Si l'art s'égare parfois dans les sinueuses travées d'esprits torturés, donnant ainsi naissances aux fantasmes les plus progressistes de ses créatifs les plus volubiles, il demeure davantage encore emprisonné dans un confortable pragmatisme routinier. Cette incarcération est si commode que bien souvent nulle excitation insolite ne peut venir perturber la quiétude paisible d'émois conformes et ordinaires.
Nul doute que nombre d'entre vous sauront se contenter de l'expression artistique de ces Allemands. Nul doute qu'il ravira ceux qui, peu embarrassé par le conservatisme d'une musique Heavy Speed
Metal épique très inspiré à la fois par
Manowar et à la fois par la scène germanique, sauront se satisfaire de ce nouvel effort de
Wizard. Ils y retrouveront, bien évidemment, l'expression de tous les stigmates d'un genre aux serments tacites respectés. Mais aussi les murs de ces lacis érigés sur les imprécations parfois véloces, parfois moins, de titres enlevés qui sans double grosse-caisse seraient quasiment nus (...Of Wariwulfs
And Bluotvarwes aux parfums très symptomatiques de ceux de
Powergod dans lequel Snoppi Denn frappe presque sans relâche ses doubles croches, Undead
Insanity et son refrain sans doute un peu trop répétitif, l'intéressant
Sign of the
Cross, Hagen
Von Stein). Ils y retrouveront enfin, et surtout, des émois connus qui, sans aprioris malvenus, seront très appréciables.
Wizard n'est donc assurément pas le moins traditionaliste. Il n'est toutefois pas non plus le moins captivant. De telle sorte que le plaisir coupable né d'une telle débauche conformiste demeure suffisamment appréciable pour ne pas lasser un auditoire pourtant aguerri à ce genre d'exercice.
Il faut cependant noter que si aucune ombre ne vient ternir une fresque aussi familière, quelques trop rares moments subrepticement insolites viendront même soudainement l'illuminer.
Au chapitre de ces surprenants étonnements infimes, notons le préambule du pourtant très classique
Taste of Fear aux fragrances d'un
Grave Digger très marquées et aux refrains ultra conventionnel. Un prélude qui dans une quiétude inhabituelle vient délicieusement s'empaler sur un riff acéré et sur les chants soudainement excessivement agressif de Sven.
Evoquons également
Messenger of Death qui de son Heavy
Metal plus posé, et de ses refrains remarquables, nous surprend de par une certaine lenteur pesante jusqu'alors insoupçonnée. Une attitude moins prompte et plus flegmatique que l'on ne retrouvera que sur Hearteater.
Tout, ou presque, sur cet album n'est donc qu'exaltation, vélocité, frénésie. Le moindre détail y transpire un héroïsme qui, le bras levé l'arme à la main, demeure communicatif mais sans variations suffisantes à transformer nos plaisirs indéfectibles en plaisirs inoubliables. Un classicisme assumé dont il faudra être conscient mais qui, après tout, saura contenté les passionnés qui, comme votre modeste obligé, ont été nourris de cette culture et de ce conformisme germanique.
Merci pour ta réponse.
Pour ceux que je connais, l'album "Odin" est nettement en dessous, trop typé power pour moi.
Vivement l'écoute du dernier (veinard!).
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