Deux ans après un premier album éponyme vertueux, mais bien trop disparates et décousus, défendant une conception intéressante, au son d’une musique pleine de groove, pleine d’influences variées allant du Heavy Rock au Rock pour une œuvre attachante mais déconcertante,
Face to Face, bien déterminé à ne pas agoniser sans cesse sous les feux nourris de détracteurs armés de reproches pas totalement immérités, ou pire face à la mutilante indifférence, décide de remonter en premières lignes, sur le front d’une bataille qu’il sait âpre, et sans doute perdu d’avance. Renforçant ses troupes tombées aux combats par d’autres valeureux soldats, il nomme de nouveaux vétérans pour reprendre le rude assaut. Ainsi Christian Namour, à la batterie, et Hervé Raynal, à la guitare, auront la lourde tâche, désormais, de défendre les positions des Parisiens dans ce conflit. Pour se faire l’offensive paraît encore la meilleure stratégie.
Face to Face va donc armer son bras vengeur d’un Heavy aux relents Thrash très prononcés, ou peut être d’un Thrash au léger goût de Heavy. La distinction paraît très ténue et, encore une fois, va sans doute condamner le groupe à un désavantage fatal. Effectivement de cette attaque, pourtant bonne, nul ne saura réellement définir une musique néanmoins attrayante.
Plus assez Heavy pour les uns, pas assez Thrash pour les autres, la section
Face to Face avance en reconnaissance dans les brumes étranges d’un terrain périlleux.
Toutefois cet opus ne manque pas d’intérêt. La lourdeur pesante et sombre de certains riffs donne à quelques-unes des cartouches de ce mitrailleur une obscure atmosphère malsaine. Conjugué aux talents immensément ahurissants de son chanteur, ces tirs annihilent tous espoirs d’un adversaire perdu dans la boue poisseuse de cette sale guerre. Ainsi les lenteurs désespérantes et délicieuses d’un titre tel qu'I, ou M.
Liar, dans lesquels Rémy excelle, anéantissant littéralement nos certitudes, sont admirablement troublantes. Sur ce champ de batailles aux allures de terre de désolation, partout la mort rôde. Insidieuse, visqueuse, étouffante elle s’empare de nos espérances et nous tourmentent dans les méandres de titres aussi bons que le rapide Hateful Child, qu’un Respect Yourself aux riffs introductifs accablant et où, à nouveau, ce chanteur donne toute la mesure de cette voix puissante et, pour le coup, très agressive, qu’un agréable Hill 304. Peu de choses auront manquées finalement pour que la charge soit victorieuse, et nul doute qu’avec des titres séduisants un peu plus efficaces et inspirés,
Face to Face aurait terrassé l’ennemi. Ces cartouches, ne blessant que bénignement les opposants, tels que Dance with Me Love,
Glory Day,
Salvation Dealers, enlisent indéniablement les Parisiens dans un album simplement moyen, voir bon. Au rang des munitions du groupe, l’instrumental 5657 et les très, sans doute trop, enjoué
Trash sont tout simplement vaines et perdues. Ratant leur cible, elles n’ont pas vraiment d’intérêt, et la dernière vient même passablement gâcher ce climat lourd, insalubre et délectable instauré jusqu’alors.
De cette bataille perdue,
Face to Face perdra encore de la crédibilité et continuera son chemin dans les tranchées de l’indifférence. Pourtant ce
Back to the Front sans gloire, sans génie, sans triomphe, reste une œuvre intéressante à bien des égards.
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