Une pénétrante lumière céleste nous parvient d'une terre bulgare encore frileuse, domptant depuis peu les codes d'un metal symphonique à chant féminin on ne peut plus concurrentiel. Et ce, à l'instar d'une jeune formation sofiote créée en 2010 par l'angélique soprano, violoniste et claviériste Stela Atanasova, ayant elle-même écrit, composé et arrangé les orchestrations de chacun des 5 titres du présent EP, succédant à 3 singles sortis un an plus tôt. Assistée dans son projet metal mélodico-symphonique gothique d'influence celtique par Krastyo Jordanov (chant, guitare et flute), Kostantin Uzunov (basse),
Angel Kitanov (claviers) et plus récemment par Grigor Kostadinov (guitare) et Blackie (batterie), elle nous livre une œuvre énergisante, délicate et originale, où se mêlent harmonieusement la majesté du classique, la légèreté du folk, la puissance du metal adjoints à une omniprésente et magnétique empreinte lyrique. Ce dont l'artwork aux subtils contrastes de couleur est la parfaite illustration, nous invitant dès lors à parcourir les 27 minutes d'une production soignée, à commencer par le mixage, signé Manuele Pesaresi (Dyne
Engine Studio, Italie).
Dans une première salve, on ne pourra esquiver quelques moments pris sur le vif, dans une logique propre à les retrouver un jour ou l'autre dans les charts. Ainsi, l'entraînant mid tempo «
Fallen Angel in the Hell » donne le la, calé sur une souple rythmique et des harmoniques bien amenées, à mi-chemin entre
Within Temptation,
Stream Of Passion et
Lyriel. On entre sans attendre dans la danse sur d'envoûtants couplets relayés par des refrains d'une fine mélodicité que l'on entonnerait à tue-tête, servis avec brio par les fondantes envolées de la charismatique déesse. Lorsque se déversent les ondulations en cascade du violon, secondé par un joli solo de guitare, sur un petit pont, on est pris par la magie de l'instant fragile. Rapidement repris sur la crête du refrain, on ne pourra que difficilement contenir une émotion à la volée sur ce fringant brûlot. Enfin, une nette césure rythmique fait place à un beau dégradé de l'intensité sonore sur fond de douces vocalises, finitions témoignant de la maîtrise de son sujet par le collectif. On comprend que ce morceau joue déjà dans la cour des hits en puissance, que l'on se repasserait volontiers en boucle. Mais il n'est pas le seul dans cette mouvance. Le tubesque «
Crying of the Sun », quant à lui, s'offre comme un tourbillon de saveurs exquises, jouant sur la force émotionnelle qu'il véhicule et communique sans avoir à forcer le trait. Un duo mixte en voix de cristal ajoute à la magie de l'instant posé, qu'un fougueux violon vient par moments interrompre. De plus, une subtile combinaison entre metal symphonique, progressif et folk se fait jour, nous faisant comprendre que l'on se libère partiellement des codes du genre. Chapeau bas.
Par ailleurs, le combo joue sur les contrastes pour tenter de nous rallier à sa cause, et là encore, la sauce prend, mais différemment. D'une part, de sensibles arpèges au piano introduisent et accompagnent le dynamique et rayonnant «
Slaves of the
Night », dans la même veine stylistique que « Falling
Angel in the
Hell ». Comment résister à l'appel de la sirène sur l'ensemble d'une plage empreinte de félicité mélodique, que des riffs écorchés vif corroborent, rendant le moment plus offensif et poignant que prévu ? Un break technico-mélodique où flamboie un solo de guitare dans une ambiance ensoleillée se fait progressivement happer par la puissance dévastatrice du refrain, immersif à souhait, sur une piste où le Ying et le Yang s'imbriquent parfaitement. Un rendez-vous avec les anges marchant sur la braise, en quelque sorte, qu'on prolongera à loisir. D'autre part, une graveleuse guitare entame le vitaminé «
Immortal Metal Wings », déployant des nappes synthétiques enveloppantes accolées à de sensibles gammes au piano, avant que n'arrive le frondeur convoi orchestral. De délectables couplets mis en exergue par les fines oscillations oratoires de la belle enchaînent sur des refrains non moins infiltrants que ceux de ses voisins. Une cohésion instrumentale indéfectible se dégage de cette mer houleuse qui, parfois, se fait sereine. C'est dire que l'accroche s'opère d'un battement de cils, sans pour autant avoir cédé à la facilité d'accords convenus, loin s'en faut.
Enfin, une touche folk plus marquée imprègne le vrombissant et enivrant « Ship of Shadows », illuminé par les violoneuses modulations et magnifié par les claires et vibrantes patines de la maîtresse de cérémonie. Dans le sillage harmonique de
Leaves' Eyes, avec un zeste de
Lyriel, ce passage recèle de nombreuses variations, des arrangements de bon aloi, quelques effets de surprise, sans jamais nous égarer de l'élégant chemin mélodique emprunté. Une gourmandise de plus pour les pavillons en quête de volupté et d'un soupçon d'originalité.
Au final, pas un seul incident de parcours n'entame cette proposition, qui place déjà les jeunes Bulgares parmi les valeurs montantes du metal symphonique à chant féminin. Ainsi, une ronde des saveurs s'offre à nous et qui a pour corollaire le talent de chacun des membres de cette valeureuse formation. Diversifié, émoustillant, harmonieux, original, cet effort transpire une fertile inspiration de la part de la fondatrice de ce projet, qui, à l'aune de ce set, s'annonce à long terme. Les fans des références sus-citées pourront à leur tour être conquis par la ferveur et l'envoûtement procurés par l'atmosphère de ce message musical. Selon votre humble serviteur, quelque chose nous donne à penser que nos acolytes reviendront sous peu avec, dans leur escarcelle, un album longue durée de même acabit. Bref, un groupe à suivre de près, de très près...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire