Liste des groupes Metal Symphonique At Dawn's Edge First Contact

Nouveau venu sur la scène metal symphonique à chant féminin, le frétillant quartet canadien compte, lui aussi, nous impacter à l'aune de ses premières armes musicales. Ainsi, le bien-nommé « First Contact », modeste galette de trois pistes seulement, autorisant une brève immersion de dix-sept minutes, nous connecte à une valeureuse formation, techniquement convaincante et à une sulfureuse empreinte vocale. A l'heure où la concurrence fait rage sur cette planète metal de plus en plus peuplée en troupes de tous poils, quelles sont les chances pour nos acolytes d'en sortir avec les honneurs ?

Venu de Toronto, le combo compte dans son escadron : la délicate soprano Ashavari Anna Joshi, les guitaristes Alex Oprea et Matt Ozzy ainsi que le batteur Jacob Bechard. Ainsi dotés, nos acolytes ont concocté des compositions aux accords bien affûtés et des paroles aux textes non sans mérites. Globalement, pour leur mise en relief, l'enregistrement reste correctement exécuté et les enchaînements demeurent assez sereins. Par contre, on observe un sous-mixage des lignes de chant et les finitions sont encore à parfaire.

On évolue ainsi dans un metal symphonique atmosphérique, avec une pointe gothique et progressive. Le tempo s'avère assez véloce, les riffs souvent corrosifs et l'instrumentation affriolante. De leur côté, les lignes mélodiques, sans être noyées dans d'inextricables arpèges mal assortis, auraient gagné à user d'un spectre ondulatoires plus large et enjoué. La jeune sirène joue parfaitement son rôle de leader oratoire, mais ne parvient pas toujours à imposer son timbre aérien de manière aussi efficace qu'on aurait pu le souhaiter. Quelques bémols sembleraient déjà poindre le bout de leur nez. Mais, pénétrons plus avant dans cette œuvre, à l'instar de cet introductif EP auto-produit.

C'est dans sa globalité que peut s'appréhender la lecture de l'oeuvre, les stigmates atmosphériques et rythmiques de ces pistes se révélant peu différenciés entre eux. Tout d'abord, le fuligineux « Venus's Rapture » nous assaille de ses riffs graveleux et d'une lead guitare en liesse. Les douces et claires ondulations vocales de la petite sirène dessinent les lignes mélodiques des couplets avec de belles nuances. Toutefois, la colérique guitare trouve son alter égo à l'image d'une batterie frondeuse dans une magmatique ambiance, d'où la belle émerge non sans peine. Premières fêlures, donc. Ensuite, quelques sinuosités synthétiques agrippent le pavillon sur « Utter », à la rythmique tonitruante et aux riffs cinglants. La déesse déambule sur les couplets sans difficulté, mais partage l'espace vocal avec une empreinte masculine claire sur les refrains, non sans contrarier ses effets. Une grunteuse ambiance s'insinue alors au moment où la jeune interprète glisse sans encombres sur sa ligne de chant. Rageur, diluvien, sauvage, ce titre risque de brûler quelques tympans non avertis, sans y gagner nécessairement en mélodicité. On appréciera néanmoins un beau solo de guitare au beau milieu d'une forêt d'une équatoriale orchestration. Dommage que la clôture soit aussi radicale. Pas de coup d'éclat non plus sur cette piste. Enfin, sur un tempo qui ne marque pas de réelle différence par rapport à ses confrères, l'intense rythmique de « From the Ashes » a pour corollaire de grincheux riffs et une lead guitare acariâtre. Les méandres atmosphériques sont nombreux et l'enlisement mélodique peut être de mise, malgré les débattements de la diablotine chanteuse pour tenter de nous retenir. C'est dire qu'on quittera le navire sans trop de regrets.

On ressort de l'écoute de cette fluette rondelle écartelé entre le désir d'y revenir pour en apprécier quelques espaces harmoniques d'assez bonne facture, et le souhait d'en vouloir davantage, au vu et au su des nombreuses formations de même acabit et qui proposent de plus ragoûtantes gammes dans leurs compositions. Avec seulement trois plages à leur actif, le pari était osé de vouloir convoler sur les terres metal symphonique, en espérant s'illustrer en bonne position. En outre, un manque de variété et d'originalité se fait sentir.

Le potentiel affiché est pourtant réel et le travail réalisé en studio est loin d'être sans mérites. A condition de le valoriser, celui-ci pourra offrir un propos plus convaincant, et donc, plus apte à recueillir l'adhésion, y compris des plus récalcitrants des tympans. Autrement dit, on pourra aller y jeter une oreille pour le plaisir de la découverte, et y trouver même quelques sources de satisfaction, mais on préférera attendre la sortie d'un éventuel album full length pour s'en faire une idée plus précise. D'ici là, le combo doit se laisser le temps nécessaire à la maturation de son projet. Il se peut alors qu'il finisse par nous surprendre à l'aune d'un élan artistique renouvelé...