Dire qu’il existait un sentiment de trahison à la suite de la sortie du premier opus éponyme de
Unisonic ne serait peut-être même pas trop fort. Non, c’est une forme de vérité qui a pris consistance lors des premières écoutes, celle d’avoir été trompé, qu’on nous ait laissé miroiter des choses en sachant ouvertement que le résultat final était très différent, que rien ne serait comme avant. Mais n’étions-nous pas nous-même trop crédules de croire que la nouvelle réunion de
Michael Kiske et Kai Hansen redonnerait vie au
Helloween d’antan ? Pourquoi avoir cru que le premier titre dévoilé, portant le nom du groupe, serait un étendard représentatif de l’intégralité de l’album à venir ?
Douce utopie, nous voulions y voir une renaissance méritée et attendue depuis tant d’années…
Mais passée cette introduction, ce premier album prit la forme de ce que le reste du line-up pouvait nous laisser imaginer. Un hard rock mélodique catchy mais pas forcément vigoureux, dans la veine effectivement de
Pink Cream 69 (Dennis Ward et Kosta Zafiriou en faisant partie) ou
Gotthard (Mandy Meyer ayant été dans ses rangs). Non pas que ce soit mauvais mais la déception et l’incompréhension étaient si fortes qu’il fut difficile d’entendre raison, malgré des concerts ensuite très agréables (et bien aidés par de vieilles reprises d’
Helloween).
Aujourd’hui, à la veille d’un nouveau disque intitulé "Light of
Dawn", nous savons déjà à quoi s’attendre et il est fort à parier que l’attente sera, en conséquence, bien moins grande.
Probablement conseillé par Kai, dont son "
Master of
Confusion" fut une bonne technique d’attente,
Unisonic sort également son ep agrémenté de deux nouveaux titres ainsi que de morceaux live. On pourra en revanche s’interroger sur l’utilité du produit (étant donné que l’album sort dans deux mois alors qu’il y a eu plus d’un an de délai entre "
Master of
Confusion" et "
Empire of the
Undead", par exemple), son maigre menu et surtout son prix (une dizaine d’euros environ selon les revendeurs) qui en font une vague entreprise marketing plus qu’une sortie à part entière. Dommage.
Mais venons-en au fait. Deux titres, "For the
Kingdom" qui apparaitra sur le prochain album et un inédit gracieusement offert portant le nom "You Come Undone". Ces deux titres sont effectivement porteurs d’informations précieuses puisqu’ils semblent offrir un panorama de ce qui se prépare et de l’offensive à venir.
Il semblerait que
Unisonic ait entendu les critiques exercés sur le premier opus et qu’ils aient voulu recentrer le tir sur certaines attentes, sans pour autant trahir le son qu’ils avaient façonnés lors du précédent essai. Dès le riff d’ouverture de "For the
Kingdom", on sent qu’une certaine puissance, une incision plus véritable et une cohésion a été trouvé entre les musiciens, chose qui n’était pas forcément le cas sur le premier puisque Kai Hansen était arrivé à la fin du processus de composition. Les guitares de Kai et Mandy proposent des choses différentes, entre le genre incisif et rapide du premier et l’aspect bien plus mélodique et catchy du second. Quelques nappes de claviers viennent embellir ce tempo rapide faisant la part belle à la voix toujours inexorable de Kiske, entre des parties medium et des envolées dont lui-seul possèdent le secret. Le refrain est simple à retenir, fédérateur et simplement beau avant de livrer un solo en tapping qui, une fois de plus, réveille quelques ardeurs et laisse vraiment augurer du bon pour la suite (en espérons en épilogue différent de la dernière fois). La basse de Dannis Ward est très audible (le gaillard a produit lui-même la bête et se taille une part non négligeable du mix, chose fort agréable) et permet justement d’offrir un son très rond et harmonieux à l’ensemble tant elle ronronne.
Quant à "You Come Undone", elle reste dans le même moule, avec peut-être un déficit supérieur de virulence. Un riff hard mais une production plus metal, un Kiske exceptionnel portant le morceau sur ses épaules et un groupe ayant bien plus l’envie d’en découdre que sur le premier disque qui tournait trop souvent en roue libre. Quelques petites fulgurances solistes entre les couplets font plaisir à entendre, lançant un pré-refrain sans doute plus réussi que le refrain à proprement parler par sa puissance vocale avant un solo hard rock dans la pure veine de ce qu’aime proposer Mandy.
Pas indispensable mais un bon titre également, largement meilleur que certains titres du premier album, élément encourageant si ce titre-là ne valait pas la peine d’être choisi pour l’album (ou est-ce encore une simple poudre aux yeux ?).
A cela s’ajoute des live en revanche pas forcément indispensables, enregistrés au Masters of Rock, avec une bonne production et une participation active du public mais sans surprise. Le titre éponyme ouvre le concert (même intro qu’au Hellfest, un pur plaisir), Michael est en voix et le groupe est bien en place, même si on aimerait que le frontman communique un peu plus avec son public et soit moins laconique sur scène. Après, on partage un très redondant "Star Rider" (pour ne pas dire franchement chiant) avec l’excellent "Souls Alive" qui clôture cet ep de manière sympathique mais assez anecdotique (pour reprendre la comparaison avec le ep de
Gamma Ray, on avait le droit à six titres live, des assez rares et un "
Insurrection" de douze minutes quand même).
"For the
Kingdom" est un petit cadeau en attendant l’album mais il s’adresse avant tout aux collectionneurs, le public rechignant déjà pour acheter de vrais albums, il est peu probable qu’il débourse autant pour un contenu aussi famélique (au final, un seul morceau inédit, sachant que l’autre sera disponible en juillet) dans un digipack en plus démuni de livret. Il rassure sur la capacité de
Unisonic à augmenter le tempo et rebondir après un album critiquable dans sa manière d’avoir été mis en avant. En attendant, ce n’est qu’un maigre apéritif un brin inutile. On attend le plat de résistance très vite.
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