Liste des groupes Metal Symphonique Hartlight From Midland and Beyond

Dans un registre metal symphonique à chant féminin déjà surinvesti en formations de tous poils, nombreuses sont les nouvelles recrues à avoir cru en leur chance de réussite, en vain pour certaines d'entre elles. Enième entrant dans ce si concurrentiel espace metal, quelles seraient alors les chances pour ce vert combo de s'y illustrer à son tour, voire d'y perdurer ? Ce serait sans compter la déjà solide expérience studio de ce duo franco-suisse né en 2019 sous l'impulsion commune du pluri-instrumentiste, arrangeur et producteur français Adrien Djouadou (Nobelium, Phoebus The Knight, ex-Sentinhell) et de sa comparse, l'auteure/interprète helvétique Noémie Allet (Phoebus The Knight). Mû par un soudain élan d'inspiration et témoignant d'un investissement de longue haleine en studio, le duo affiche dores et déjà une réelle détermination à en découdre...

A la tête de trois singles (« Victorious Heart » et « Hartlight » en 2021, suivis de « Be Blessed » un an plus tard), nos acolytes sortiront, dans la foulée, un EP 4 titres dénommé « From Midland and Beyond », signé chez le puissant label italien WormHoleDeath. Ce faisant, on effeuille une galette, certes, modeste de ses 18 minutes, mais jouissant d'un enregistrement de bonne facture doublé d'un mix équilibrant lignes de chant et instrumentation à parités égales ; indice révélateur de leur souhait de ne pas rester terrés dans l'ombre bien longtemps. Une mise en musique ne souffrant que de rares irrégularités, sur laquelle se cale un propos metal mélodico-symphonique aux relents heavy, power et progressif, dans la lignée de Battle Beast, Ancient Bards et Delain. Cet introductif effort constituerait-il dès lors une arme suffisamment efficace pour permettre à nos deux compères de tenir la dragée haute à leurs homologues stylistiques, loin d'être rares à se bousculer au portillon ?

C'est en partie dans une veine heavy symphonique qu'il officie, le duo nous projetant alors volontiers sur une terre de lave en fusion, non sans essaimer de sémillantes séries de notes dans son sillage. Ainsi, c'est d'un battement de cils que le refrain catchy jaillissant des entrailles de « The Merrow's Chant » aspirera un tympan déjà sensibilisé aux vibes de Battle Beast ; un engageant et rageur up tempo heavy symphonique doté de riffs crochetés, jouissant de truculents gimmicks guitaristiques et mis en exergue par les limpides et néanmoins puissantes inflexions de la sirène. Dans cette mouvance, on ne saurait davantage éluder le ''jamesbondien'' « Be Blessed » tant pour son énergie aisément communicative que pour ses enchaînements intra piste ultra sécurisés. Greffé sur une ligne mélodique des plus enveloppantes sur laquelle se calent les fluides patines de la déesse, pourvu, en prime, d'un bref mais seyant solo de guitare, ce hit en puissance poussera à une remise en selle sitôt l'ultime mesure envolée.

Quand ils flirtent avec le power progressif, nos inspirés compères trouvent à nouveau matière à nous aspirer dans la tourmente. Ce qu'atteste, d'une part, « The Eclipse », mid tempo power symphonico-progressif aux relents cabaret à mi-chemin entre Ancient Bards et Delain ; doté d'un martelant tapping, voguant sur une sente mélodique des plus invitantes, et infiltré d'un refrain immersif à souhait mis en habits de lumière par les sensuelles volutes de la maîtresse de cérémonie, cet enivrant méfait n'aura pas tari d'armes effilées pour asseoir sa défense. Dans cette dynamique, on retiendra non moins le trépidant « Into the Realm of the Elves » tant pour son grisant cheminement d'harmoniques et la qualité de ses arrangements instrumentaux que pour son fringant solo de guitare. A la princesse, eu égard à ses toniques impulsions, de contribuer à rendre cet haletant moment durablement inscrit dans les mémoires.

Si l'on parcourt une œuvre dans un mouchoir de poche, la charge émotionnelle qu'elle délivre étreindra assurément le chaland, et ce, sur la majeure partie de la galette. Puissant, solaire et empreint de délicatesse, le propos se dote parallèlement d'une ingénierie du son aux petits oignons, d'une technicité instrumentale éprouvée et de mélodies efficaces. Bref, une rayonnante et magnétique offensive en guise de message introductif. D'aucuns auraient cependant souhaité davantage de diversité rythmique et vocale, des exercices de style plus variés qu'ils n'apparaissent ainsi que l'une ou l'autre prise de risque inscrite au cahier des charges. Etat de fait qui ne saurait néanmoins altérer le plaisir de goûter à cette ronde de saveurs exquises ni de faire de nos acolytes des outsiders au beau pédigrée ; de sérieux challengers, en somme, que leurs pairs se feront fort de ne pas ignorer. Dans l'attente à peine voilée d'un album full length...