Alors que certains s'adonnent à ces jeux consistant à sans cesse repousser les limites d'un
Metal de la mort ainsi toujours plus brutale, violent et dévastateur, les doyens de
Corpus Mortale, quant à eux, usent clairement de leur créativité de manière très différente. Nous proposant avec ce
Fleshcraft leur, seulement, quatrième album en deux décennies d'activité, et d'activisme, le groupe se complait, en effet, dans une expression très moderne et très percutante, mais aussi très empreinte de ce délicieux passé et de cette épaisseur propre aux contrées dont ces quatre musiciens sont originaires. En d'autres termes un Death
Metal véhément et lourd, violent et dense, typiquement danois. Et en d'autres mots encore, un art composé par des vétérans intègres, parmi lesquels le chanteur bassiste Martin Rosendahl et le guitariste Brian Eriksen (tout deux connus pour être d'ardents artisans d'
Iniquity), peu enclins à se soucier de ce genre d'amusements parfois stériles à base de "toujours plus vite", "toujours plus crû" et "toujours plus destructeur".
Une fois ce postulat de base couché sur ce papier virtuel, que nous restera-t-il encore à écrire s'agissant de ce nouvel opus? Peu de chose sinon que tel un trait d'union entre différentes époques et différentes aspirations, il s'inscrit dans l'exacte continuité d'un prédécesseur,
A New Species of Deviant, sortis en 2007. Rien d'autres si ce n'est qu'une telle œuvre mérite louanges et félicité pour avoir aussi bien retranscrit un genre. Et ainsi il nous suffira, et ce afin de convaincre un auditoire sceptique, de conseiller l'écoute des excellents Weakest of the Week, A Murderous
Creed ou encore
Scorn of the
Earth alliant parfaitement lourdeurs, consistance, virulence et sauvagerie, ou encore de suggérer celle du pesant et écrasant
Love Lies Bleeding, conclu par une accélération ravageuse.
Notons également la présence sur ce disque du morceau
Seize the Moment of Murder qui n'est autre qu'une relecture du même titre extrait de l'EP du même nom sortis par la formation en 2006.
Bien évidemment, inutile de dire qu'ici les intransigeants adeptes d'un renouvellement incessant ne trouveront nulles traces de cette originalité qu'ils chérissent tant. En effet, rien, ou si peu, n'est de nature ici à évoquer la présence exagéré de ces infâmes stigmates trahissant cet immonde caractéristique novatrice qu'ils voudraient éprouver à l'écoute de chaque notes, chansons ou opus. Non,
Corpus Mortale avec ce
Fleshcraft ne réinvente rien.
Toutefois la formation originaire de Copenhague affiche une telle maîtrise, une telle inspiration et une telle efficacité qu'il serait très surprenant que les fervents partisans de ce genre de prestations demeurent indifférents.
Fleshcraft est donc un album très réussi pour peu que vous soyez disciples de ce Death
Metal à la fois moderne et passéiste, agrémenté de délicieuses lourdeurs. Une œuvre sincère et très séduisante qui ne bouleversera cependant pas le paysage actuel. Un plaidoyer auquel, de surcroit, on souhaiterait une suite bien avant de voir poindre l'aube d'une troisième décennie d'existence pour
Corpus Mortale.
Scorn of the Earth est vraiment le titre le plus détonant là-dedans selon moi, très accrocheur tout en étant puissant.
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