Nekrasov est un doux timbré. Je ne sais pas ce qu’ils prennent au petit-déjeuner en Australie mais ça doit être sacrément puissant. Et je ne vous parle même pas de toute la clique Black-Death à la
Bestial Warlust et
Diocletian qui y batifole….
Là c’est « juste » de Black
Metal dont il s’agit. Enfin quand je dis
Metal… Un peu, plus ou moins, peut-être, un petit coup d’œil au label qui a sorti la bestiole (Crucial
Blast, spécialisé dans les prods expérimentales
Drone/ Industrielle/ Harsh Noise/
Dark Ambiant etc…) suffit à comprendre qu’on ne va pas se farcir corpsepaint et TruekultNorvegianBlackMetal par pelletés de douze.
Extinction est un mystère, un monolithe de puissance psyché et ambiante qui mènent le jeu comme bon leur semble.
Extinction c’est tout d’abord des relents acides de Black
Metal aux guitares crues, des morceaux courts et violents embarqués à vitesse lumière par une BAR incontrôlée et inhumaine, des lignes de claviers mélodiques pâles et maladifs, le tout dans un enrobage synthétique sentant la rouille et le souffre. A peine si l’on perçoit le chant de l’Australien au milieu de cette saturation sonore étrange et dérangeante, tout sonnant comme d’énormes blocs malsains formés de beats technoïdes puissamment menés à l’instar de Chant the Name of
God in a Thousand Languages until all is
Blood and Feces (ça ne s’invente pas tout seul !) débitant un flot impressionnant de BlackNoise à l’impact destructeur.
Pourtant, alors qu’on s’attendait à la prochaine déflagration après deux morceaux d’ouverture expédiés en temps record (déjà plus beaucoup de neurones à ce stade-là), c’est un autre territoire dans lequel
Nekrasov nous emmène. Tout aussi désolé et noir, mais encore plus dangereux car révélant la face la plus abstraite d’
Extinction, ce sont des nappes suffocantes et assourdissantes qui viennent prendre le relais au sein de Matter is the
Bastard, atteignant un paroxysme d’intensité finale sur un Pre-fetal Non-mantra structuré à grand coup de
Dark Ambiant minimaliste au début, mais gagnant peu à peu en densité jusqu’à former un magma chaotique où s’entremêlent de puissantes boucles noise et des samples indus.
Parfois drones aussi, sur No Room for Liberation Found « here » or « now », la pièce finale viendra planter l’apogée visqueuse d’un album finement mis en place par l’alternance de ces deux parties indissociables, car s’équilibrant mutuellement. C’est néanmoins ce côté chaotique et Ambiant que l’on retiendra le plus de cette étrangeté musicale, les touches Black
Metal (qui n’en n’est pas vraiment) se fondant dans une masse compacte difficilement préhensible au début, mais qui parleront sûrement aux connaisseurs habitués à ce genre de sonorités bruitistes et psychés.
Surprenant et très différent du reste de la discographie de
Nekrasov, le meilleur sera encore à venir avec l’abandon quasi-total du Black
Metal pour des expérimentations cinglées de Harsh Noise et de
Dark Ambiant. En attendant,
Extinction est chaudement recommandable aux amateurs du genre.
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