Message a été reçu par le combo français du souhait communément partagé par sa fanbase de le voir revenir dans les rangs doté d'un album full length ! Aussi, aux fins d'un travail en studio de longue haleine naît «
Fucking Phoenix », une auto-production généreuse de ses 53 minutes, que deux années déjà séparent de son introductif et encourageant EP «
Lost Control » ; une galette à la fois fougueuse et invitante où dix pistes s'égrainent, dont quatre, remastérisées, issues de sa frugale devancière. Cela étant, cinq ans suite à sa fondation – par la chanteuse au cristallin filet de voix Hélène Finaud – le sextet lyonnais disposerait-il de l'arsenal artistique et technique requis pour faire de lui un sérieux opposant face à ses si nombreux homologues, dont de jeunes loups aux dents longues ?
Plus encore, à l'aune de ce set de compositions, nos acolytes pourraient-ils dès lors espérer se hisser parmi les valeurs montantes du si couru registre metal symphonique à chant féminin ?
Dans cette nouvelle aventure nous embarque l'équipage de la précédente traversée au grand complet. Ce faisant, et conformément à ses fondamentaux stylistiques, Hélène et ses compères – Loïc Dode et Romain Thual aux guitares, Laurent Moulin à la basse, Anthony Sejalon à la batterie et Jérémy Gubian aux claviers – nous immergent au cœur d'un environnement metal symphonique gothique et progressif, dans la veine coalisée de
Within Temptation (dernière mouture),
Lacuna Coil,
Secret Rule et
After Forever. Une œuvre aussi impulsive et épique que rayonnante et romanesque se dessine, jouissant, en outre, d'une production d'ensemble de bonne facture, dont un mixage plus équilibré aujourd'hui qu'hier, doublé dorénavant d'une saisissante profondeur de champ acoustique ; autant de qualités qui, précisément, renseignent sur la détermination du collectif à en découdre. Il ne nous reste plus qu'à monter à bord du vaisseau amiral pour une croisière en hautes eaux, que l'on espère parsemée d'îlots d'enchantement...
Comme il nous y avait sensibilisés, c'est à l'image de ses pièces en actes symphonico-progressives que le combo rhodanien révèle toute l'étendue de son talent, non sans nous aspirer, et d'un battement de cils, dans la tourmente. Ainsi, passée la laconique et, somme toute, dispensable entame instrumentale, « Ignition », le majestueux monarque ne saurait tarder à ouvrir ses ailes ; au fil de ses quelque 7:20 minutes d'un voyage tourmenté, un brin romanesque, l'énigmatique «
Lost Control » abonde en péripéties et en contrastes rythmiques, pour un rendu du meilleur effet. Glissant le long d'une radieuse rivière mélodique et instillé d'un refrain immersif à souhait mis à l'honneur par les limpides et hypnotiques modulations de la sirène, c'est dans l'ombre d'un
Within Temptation des premiers émois que se terre la charismatique fresque. Et la magie opère. Dans ce sillage, difficile également d'occulter «
Earth Is Waiting », frissonnante pièce en deux actes : l'un, volontiers tempétueux et aux riffs corrosifs ; le second, plutôt romantique, à la violoneuse assise et empreint de sensualité. Pourvu de l'habile doigté du lead guitariste et mis en habits de soie par l'envoûtant filet de voix de la maîtresse de cérémonie, le pléthorique manifeste fera plier l'échine à plus d'une âme rétive. Dans cette énergie, on optera, enfin, pour le pulsionnel et opulent «
Basement Level », au regard de la soufflante montée en régime de son corps orchestral dont s'abreuve l'ample pont techniciste à mi-piste décoché.
Quand il nous projette sur des charbons ardents, le collectif trouve, là encore, matière à happer le tympan sans avoir à forcer le trait. Ce qu'atteste, tout d'abord, « Gaïa », frénétique up tempo aux riffs crochetés et à la basse résolument claquante, au confluent de
Within Temptation et de
Lacuna Coil. Au cœur de ce vaste champ de turbulences, au sein duquel évoluent les puissantes et claires impulsions de la déesse, s'inscrivent d'insoupçonnés changements de tonalité et un bref mais fringant solo de guitare. Et la sauce prend sans tarder. Dans cette dynamique, on retiendra non moins le magmatique «
Slow Death » à la lumière de ses couplets finement ciselés, mis en exergue par les toniques oscillations de la diva, aux faux airs d'une Sharon Den Adel à ses débuts ; dévoilant également un pont technico-mélodique surmonté d'un frémissant legato à la lead guitare – opportun moment de répit que balaiera prestement une sidérante reprise sur la crête d'un entêtant refrain – ce hit en puissance dans l'ombre coalisée de
Within Temptation et
After Forever n'aura pas tari d'armes efficaces pour asseoir sa défense et se jouer des nôtres. Enfin, en dépit de ses répétitives séquences d'accords, l'enfiévré « I'm Bleeding » ne dissémine pas moins de seyants gimmicks guitaristiques et des enchaînements intra piste des plus sécurisants.
Lorsque le convoi instrumental ralentit un tantinet sa cadence, la troupe parvient non moins à nous retenir, un peu malgré nous. Ce que révèle, en premier lieu, «
Earth Rehab » – mid/up tempo aux riffs épais à mi-chemin entre
Lacuna Coil et
After Forever – que l'on retiendra tant pour l'opportune fulgurance de ses accélérations que pour son entêtant refrain relevé par les fluides ondulations de la princesse. Dans cette mouvance, on ne saurait davantage éluder le polyrythmique «
Fucking Phoenix » eu égard à sa mélodicité toute de fines nuances cousue et à son galvanisant final en crescendo surmonté d'un poignant solo de guitare. Un poil plus incisif et sous-tendu par une basse éminemment vrombissante, et non sans rappeler
Walk In Darkness, « Let It Go », quant à lui, se plait à varier ses phases rythmiques à l'envi tout en générant une énergie aisément communicative.
A l'issue d'une traversée aussi mouvementée que palpitante, d'aucuns pourront ressentir l'irrépressible envie d'une remise en selle dès la chute finale amorcée ; une technicité instrumentale désormais plus aguerrie, à laquelle s'adjoignent des lignes mélodiques plus exigeantes dans leur process d'écriture, et ce, sans y perdre de leur aura, complètent la panoplie défensive de nos six belligérants. Si davantage de diversité en matière d'ambiance et d'empreinte oratoire et des exercices de style plus variés qu'ils n'apparaissent étaient souhaités, tant la qualité de l'ingénierie du son que celle des arrangements convoqués indiquent que nos acolytes auraient élevé le niveau de leurs exigences propres d'un cran depuis leur introductif élan. Bref, une oeuvre à la fois épique, tourmentée et empreinte d'une puissance dévastatrice, plaçant la formation lyonnaise sur la rampe de lancement des valeurs montantes de cet espace metal. Affaire à suivre, donc...
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