En ce milieu des 90’s, le Black
Metal a explosé, ravissant le trône du
Metal extrême au Death principalement grâce à la déferlante norvégienne. La Suède tente tant bien que mal de tenir la dragée haute à son omnipotent voisin, grâce principalement à
Marduk,
Dissection ou des petits nouveaux pointant le bout de leur nez tels
Setherial et
Dark Funeral. L’œil avisé (quand il ne signe pas des conneries comme Daemonium ou
Neolithic) de Christian Bivel a également repéré un jeune combo suédois fort prometteur nommé
Sacramentum. Il réédite le mini
Finis Malorum avant de leur offrir un deal pour leur premier album.
Niklas “Terror” Rudolfsson (batterie), Anders Brolycke (guitare) et Nisse Karlen (basse/chant) bénéficient en été 1995 du travail d’orfèvre du célèbre Dan
Swanö, musicien émérite au sein de
Edge Of Sanity et également ingénieur du son de renom dans son antre du Unisound Studio.
Visuellement le trio frappe tout aussi fort, faisant appel au talentueux Kristian Whalin, plus connu sous le nom de Necrolord et auteur de la fantastique pochette de In the
Nightside Eclipse (
Emperor). La similitude entre les deux travaux est édifiante, on y retrouve les mêmes teintes bleutées et cette atmosphère sombre et embuée. Ainsi débarque
Far Away from the Sun au printemps 1996, accompagné par une promo conséquente de Adipocere qui n’hésite pas à afficher des encarts un peu partout et mettre des titres sur les samplers de l’époque, et aidé aussi par le buzz qui veut que
Sacramentum soit le digne héritier des défunts
Dissection.
Et c’est vrai que
Far Away from the Sun rappelle beaucoup la musique du combo de Jon Nödtveidt, c’est à dire un Black
Metal avec quelques riffs appuyés proches du Death
Metal et toujours un côté mélodique sous jacent. Le chant arraché et inquisiteur de Nisse Karlén n’est pas non plus sans rappeler celui du défunt Jon. Cela dit même si la comparaison est inévitable, réduire
Sacramentum au rang de simple clone de
Dissection serait dévalorisant pour leurs travaux tant une personnalité propre émane de
Far Away from the Sun.
Cependant un autre point commun de taille (et qui a contribué à l’amalgame) est l’enregistrement de FAFTS au Unisound Studio de Dan
Swanö, pourtant le son à la fois titanesque de l’album de
Sacramentum est bien différent de celui clair et précis de Storm of the Light’s
Bane. Musicalement aussi des différences notables apparaissent, là où la musique de
Dissection est fréquemment aérée par de la guitare acoustique,
Sacramentum relâche plus rarement la pression et avance au gré du matraquage intensif de Niklas Rudolfsson,
Blood’s
Kiss ouvre d’ailleurs l’album sur une partie furieuse sans la moindre intro.
Le trio suédois emporte l’auditeur dans son monde « très loin du soleil » avec leur Black / Death mélodique tourbillonnant et imparable, chaque riff s’imprime à l’encre indélébile dans le cerveau du Metalhead, le premier du morceau éponyme est un modèle du genre.
FAFTS c’est l’équilibre parfait entre agressivité et mélodie, à l’image de
Blood Shall Be Spilled débutant par un linéaire Black à la tierce remarquablement mélancolique pour enchaîner dans une frénésie Black / Death cataclysmique, tout en gardant ce côté mélodique omniprésent. De plus, à l’écoute notamment de When
Night Surrounds Me, Anders Brolycke et les siens ont gardé indéniablement quelques racines du Black
Metal plus ancien, on y retrouve notamment ce côté épique du
Bathory Viking.
Chaque chanson est un pur régal, ce qui fait que le chroniqueur je suis est bien embêté pour en mettre une en avant plus qu’une autre, d’ailleurs pas le moindre titre bouche-trou à signaler, juste un ensemble homogène dans sa perfection… Cependant j’extrairai tout de même l’hypnotique Obsolete Tears et la percutante The Vision and the
Voice qui tirent un peu plus ce magnifique opus vers le haut.
Voilà comment sans révolutionner le style ni verser dans l’expérimental ou l’original à tout prix,
Sacramentum aura réussi à nous sortir un intemporel qui fait l’unanimité, reconnu aussi bien chez les blackeux que les deathsters, et même en dehors du cercle
Metal extrême : la marque des très grands.
In the Name of
Satan,
Blood Shall Be Spilled
Mighty Name of
Satan,
Blood Shall Be Fucking Spilled
BG
Avé Sacramentum !
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