Un vent d'inspiration renouvelé souffle actuellement sur les terres portugaises, et plus précisément du côté de Porto, à l'instar de ce prolifique combo créé voilà quatre ans par son auteure, compositrice, arrangeuse et interprète, Dy MooB. Déjà à la tête de deux albums studio – le truculent «
Unknown Sound », en 2021, suivi du chavirant «
Legacy of Satan », un an plus tard – et d'un frissonnant EP acoustique intitulé «
Halloween Mass », d'aucuns auraient pu s'attendre à voir le collectif frapper plus fort les esprits de son empreinte. Déjouant alors tout pronostic, c'est à pas de loup que le collectif ibérique revient dans les rangs, comme l'attestent les 15 brèves minutes de son second EP, «
Ghost », signé chez Dymm P-M, qu'une année à peine sépare de son illustre prédécesseur. Ce faisant, les quatre pistes que compte la menue rondelle sont-elles à considérer comme une simple parenthèse dans la carrière de la troupe ? Ou plutôt une respiration nécessaire dans le processus créatif de nos acolytes, comme un préalable à l'évolution de leur projet ?
Resté partiellement fidèle à ses premières amours, le groupe nous livre un propos d'obédience power mélodico-symphonique gothique et moderne ; une offrande à la fois incisive, énigmatique et des plus enivrantes, aujourd'hui davantage influencée par
Lacuna Coil,
Ancient Bards,
Angtoria,
Sara Jezebel
Deva et Metalite que par
Frozen Crown,
Crystal Viper,
Unleash The Archers,
Darkwell,
The Gathering et
Elis. Ainsi, sans tourner le dos à son passé, la troupe a enrichi son projet de nouvelles sonorités, ces dernières lui conférant dès lors toute son originalité. A nouveau, nos gladiateurs témoignent d'une technicité instrumentale et vocale parfaitement maîtrisée et d'un trait mélodique qui, peu ou prou, s'est affiné. Par ailleurs, la rondelle bénéficie d'une production d'ensemble de bonne facture, dont des finitions passées au crible ainsi qu'une belle profondeur de champ acoustique. Il ne nous reste plus qu'à suivre nos hôtes dans leurs pérégrinations...
Comme il nous y avait accoutumés, le combo portugais nous plonge volontiers en de magmatiques territoires, non sans nous retenir un peu malgré nous. Ainsi, un headbang bien senti sera assurément généré sous l'impact des inaltérables riffs en tirs en rafale et des furieux coups de boutoir nourrissant « #Satanicpowermetal », up tempo power symphonico-mélodique au carrefour entre
Sara Jezebel
Deva et
Ancient Bards ; doté d'un refrain immersif à souhait mis en exergue par les puissantes et rocailleuses inflexions de la sirène, et d'un fringant solo de guitare, le pulsionnel méfait ne se quittera qu'à regret. Dans une même énergie, tant les seyants arpèges d'accords disséminés que la qualité des enchaînements intra piste dispensés sur « Modern
Apocalypse » sont des armes d'une redoutable efficacité. Et ce ne sont ni le martelant tapping ni le fin legato à la lead guitare qui nous désarçonneront davantage de ce hit en puissance, loin s'en faut.
Quand la cadence du convoi instrumental se fait plus mesurée, le groupe trouve à nouveau les clés pour nous assigner à résidence. Ce qu'atteste, d'une part, « Trained to
Die », organique et vibrant mid tempo aux riffs épais et à la coloration cabaret, au carrefour entre
Angtoria,
Lacuna Coil et Metalite ; au regard de l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'il nous invite à suivre, sur lequel se greffent les sensuelles oscillations de la déesse, le félin propos poussera à revenir sitôt l'ultime mesure envolée. Dans cette mouvance, on ne saurait davantage éluder l'entraînant «
Ghost » eu égard à une mélodicité toute de fines nuances cousue et à son refrain catchy mis en habits de lumière par les pénétrantes modulations de la princesse.
Le combo ibérique nous octroie, cette fois, une œuvre, certes, dans un mouchoir de poche mais éminemment immersive et délicate, témoignant d'une ingénierie du son désormais difficile à prendre en défaut, et empreinte de sonorités encore peu exploitées mais des plus grisantes. A l'image de son devancier, s'il s'avère varié sur les plan rythmique, l'opus l'est bien moins quant à ses lignes de chant, la frontwoman monopolisant là encore le micro de bout en bout de la rondelle. En raison de son modeste format, la galette se fait également moins diversifiée que son aînée en ce qui touche aux exercices de style dispensés. Cependant, pas l'ombre d'une zone de remplissage, ni une quelconque inélégance mélodique, ni même un accord malhabile ne viennent émailler la surface de l'assiette. Bref, un retour à pas de loup mais sous un jour nouveau, permettant au collectif ibérique de conforter sa position de valeur montante de son univers metal d'affiliation. Dans l'attente à peine voilée d'un troisième album full length...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire