L’affiche sur le papier promettait d’être des plus alléchantes, et ce surtout au vu du casting de ce que, à l’époque, on nous décrivait comme le premier Super-Groupe français. Un Supergroupe étant un collectif dont la plupart des musiciens ont déjà connu une certaine renommée. Imaginez plutôt pour les premiers rôles, Farid Medjane à la batterie et Frédéric Guillemet à la basse, deux ex-
Trust dont la reformation passagère et la promesse d’un nouvel album s’éloigne de plus en plus laissant à "En attendant", dernier opus du groupe à Bernie, un goût de "En définitive". On trouve ici aussi Fabien Gevraise à la guitare, un ex-
Jinx dont le dernier fait d’arme est un EP sortis en 1988 répondant au titre de "Rockin’ Band". Deux seconds rôles, illustres inconnus, en la personne de Rémy Laëron au chant et Gilles Villeroy aux claviers viennent compléter la distribution. Ce projet, initié en 1990, a dans l’idée de s’imposer dans la durée, et après une avant-première à l’hippodrome de Vincennes, au
Monsters Of Rock avec, excusez du peu,
Whitesnake,
Aerosmith,
Faith No More,
Poison, Quireboys et The Front;
Face to Face s’éclipse afin de mettre en scène sa première œuvre. Il faudra attendre 1992 pour que cet album éponyme soit enfin sous nos yeux.
Le scénario en est assez simple. Il s'agit d'un mélange de Heavy Rock aux accents US, aux influences Rock et dont l’acteur le plus éclatant à l’écran est le groove.
Au-delà de certains passages magnifiques, tels que "State of
Shock" crescendo Heavy/Groovy où la voix éraillé et solide de Rémy Laëron témoignant d’un ahurissant talent monte en puissance au fur et à mesure que le morceau nous dévoile l’intensité du message délivré, tels "
Dark Lady" ballade dégoulinante d’un feeling étonnant qui fait de cette chanson une vraie réussite, et de quelques autres plutôt bon, sans être extraordinaire, comme "Boogie
Nation" et son riff d’intro au cadrage southern, "
Wanted" et "People and
Land"; l’ensemble reste assez disparate et surtout assez anecdotique. Pourtant les musiciens sont de talents et les idées sont là, mais les compositions, malgré des qualités indéniables, restent trop hétéroclite pour réellement mener l’intrigue vers des sommets. Le manque d’homogénéité de ce groupe et de cette première réalisation aura mis assez vite fin au suspense.
De plus la production un peu bancale, où la batterie est mise très en retrait, avec une sonorité étrangement basse et lointaine, suffis à nous faire comprendre pourquoi le public restera sourd aux quelques atouts de ce disque.
La seule véritable bonne surprise, révélation de cet album, c’est le talent incroyable de Rémy Laëron qui, à lui seule, arrive à rendre l'œuvre attrayante à quelques rares instants. Son chant est prodigieusement inspiré et il est le seul qui mérite, sans aucun doute, d’être nominé comme meilleur espoir de sa catégorie. Il sait admirablement faire varier sa voix et l’adapter aux différents découpages des titres. Tantôt Heavy aux rugissements rugueux et aigus excellents, tantôt poignante en ces méandres où l’émotion et le groove sont au comble de leur intensité, il n’est jamais pris à défaut, et chacune de ces interventions est juste et judicieuse.
Face to Face est donc un album qui souffre d’un manque de cohésion, où les morceaux fourmillent d’idées plutôt intéressantes à la base, mélangeant différentes influences musicales assez variées, mais qui, justement, finissent par accentuer encore un peu plus ce sentiment confus et déroutant qui nous étreint. Cette diversité, au demeurant attirante, est exploitée de manière bien trop hasardeuse pour ne pas laisser perplexe. Perplexe et surtout totalement perdu. Dommage.
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