Est-il réellement nécessaire de décrire la musique d’
Urgehal dans une longue litanie d’adjectifs convenues plus vague les uns que les autres et parlant si peu du travail de Trondr
Nefas et de ses acolytes, mais bien plus d’un état d’esprit inhérent à un genre tout entier, essence ténébreuse d’une mouvance la plus obscure du métal ? Est-il véritablement essentiel d’user et d’abuser de termes tels que : malsain, noir, blasphématoire, froid, glacial, alors qu’un seul, dans sa grandeur la plus noble, dans sa définition la plus juste, suffit à parler parfaitement de la musique de ce groupe : Black
Metal. Car oui,
Urgehal c’est avant tout du Black
Metal. Mais pas n’importe lequel, celui qui se vit intensément, celui qui de manière intègre refuse de se souiller au contact d’éléments qu’il considère comme pervertissant sa matière la plus ardente, la plus authentique, la plus immonde. Celui qui crache sur la mélodie pour n’être qu’un hurlement de haine déchiré. Celui qui refuse d’être autre chose que l’expression ancestral du dégout le plus instinctif.
Avec la sortie de ce
Goatcraft Torment,
Urgehal dont le propos n’est rien d’autre que le cri d’un faciès distordus au visage d’un idéalisme bien pensant, affirme plus que jamais la volonté sans compromis de ses convictions. Pourtant ses croyances et ses desseins, bien qu’indifférent au concept de l’originalité, du renouvellement, de la technique, liant le groupe par ces chaines rouillées de ces lois tacites définissant de manière étroite ce Black qu’il honore, ne l’empêcherons pas d’honorer le démon avec des incantations quelques peu différentes de certains autres adeptes. Car en effet si les Norvégiens n’ont jamais aspiré à autres choses qu’à vivre au sein de cette théorie foncièrement misanthropique dont l’expression la plus visible est cette musique et que pour cela il reste plongé dans l’eau putride, boueuse et délicieuse d’un milieu underground sur lequel il règne en maître, (ce relatif désintérêt du groupe à vouloir appartenir au rang plus glorieux d’un panthéon ou d’autre ont brillé, témoignant, encore une fois, d’un état d’esprit droit), le groupe n’en possède pas moins, toutes les qualités pour se démarquer. Il y a d’abords ces différences évidentes de compositions. Si
Urgehal a su s’inspirer des airs naïfs et basiques des morceaux aux constructions primitives axés sur quelques accords, quelques notes, de groupe tel que
Von, c’est bien plus de leur aspect répétitifs et hypnotique qu’il a su capter l’esprit. A son corps défendant,
Urgehal nourrit aussi en son sein des musiciens techniquement talentueux, capable de composer, en dehors de Riffs efficaces simples, d’excellents phrasés Heavy/Thrash plus complexes. Nombreux titres alternent d’ailleurs des moments de furie avec d’autres aux ambiances plus lourdes, aux rythmes plus lents ou dans une oppression étouffante le chant écorchés et rouillé de Trondr
Nefas enfonce son tranchant dans nos esprits ravis (
Goatcraft Torments, Risus Sardomus, Satanik Black
Metal in
Hell…).
Seul le titre Antireligios désobéit à cette règle proposant un morceau véloce et intense de bout en bout. Un autre aspect qui nous frappe à l’écoute de cette œuvre, c’est la qualité évidente des soli qui entâche quasiment chaque morceau, ce biais est d’autant plus apparent que le son est ici sublimé par une production clair et précise. Ce son, mettant en valeur chacun des musiciens et notamment les talents spécifique de Uruz, de ses fûts et surtout de ses grosses-caisses dont on se régale de chacune des nuances (Dodsmarsj Til
Helvete…), donne au travail d’
Urgehal toute sa laideur, tout son charme, toute sa grandeur.
Urgehal, avec ce
Goatcraft Torment, est à l’apogée de son art. Un art à la fois crû et bestial de par ces morceaux envoutants sans aucun artifice, et à la fois raffiné et intriguant de par ces qualités de compositions évidentes de ces musiciens. La vision sincère d’un groupe qui ne s’avilit pas à des concessions qui seraient dégradantes dans l’esprit de ce respect d’une certaine tradition
True Black
Metal. Il ne nous appartient pas de juger ici du bien-fondé de la démarche, ou encore de l’absurdité ou non de l’idéologie, mais bel et bien d’apprécier pleinement le gout si exquis de ce sang noir si subversif que met
Urgehal dans nos bouches, dans nos têtes avec cet excellent
Goatcraft Torment.
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