Digne héritier du punk et du heavymetal, le thrashmetal du Royaume-Uni n’a pas été aussi mémorable durant les années 80’s qu’une scène outre-Rhin plus determinante, à l’image de ses leaders
Kreator, Sodom et
Destruction. D’influence hardcore, crust ou heavy, ou plus foncièrement thrash, cette scène a pourtant vu fleurir dans le giron de
Venom,
Onslaught,
Sabbat ou Sacrilege de nombreux groupes thrashmetal de tout horizon, tel
Deathwish,
Anihilated,
Cerebral Fix,
Xentrix,
DAM,
Hellbastard,
Re-Animator,
Acid Reign ou
Lawnmower Deth. L’un d’entres-eux se nomme
Virus et se forme à Brighton en 1986 autour d’Henry Heston, Damien
Hess et Terry Kaylor.
Le groupe anglais signe rapidement un contrat avec le jeune label Metalworks, se concluant par la parution de son premier album
Pray for War, d’une mise en place encore très chaotique. S’adjoignant des services d’un second guitariste en la personne de Coke Mc Finlay, le quatuor cimente les contours de son thrashmetal, fin prêt pour investir les Yard Studios dès décembre 1987 et sortir au printemps sa seconde oeuvre en vinyle, le terrible
Force Recon.
En une année,
Virus a ainsi évolué vers un thrashmetal davantage construit et maîtrisé, articulant notamment
Force Recon autour de trois premiers morceaux d’une durée moyenne de six minutes, sans commune mesure avec les titres de
Pray for War bien plus directs et rapidement expédiés. Le quatuor débute ainsi sur un
Testify to Me relativement tapageur, dominé par une hargne de tout instant, pour ensuite assombrir lourdement l’atmosphère sur l’instrumental Viral
Warfare et son introduction acoustique si prenante, puis enfin assommer sur le palm muting serré en ouverture son imparable titre éponyme.
Peut-être moins incisive, la seconde partie de l'oeuvre conserve à tout moment cette ambiance à couper au couteau qui la caractérise, à l’image du redoutable morceau
No Return renversant par son intro sombre un brin mélancolique, ses guitares tranchantes et les vocaux d’Henry Heston particulièrement teigneux. En pleine guerre, tantôt calme ou rageur,
Force Recon reste à tout moment relié par cette même noirceur et renferme cet esprit rebelle si anglais, palpable jusqu’au bout des ongles de ses interprètes.
Aux rythmiques et articulations parfois approximatives, bénéficiant d’une production encore assez primitive,
Force Recon transpire ainsi un côté punk par toutes ses pores, laissant paraître la désinvolture peut-être involontaire du quatuor mais tellement britannique. En cette année 1988,
Virus lâche en tout cas un album thrashmetal brutal et sans concession, fourmillant de bonnes idées, et dégageant cette atmosphère sombre d’une épaisseur que bien des formations thrash ne parviendront jamais à retranscrire.
Fabien.
Fabien.
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