Liste des groupes Heavy Metal Wizard (GER) Fallen Kings

Les hasards du calendrier, et, accessoirement, le bon vouloir dont les maisons de disques font preuve en nous envoyant les prochaines sorties en exclusivité, auront fait atterrir sur mon bureau ce Fallen Kings, onzième album des Allemands de Wizard, en même temps que le Realm of Tales de leurs compatriotes de Custards. Présentés tous deux, dans leur dossier de presse respectif, comme la nouvelle sensation, au choix, petit a, ouvrez les guillemets, "du Phénomène teuton du Heavy Metal Old school" ou, petit b, ouvrez à nouveau les guillemets, "des maîtres allemands du VRAI Heavy Metal", ces deux brûlots, autant le dire, n'auront pas eu le même écho en moi, l'un étant beaucoup plus réussi que l'autre. Mais n'allons pas plus loin dans la comparaison de ces deux disques sous peine de devenir inutilement cruel.

Enregistré au Steel Studios de Bocholt, mixé par Achim Köhler (Amon Amarth, Brainstorm, Primal Fear...) et affublé d'un artwork d'Aldo Requena (Feanor, Black Majesty, Paragon...), ce Fallen Kings sort après quatre longues années d'un silence qui s'était installé alors que les dernières notes de Trail of Death s'étaient tues. Evidemment c'est long. Cela dit, je ne suis pas loin de penser qu'une telle rareté est aussi ce qui permet au Heavy Speed Power Metal épique de ce collectif germain de ne pas lasser et de ne pas tarir sa source contrairement à certains scandinaves; sans doute, un peu trop omniprésents.

Démarrant de manière vive et enlevée, dans une vision très proche de celle d'Hammerfall, avec de temps en temps, quelques inspirations à chercher plutôt du côté de Powergod, cette première piste, Liar and Betrayer, nous séduit d'emblée. Tout comme d'ailleurs le véloce White Wolf, ce You're the King très âpre à l'accélération superbe après qu'un premier passage plus posé ne nous ait accompagné durant presque deux minutes ou comme ce The King particulièrement rapide. Let Us Unite, peut-être le meilleur morceau de ce méfait, est particulièrement intéressant dans sa construction et dans cette espèce de tension nerveuse qu'il met remarquablement en avant.

Très enthousiasmant lorsque le quintet de Bocholt use de cette vitesse propre au genre qu'il défend, il n'en deviendra pas moins attachant pour autant dès lors qu'il se décidera à ralentir un peu (et j'ai dit "un peu") la cadence. Seul We Are the Masses vraiment trop lourd et lent, dans lequel, de surcroit, on ressentira, un peu trop ces accents américains (Manowar...), viendra quelque peu briser l'élan induit par le dynamisme du reste de ce disque. Peut-être que placer cette chanson en fin d'album eut été, aussi, plus judicieux plutôt qu'ainsi en seconde position.

Au-delà de ça, notons également que ce disque est totalement dépourvu de ballade. Une aubaine lorsqu'on se souviendra à quel point Wizard n'aura pas toujours brillé dans cet exercice.

Evidemment, ici encore, les adeptes convaincus de l'évolutionnisme hurleront au conformisme tant, une fois de plus, Wizard n'aura pas fait évoluer son propos d'un iota. Si, très honnêtement, il sera difficile de leur donner totalement tort, on pourra néanmoins leur rétorquer qu'il y a chez ces Allemands une sincérité, et un sens de ce qui est "épique", qui n'existe pas toujours chez les autres. Et ce, même quand ces autres le revendiquent. Et que, de surcroit, Sven D'Anna (qui, soit dit en passant, fait une fois encore ici un excellent travail) et ses petits camarades n'ont jamais prétendu être à même de bouleverser le paysage au point de devoir rebaptiser des genres de manière artificielle et ridicule.

Bref, Fallen Kings est classique. Terriblement classique. Mais il est efficace. Terriblement efficace. Et c'est très bien ainsi.