Trois ans de silence radio soufflés déjà depuis l'épique et luxuriant «
Fucking Phoenix »... D'aucuns étaient alors à deux doigts de penser les espoirs de pérennité du projet étrenné voilà huit ans par la chanteuse Hélène Finaud à jamais envolés. Ce serait toutefois méconnaître l'indéfectible opiniâtreté comme les exigences du sextet français en matière de production ; état fait impliquant un certain espacement de ses publications. Et si deux ans séparent son introductif et encourageant EP, «
Lost Control », de son opulent successeur, comme dit, le combo rhodanien nous en fera patienter trois, cette fois, jusqu'à la sortie de son second et présent EP, «
Fallen Archangel » ; une auto-production modeste d'un ruban auditif de 21 minutes où ne se dispatchent guère plus de cinq pistes.
Revenant à pas de loup dans l'arène, nos six gladiateurs auraient-ils alors les assises pour pouvoir rejoindre définitivement les valeurs montantes du si couru registre metal symphonique à chant féminin ?
Dans ce dessein, et restés fidèles à leurs bases stylistiques, Hélène et ses acolytes d'hier – Loïc Dode et Romain Thual aux guitares, Laurent Moulin à la basse et au chant additionnel, Anthony Sejalon à la batterie et Jérémy Gubian aux claviers – nous replongent au sein d'un espace metal symphonique gothique et progressif, à nouveau dans le sillage de
Within Temptation (dernière mouture),
Lacuna Coil et de
Secret Rule. Un propos à la fois volontiers frondeur, souvent bouillonnant et parfois solaire s'esquisse, bénéficiant, à son tour, d'une ingénierie du son de bon aloi, à commencer par un mix bien ajusté doublé d'une qualité d'enregistrement difficile à prendre en défaut. Est-ce à dire qu'un bis repetita, à l'exclusion de toute autre alternative qui, précisément, conférerait à ce mouvement toute son originalité, serait au bout du chemin ? Mais entrons sans plus attendre dans la frêle goélette et laissons-nous guider par notre équipage dans ses pérégrinations...
C'est sur une cadence soutenue que s'effectue en partie la traversée, non sans nous retenir, un peu malgré nous. Ainsi, après la brève, cinématique, et somme toute, dispensable entame instrumentale, «
Ishtar », les éléments ne sauraient tarder à se déchaîner. Ce qu'illustre, tout d'abord, son plus proche voisin, «
Origin », up tempo aux riffs acérés et adossés à une sanglante rythmique, à mi-chemin entre
Lacuna Coil et
Secret Rule ; n'ayant de cesse de nous asséner de virulents coups de boutoir tout en déversant de truculentes séquences d'accords sur lesquelles se greffent les claires et toniques inflexions de la sirène, nous octroyant parallèlement un fringant solo de guitare à mi-morceau, l'offensif méfait poussera assurément à un headbang bien senti et quasi ininterrompu. Dans cette mouvance, on ne saurait davantage éluder le pulsionnel «
Possessed », tant pour son énergie aisément communicative que pour son entêtant refrain mis en exergue par les fluides impulsions de la déesse.
Quand le rythme de leurs frappes se fait plus mesuré, nos compères trouvent quelques clés pour nous assigner à résidence. Ce à quoi nous sensibilise le ''lacunacoilesque mid tempo « On Your Grave » eu égard à ses enchaînements intra piste des plus sécurisants et aux galvanisants soubresauts d'une basse vrombissante. Délivrant un break bien amené sous-tendu par des choeurs aux abois, que viendra rejoindre une growleuse empreinte sur une saisissante reprise, et recelant de truculents arpèges d'accords, l'enivrant manifeste incitera à une remise en selle sitôt la chute finale amorcée.
Cependant, et comme ses précédentes offrandes en ont attesté, le combo parvient plus aisément encore à nous happer à la lumière de ses lignes symphonico-progressives. Ce que révèle le titre éponyme de l'opus, «
Fallen Archangel », une fresque au confluent de
Lacuna Coil et de
Within Temptation ; déroulant ses quasi six minutes d'un parcours épique et tourmenté, le pléthorique effort ne lâchera pas sa proie d'un iota. Variant ses phases rythmiques à l'envi, recelant un refrain catchy, jouant à plein sur les effets de contraste oratoire – les angéliques oscillations de la belle répondant point pour point aux serpes oratoires de son acolyte de growler – et s'achevant pianissimo, ce hit en puissance ne se quittera que pour mieux y revenir, histoire de plonger à nouveau dans cet océan de félicité.
Au final, l'inspiré sextet navigue sur une mer houleuse, le plus souvent, non sans nous amener à bon port, in fine. En dépit de l'exigüité de son format, la galette fait montre de diversité tant sur les plans rythmique, atmosphérique et vocal, qu'en matière d'exercices de style, même si l'une ou l'autre ballade manque à l'appel, cette fois. Un effort aussi fougueux, démoniaque, épique et rayonnant, jouissant en outre d'une production d'ensemble de fort bonne facture, s'offre alors à nous. S'affranchissant davantage aujourd'hui qu'hier de l'empreinte parfois sclérosante de leurs maîtres inspirateurs tout en octroyant quelques prises de risques, nos acolytes ont conféré davantage d'épaisseur artistique à leur projet. Bref, une rondelle, certes, dans un mouchoir de poche mais des plus liantes et enfiévrées, susceptible de hisser la formation rhodanienne parmi les valeurs montantes d'espace metal qui est le sien. Dans l'attente à peine voilée d'un second effort de longue durée...
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