Liste des groupes Metal Symphonique Evereal Falling Down

Il est des projets artistiques qui, loin de suivre un chemin tout tracé, emprunteraient des voies alternatives des plus inattendues, qui en redéfiniraient le contenu. Et celui de ce combo canadien basé à Vancouver serait du nombre. Ainsi, créé par le guitariste/claviériste/programmeur Stephen Roberts en 2011, et déjà à la tête d'un introductif et encourageant album full length éponyme sorti 6 ans plus tard, le groupe ne réenclenchera les machines qu'en 2020, et ce, à l'instar d'un modeste EP 4 titres dénommé « Falling Down », sorti, tout comme son aîné, chez le puissant label allemand 7Hard. Le temps pour nos valeureux gladiateurs de réaliser deux singles (« I Bleed » et « When You're Gone », début 2020), peaufiner leur ingénierie du son, affiner leurs compositions et procéder à quelques remaniements de leur line-up. C'est donc à pas de loup, mais non sans armes efficaces pour assurer sa défense, que le collectif nord-américain revient dans les rangs ...

A bord de la petite goélette, aux côtés de Stephen, nous accueillent désormais : Alicja Moniatowicz (Foreverescence), en remplacement de Stephanie Neufeld, en qualité de frontwoman ; Gord Esau à la basse ; Nelson Bennett (Foreverescence), en lieu et place de Rob Queen, à la batterie. De cette fraîche collaboration naît un message musical rock'n'metal mélodico-symphonique gothique et progressif, à la fois volontiers offensif, un poil énigmatique et pétri d'élégance, dorénavant dénué de l'empreinte dark gothique de leurs premiers émois. Aussi, la galette nous renverrait-elle essentiellement aux vibes de Lacuna Coil, Evanescence, We Are The Fallen, Delain, Within Temptation et Angelical Tears. Bénéficiant d'un mixage bien ajusté entre instrumentation et lignes de chant, pourvues d'un enregistrement de bon aloi, et en dépit de finitions restant à parfaire, les quatre pistes autorisent une écoute d'un seul tenant des 17 minutes de la menue rondelle.

Comme il nous y avait sensibilisés à la lumière de son précédent effort, le quartet canadien serait doté de cette rare habileté à concocter ces séries d'accords qui longtemps galoperont dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le pavillon. Ainsi, sous couvert d'un infiltrant cheminement d'harmoniques, c'est d'un battement de cils que le tubesque mid tempo symphonico-progressif « Falling Down » impactera l'aficionado de Delain, We Are The Fallen et/ou Angelical Tears. Rivée sur une ligne mélodique certes prévisible mais quasi imparable, plaçant sur notre chemin un break opportun et prestement balayé par une bondissante reprise sur la crête d'un refrain catchy, enjolivée par les claires et puissantes inflexions de la sirène, la pimpante et tonique proposition ne se quittera pas sans éprouver de tenaces regrets...

Lorsqu'elle opte pour un regard symphonique gothique, la troupe générerait, une fois de plus, la petite étincelle apte à retenir le chaland plus que de raison. Ce qu'illustre le single « I Bleed », enivrant mid tempo aux riffs épais et à la basse vrombissante, à la confluence de Lacuna Coil et Evanescence. Voguant sur des couplets bien customisés relayés chacun d'un entêtant refrain, ne relâchant que rarement la pression, l'entraînante offrande se double des suaves et pénétrantes volutes de la déesse, aux faux airs de Cristina Scabbia. Dans cette veine, on ne saurait davantage éluder « When You're Gone », ''lacuncoilesque'' et efficace mid/up tempo aux riffs effilés et sous-tendus par de délicats arpèges au piano et un fin legato à la lead guitare. Autre gemme à mettre au crédit de la formation canadienne...

Quand ils ralentissent un tantinet la cadence, nos compères révèlent, là encore, de séduisants atours. Ainsi, au carrefour de Lacuna Coil et Within Temptation (seconde période), décochant de profonds et métronomiques coups de tambour corrélativement à des riffs crochetés, le félin mid tempo « Never Enough » se pare simultanément d'enchaînements couplets/refrains ultra sécurisés. En dépit d'une sente mélodique peu oscillatoire, tant les grisantes séries d'accords échafaudées que les troublantes modulations de la belle renforceront le sentiment d'être aux prises avec une pièce incontournable de l'échiquier. Et ce ne sont ni le bref mais seyant solo de guitare ni la qualité des arrangements instrumentaux qui nous feront lâcher prise, loin s'en faut.

Loin de la fibre dark gothique accolée à ses premières mesures, c'est au cœur d'un luxuriant et prégnant paysage de notes d'obédience mélodico-symphonique gothique que nous plonge dorénavant le combo canadien. Aussi, effeuille-t-on un set de partitions aussi fringant que pulsionnel, un brin évanescent, éminemment chargé en émotions, transpirant la féconde inspiration atmosphérique et mélodique de ses maîtres d'oeuvre. On aurait peut-être espéré un musical musical empreint d'un zeste d'originalité, infiltré par l'une ou l'autre joute oratoire, variant plus largement ses exercices de style, et une ingénierie du son un poil plus rutilante pour une mise en relief optimale de la menue rondelle. S'il ne s'éloigne que rarement des sentiers battus, le combo développe néanmoins un son et nombre d'harmoniques qui aujourd'hui lui sont propres, conférant ainsi à son propos une certaine épaisseur artistique. Bref, un retour certes à pas de loup mais des plus frissonnants...