assaillant et ses volutes
Death mélodique exprimé en un refrain paré de voix claires ou encore, par exemple, I'm the Pariah et son break délicieusement malsain.
Au-delà des qualités premières de ces titres, inutile de dire que le talent de deux ex-
Marduk les exhausse littéralement. Ainsi Emil derrière ses fûts donne une assise rythmique très solide à cet ensemble de par ses exceptionnelles aptitudes et de par sa maîtrise unique. Et
Legion, quant à lui, s'illustre assez formidablement en nous proposant de découvrir les nombreuses nuances, autrefois insoupçonnables, auxquelles il s'adonne pourtant ici.
Bien évidemment, les traditionalistes idolâtrant un art noir sans compromis ne pourront se satisfaire d'un tel syncrétisme. Par ailleurs ils ne sauront pas davantage se délecter de ce souci mélodique avec lequel
Devian aura minutieusement composé chacun des versets de cet album. Ils trouveront aussi que l'opus manque singulièrement de brutalité. Si, sur le fond, ce dernier constat n'est pas totalement infondé, il omet cependant quelques vérités concernant la maestria avec laquelle cette œuvre exprime une bestialité plus subtile.
Deuxième album des Suédois de
Devian, ce
God of the Illfated est donc un disque incroyablement abouti, incroyablement raffiné, incroyablement polymorphe, incroyablement sombre, et incroyablement agressif. Incroyablement réussie, en somme.
Totalement d'accord avec cette chro. Cet album montre une réelle progression par rapport à son déjà prometteur prédecesseur et j'aurais vraiment souhaité me délecter d'un troisième opus. Malheureusement, même si on dit "jamais deux sans trois", là je crois bien que c'est cuit.
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