La New Wave Of Traditional Heavy
Metal a le vent en poupe. Il faut croire que le monde a fini par se dire qu’il était temps de remettre dix sous dans la machine parce que The
Final Frontier, plus jamais ça. Parce qu’on a fait le tour de la sous-soupe célébration de la dépression sur trois accords et de la nullité sous le masque de la complexité à huit cordes. Parce qu’en ces temps maudits où tout fout le camp on veut rallumer le feu, bannir le cuir vegan, beugler « Heavy
Metal über alles » les cheveux au vent, retrouver la rage, la virilité, la grandiloquence et se sentir transcendé, comme tonton quand il a découvert
Killers et la première fois qu’il a assisté au concert d’AC/DC en 1978 avec
Trust en première partie, sauf qu’à l’époque il avait encore des cheveux et que le billet ne coûtait pas nonante euros. Même en prenant en compte l’inflation, c’est le pantalon qu’on t’arrache avec le portefeuille. Pour vingt euros, vas voir
Enforcer au Divan du Monde, prends ta claque et achète
From Beyond, la rencontre de la pentatonique mineure du
Power allemand et du mi majeur du Thrash US en terres mélodiques suédoises c’est possible.
Dix ans à la gloire de son mantra «Heavy
Metal is not old school, it is timeless » et
Enforcer n’a rien perdu de sa puissance ni de son enthousiasme.
Pas d’effet de manche ni de préparation psychologique,
From Beyond agrippe d’entrée à la gorge avec "
Destroyer", cavalcade Speed/Thrash
Metal, persiste et signe avec "
Undying Evil". Olof Wikstrand monte dans les aigus avec une ferveur et une furie qui vous fera headbanger comme le chien bobble head de la plage arrière d’une R5 sur un chemin de campagne.
From Beyond frappe par son attention toute particulière portée à la mélodie. Sans sacrifier ni vitesse ni agressivité, elle donne au chant l’espace nécessaire pour pousser en puissance et en modulation ("The
Banshee", "One With
Fire"). La pression ne redescendra – momentanément – qu’avec "
From Beyond", pas mauvais mais un peu faible coincé entre deux des titres les plus Speed de l’album, "
Undying Evil" et "One With
Fire". Ballot pour un titre éponyme.
Passé cela, chaque chanson est mémorable et a sa propre identité sans mettre en danger la cohérence de l’ensemble, ce qui est déjà un tour de force quand on brasse trente-trois ans d’histoire, de
Killers à
Rust In Peace en passant par
Melissa,
Kill ‘Em All et
Walls Of Jericho.
Le Heavy
Metal est un roc qu’
Enforcer éclate et remonte avec adresse dans la variation des rythmes et des structures. "Below The
Slumber" et "
Mask Of
The Red Death" en sont les meilleurs exemples. Ce dernier clôture l’album sur une atmosphère plus sombre et ambitieuse, son lead riff et son break vous hanteront.
Outre le brio de son écriture et la qualité d’exécution des musiciens, la réussite de
From Beyond tient à la cohésion de ses membres. L’instrumental est un exercice difficile qu’"Hungry They
Will Come" réussit haut la main et montre un groupe où tous les talents participent à aller de l’avant, donnant moins prise à la nostalgie que suscitait
Diamonds. En ce sens, l’
Enforcer nouveau est un poil supérieur à son étalon-standard et peut compter surfer sur la maturité de ce segment de marché, courtisé par les gros labels –
Enforcer est signé chez
Nuclear Blast, où fourmillent quantité de groupes déjà cooptés par les majors, notamment
Holy Grail,
Skull Fist,
Steelwing et
Striker.
Certains contemporains de la grande époque ou jeunes je-sais-tout crieront à la Carling frelatée, s’amuseront à retrouver la parenté de chaque riff et deviseront sur la survie ou non de
From Beyond s’il était sorti en pleine ascension du genre. Débat stérile,
From Beyond n’aurait pas pu être pensé dans les années 80. Même s’il en reprend sciemment tous les codes musicaux et visuels on saluera la superbe pochette réalisée par Obsessed By Cruelty, son côté sophistiqué et le trop-plein de références le classent directement dans les disques d’héritage, de plaisir d’abdiquer son esprit critique aux tréfonds de la passion, animé d’une volonté de vivre dans la chair cette ère épique et jalousée de nos aînés.
Le temps seul dira où la NWOTHM nous mènera. Oui,
Enforcer fait du Speed/
Power/Thrash
Metal. Oui,
Enforcer n’est pas « original ». Oui,
Enforcer recycle les recettes de
Megadeth,
Scanner,
Helloween,
Mercyful Fate. Quelle est la pertinence d’une telle démarche, même bien exécutée, face aux originaux ? Si ce groupe de haute volée permet à des adolescents de vivre Ce Moment que nous chérissons tous, de leur donner l’envie de découvrir
Manowar,
Riot ou
Exciter, de dénicher le prochain
Dio ou Steve Harris et que le genre vive, félicitons-nous d’être témoins de l’initiative.
Sérieusement, le dernier boom Heavy
Metal date des années 80, nos idoles meurent, nous leur survivons pour subir [groupe que vous exécrez ici] et vous n’avez toujours pas envie que la NWOTHM n’envahisse le monde ? Levez votre bière à la gloire de cette jeune génération prête à reprendre le flambeau avec amour et maîtrise de ses classiques et arrêtez de raconter n’importe quoi...
Votre réponse ne répond en rien aux problèmes de fond soulevés. Vous dites en gros que ceux qui vous ont remercié sont dans le bien, et ceux qui ont trouvé quelques problèmes de fond dans votre article sont des cons. A votre différence j'ai étudié le parcours d'Enforcer depuis leur premier album. Et physiquement, il ne me reste que le dernier à posséder. Néanmoins même avec "deux ou trois" pauvres liens youtube n'importe qui peut se rendre compte qu'il n'y a pas de power metal allemand ou de thrash US sur ce putain de disque. Et perso, c'est à ça que je souhaiterai (très chère) que vous me répondiez. Concernant Nightwish, je m'en fous. Même si je trouve énorme que quelqu'un puisse mettre sur une chronique la note la plus basse. D'ailleurs qu'est ce que vous connaissez en metal symphonique? Que connaissez vous de Nightwish?
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