En 1992, tandis que le deathmetal domine le paysage extrême de ce début des nineties, le label suédois Blackmark Productions, à l’origine de la parution du premier album d’
Edge Of Sanity une année auparavant, décide lui-aussi d’étoffer son catalogue death en signant notamment les brutes britanniques de
Necrosanct, les allemands de
Fleshcrawl et les suédois de
Cemetary et
Seance. Né sur les cendres d’Orchrist et
Total Death, ce dernier se forme en 1990 autour du guitariste & compositeur Jensen, qui évolue de nos jours au sein de quelques formations reconnues comme
Witchery et
The Haunted.
Après son unique démo
Levitised Spirit ayant eu son petit effet dans l’underground, le quintette suédois s’embarque en studios début 1992 pour les sessions de son premier album
Fornever Laid to Rest. Si la majorité de ses confrères death suédois se ruent à l’époque aux Sunlight Studios,
Seance joue quant à lui la carte de l’originalité en optant pour les Berno Studios appartenant à Berno Paulsson, qui capture pour cette occasion son premier album de deathmetal.
Seance n’échappe toutefois pas au stéréotype, à commencer par la pochette de son album confiée aux mains expertes de Dan SeaGrave, dessinateur qui livre à l’époque des illustrations à la chaine pour toute une flopée de groupe deathmetal, bien qu’en revanche, il soit difficile de ne pas s’agenouiller devant cette superbe illustration, idéalement dans l’esprit du contenu. Musicalement,
Seance rentre globalement dans le moule forgé quelques deux petites années auparavant par
Entombed et
Carnage, le temps des intemporels Left
Hand Path et
Dark Recollections. L’ambiance sombre, les thèmes autour de la mort, les guitares incisives comme des lames, les vocaux d’outre-tombe, sont tous ces éléments clés reliant ces formations.
Seance possède toutefois une brutalité supplémentaire qui le distingue des formations voisines, tout en ayant aussi des consonances nord-américaines qui le rapprocherait de formations comme
Deicide. La patte des Berno Studios est également un atout, dotant le couple basse/batterie d’une force peu commune, tant et si bien que les guitares de Tony & Jensen eurent mérité une place plus en avant, à l'image de la demo-tape
Levitised Spirit, malgré leur incision de tout instant. Le quintette ne serait rien non plus sans Johan Larsson, son growler attitré, qui possède non seulement un sacré coffre mais aussi un timbre guttural très rauque et rapidement identifiable.
En un peu plus de trente minutes,
Seance balaye ainsi une sacrée palette de riffs, en alternant parties plombées à d’autres foncièrement tapageuses, pour citer son final terrassant sur The Blessing of Death, ou encore des Inferna Cabbala et Reincarnage tout aussi mémorables. Au delà d'une brutalité qui pourrait initialement paraître primaire,
Fornever Laid to Rest s’affirme en outre au fil des écoutes. Le groupe multiplie en effet les ambiances sombres, faites de souffles de vent, de respirations, de chuchotements (qui relient notamment chaque morceau), entretenant tout au long de l’œuvre une atmosphère épaisse, à l’image de l’excellent instrumental
Wind of
Gehenna.
Dans une période dominée par l'arrivée massive de formations deathmetal suédoises,
Seance passe relativement inaperçu lors de la sortie de son premier effort, d’autant plus que, malgré une distribution satisfaisante, son label Blackmark Productions n’a jamais été réputé pour ses efforts promotionnels, sorti de
Bathory ou Edge of Sanity. Au-delà de son deathmetal d'aspect conventionnel,
Seance bâtit pourtant une passerelle incontournable entre les scènes suédoise et nord-américaine, juxtaposant une brutalité manifeste et des atmosphères sombres parfaitement calibrées, pour donner au final beaucoup de substance et de profondeur à ses morceaux et lâcher un
Fornever Laid to Rest qui traverse impeccablement l’épreuve du temps.
Fabien.
Bon, comme vous au final...
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