Il est généralement difficile de donner suite à un grand disque, c'est le cas du groupe
Power Progressif
Royal Hunt avec son conceptuel et imposant "
Paradox", paru en 1999, qui à mon sens fut une totale réussite aussi bien artistiquement que commerciale. Autant dire que l'avenir du groupe s'annonçait des plus radieux, malheureusement le destin en décidera autrement. En effet, le groupe devra une nouvelle fois faire face au départ de son chanteur et frontman, le charismatique
DC Cooper, pour divergence musicale entre autres. Ce fut pour le chanteur une occasion supplémentaire d'entamer une carrière solo, ainsi que d'autres projets externes tels que
Silent Force,
Amaran's Plight et
Missa Mercuria.
Nous aurions pu craindre que le départ de
DC Cooper ne fasse de nouveau sombrer le groupe dans l'anonymat, il n'en sera rien! En effet, le groupe partira aussitôt en quête d'un remplaçant et embauchera finalement
John West le chanteur attitré du groupe américain
Power Progressif
Artension. Si
DC Cooper s'illustrait pour sa présence scénique et par un chant dans un registre Heavy
Power (haut perché),
John West (de l'avis de votre illustre serviteur) se distinguera par un chant au registre vocal plus étendu et mélodieux, mais aussi grâce à une faculté et une aisance à mieux faire passer les émotions que son prédécesseur.
C'est donc avec un nouveau chanteur et l'album
Fear que
Royal Hunt s'apprête à achever ce vingtième siècle. Si
Paradox avait poussé les limites du genre
Power Progressif à tendance Néo Classique,
Fear, même s'il comporte de longs morceaux soutenus d'orchestrations, privilégiera un chant plus mélodieux et surtout les claviers de son leader et principal compositeur André Andersen. En effet, les titres qui composent ce nouvel opus seront plus accessibles, moins épiques et grandiloquents que sur
Paradox.
Comme je le précisais plus haut, André Andersen (le producteur et fondateur du groupe), ce coup-ci mettra encore plus en avant ses claviers et cela, au détriment des autres instruments, dont un mix plus lisse, voire clean et moins équilibré que sur les albums précédents, ce qui changera considérablement le son de
Royal Hunt.
Passons aux sept titres qui illustrent cet album. Le démarrage du titre éponyme se fera tout en progression, à commencer par une longue introduction narrée, agrémentée d'angoissants cris et hurlements de loup, soutenue de claviers et orchestrations montant crescendo, pour enfin laisser libre cours à une instrumentation alternant riffs de guitares martiales, claviers pompeux et chant puissant et harmonieux. Une première chanson, dont le final s'enchaînera et s'imbriquera parfaitement à "Faces of
War" (la piste suivante) qui de prime abord se distinguera par un chant plus rageur (fougueux) et accentué de claviers massifs, agrémenté de subtiles notes de guitare, dont un solo lumineux signé Jacob Kjaer.
Parmi les titres les plus réussis et captivants de l'opus, nous aurons droit à la magnifique "
Cold City Lights" aux variations de claviers et au chant judicieusement placé, mais aussi et surtout deux longues pièces de
Power Progressif néoclassique de choix. À commencer par le mélodieux et rythmé "
Lies" doté d'un refrain fédérateur et répétitif des plus jouissifs. Le deuxième sera le majestueux "Sea of Time" un mid tempo paré d'une orchestration et de nombreuses notes de clavier pompeux, dont un break central suivi d'un solo en duel guitare / clavier particulièrement efficace et tout à fait idéal pour terminer un album.
Avant de conclure, j'évoquerais bien l'énergique "
Voices" et son tempo relevé agrémenté d'accélérations bien senties accompagnées d'un chant plus grave et affûté, ainsi que la belle et très mélodieuse power ballade "Follow Me", qui débutera doucement sur un chant langoureux et délicat, montant crescendo sur des vocalises puissantes et harmonieuses des plus bluffantes, nous montrant une fois encore quel extraordinaire et talentueux chanteur est
John West.
Fear annoncera le début d'une nouvelle ère dans l'histoire très mouvementée de
Royal Hunt et sera l'instigateur d'un succès redoublé et du franchissement d'une nouvelle étape dans l'orientation musicale de notre quintet danois. Une belle réussite constituée de 7 titres, qui trouveront facilement leur place lors des concerts du groupe, dont une tournée mémorable en 1999.
Ce nouvel album se posera donc comme celui de la transition entre le
Royal Hunt issu de cette fin de siècle et celui du nouveau millénaire à venir et parviendra sans problème à maintenir le groupe parmi les outsiders du genre
Power Progressif aux touches
Hard Rock mélodique évidentes, et cela, sur du long terme.
"une tournée mémorable en 1999 qui passera par le Japon et qui donnera naissance à un merveilleux et captivant album live, intitulé Double Live in Japan."
Heu non, ce live n'est que la re-édition du live "1996" avec Cooper au chant.
Le live officiel suivant sera le concert où Paradox est joué dans son intégralité, disque rajouté dans le coffret "the final chapter" sorti juste avant le départ de DC Cooper. Et toujours pas de John West au chant, evidemment. Il faudra attendre 2006 la tournée Paper Blood pour voir West chanter en live...
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