Pourtant leader incontesté du deathmetal et du grindcore dès la fin des années 80’s, grâce à la révélation de
Napalm Death,
Carcass,
Morbid Angel,
Bolt Thrower ou
Entombed, le label emblématique Earache Records se désintéresse progressivement de ce style extrême au milieu des nineties, perdant peu à peu tous ses groupes de la première heure, à l’exception de
Morbid Angel. Depuis quelques années, l’écurie britannique se réconcilie toutefois avec cette scène abandonnée pour un temps, signant tour à tour
Hate Eternal,
Decapitated,
Anata,
Deicide,
Blood Red Throne et
Severe Torture, certains sous la coupe de la division
Wicked World dirigée par Dan Tobin, le bras droit de Dig Pearson.
Transfuge du label
Hammerheart Records tout comme
Blood Red Throne,
Severe Torture est connu quant à lui pour son brutaldeath particulièrement gras, passerelle idéale entre le deathmetal façon
Cannibal Corpse et une approche du style plus moderne. A l’image de l’illustration bien plus subtile que les dessins effroyables de ses précédents efforts, le quatuor néerlandais décide alors de ralentir sensiblement la cadence pour son troisième album, doucement baptisé
Fall of the Despised. Bien que la tonalité reste foncièrement brutale, le groupe aère en effet davantage ses compositions, qui gagnent de fait judicieusement en dynamisme.
Si son schéma peut paraître assez classique au premier abord,
Fall of the Despised regorge aussi de ces petits plus et de discretes mélodies, qui apportent une coloration à chaque morceau, pour citer le riff d’intro direct & entêtant du génial Consuming The
Dying, la fin tout en finesse du tout aussi mémorable
End Of Christ, ou encore l’instrumental éponyme qui clôture l’œuvre sur une note acoustique fort bienvenue.
Outre son riffing rapidement reconnaissable,
Severe Torture possède deux atouts imparables se nommant
Seth Van De Loo et Dennis Schreurs, respectivement batteur et growler de la formation batave. Le premier livre comme à son habitude une prestation désarmante derrières les fûts et offre une structure en béton armé, tandis que le second renverse tout autant avec son chant gras unique, apte à décoller n’importe quelle tapisserie des murs. Ainsi, non seulement le quatuor devient plus percutant en abaissant globalement le tempo, mais il conserve aussi ses caractéristiques principales qui lui confèrent toute sa personnalité.
Idéalement mis en boite aux fameux studios
Excess d’Andy Classen (ayant produit
Gorefest ou
Krisiun), dotant les guitares d’un son massif et équilibrant impeccablement le tout,
Fall of the Despised allie brutalité et finesse à la perfection. Sans représenter un tournant radical (loin de là), le disque se pose comme l’album marquant dans la discographie de
Severe Torture, qui franchit ici un nouveau palier et semble s’assurer un avenir prometteur au sein d’Earache Records. Une réussite.
Fabien.
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