Existentia

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17/20
Nom du groupe Hypersonic
Nom de l'album Existentia
Type Album
Date de parution 13 Mai 2016
Style MusicalPower Symphonique
Membres possèdant cet album9

Tracklist

1. The First Sound of Life (Principium) 07:50
2. The Eyes of the Wolf (ft. Michele Luppi) 05:26
3. As an Angel 06:57
4. Blind Sins (ft. Jo Lombardo) 05:54
5. Living in the Light 05:10
6. Embrace Me (ft. Roberta Pappalardo) 05:13
7. Love Is Pain (Heartbroken) 04:16
8. God's Justice 06:03
9. Life'n Death 05:52
10. Pilgrim's Path 02:42
11. Prayer in the Dark 05:19
12. The Meaning of... (Existence) 09:37
Total playing time 1:10:19

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Hypersonic


Chronique @ ericb4

11 Mars 2017

Un projet fleurant bon la maturité de ses gammes, où le génie créateur du combo sicilien désormais exulte...

Patience est mère de sûreté, dit-on... Un adage qui sied bien à ce quintet sicilien en provenance de Belpasso, revenu hanter les lieux pas moins de 5 ans suite à un pugnace et fringant « Fallen Melodies », premier album full length, lui-même ayant succédé à « Inspiration Is Transpiration », modeste mais prégnant EP sorti en 2008. Créé il y a tout juste 10 ans, sous la houlette conjointe du batteur et vocaliste Salvo Grasso et du guitariste Emanuele Gangemi, après quelques modifications de son line-up, le combo s'est stabilisé, incluant dorénavant dans l'équipe Alessia Rapisarda (chant), Francesco Caruso (basse) et Dario Caruso (claviers). De cette étroite collaboration a émané un travail en studio aussi opiniâtre que minutieux, pour nous proposer un propos power mélodico-symphonique gothique à la logistique soignée, où le mixage s'est avéré parfaitement équilibré entre instrumentations et lignes vocales. Un processus d'élaboration et de construction progressif qui n'a pas été sans effets sur la teneur argumentative de cette roborative livraison. En effet, c'est à un album de la démesure auquel s'est ici attaqué le collectif sud-européen, où s'égrainent 12 plantureuses pistes sur un parcours auditif long de 70 minutes d'un spectacle dantesque, riche en orchestrations, diversifié en arrangements, marquant à la fois une évolution stylistique et harmonique et un début de rupture avec quelques traces de leur glorieux passé. De quoi attiser notre curiosité et nous inciter à entrer dans le vaisseau amiral...

Comme pour signifier une distanciation par rapport aux classiques du genre, plutôt que de nous immerger dans les entrailles d'un laconique instrumental, le groupe s'est fait fort de nous projeter tout de go dans les arcanes d'une fresque d'introduction. Et ce, d'autant plus que celle-ci, de par son placement dans la tracklist, revêt une importance particulière pour le combo, celle d'une remise en question de ses propres fondements harmoniques. Calée sur une ample et prégnante ligne orchestrale, la plantureuse entame cinématique d'obédience power symphonique de l'opus « The First Sound of Life (Principium) », à elle seule, signe une scission par rapport à ce qu'a pu proposer le combo jusqu'alors, avec une utilisation plus significative du piano, plus opérante du champ organique, et une place plus largement dévolue aux inflexions féminines, ici moins estampées lyriques que rock. Sur une sente mélodique sécurisée, à mi-chemin entre Imperia et Delain, on traverse ce champ de pressions, mû par un riffing acéré arc-bouté sur une rythmique mid tempo resserrée, d'un seul tenant, happé par le spectacle qui se joue. Et à l'opus de s'achever comme il a commencé, avec une pièce de la démesure en substance. Ainsi, un savoureux sweeping à la guitare acoustique entame la fresque « The Meaning of... (Existence) », sculpturale et frissonnante plage à tiroirs déployant fièrement ses 10 minutes épiques d'obédience power symphonique aux relents pop-metal mélodique. A la croisée des chemins entre Lacuna Coil, Ancient Bards et Delain, c'est à un insoupçonné et délectable ballet instrumental auquel nous convie l'inspiré quintet sud-européen. Des clapotis au maître instrument à touches jouent à qui mieux-mieux avec de soyeuses nappes synthétiques. Au cœur de cette dense forêt instrumentale s'installe opportunément la maîtresse de cérémonie, contribuant à une confondante mise en exergue des couplets et des refrains, qu'il s'avère illusoire d'éluder dans cette débauche d'énergie et de somptueuses fragrances mélodiques. Peaufiné jusque dans ses moindres détails, comme pour boucler la boucle, le galvanisant voyage se clôture comme il a démarré, par un romantique et captateur guitare/voix masculine claire. Une pièce d'anthologie à mettre à l'actif du génie créateur...

Autre innovation, et de taille, dans l'oeuvre du collectif sicilien : l'intronisation d'un ou une émérite vocaliste, en duo avec la maîtresse de cérémonie, sur une cadence souvent effrénée et un tracé mélodique bien customisé. A Commencer par le véloce « The Eyes of the Wolf », n'ayant de cesse d'asséner ses frappes sèches et ses riffs sanguins, à la manière d'Ancient Bards, pour une prestation d'ensemble soufflante de brio. Secondée par la gutturale et puissante empreinte vocale de l'interprète italien Michele Luppi (Secret Sphere, ex-Vision Divine, ex-Thaurorod...), la déesse combine ses claires patines pour un rendu tenant toutes ses promesses. Au-delà de cette observation, un fuligineux solo de guitare relayé par d'intarissables rampes aux claviers renseignent sur le degré de technicité octroyé par le collectif sud-européen. Et la sauce ne tarde pas à prendre sur ce titre aux allures d'un hit en puissance. De même, sur un tempo cadencé, « Blind Sins » n'en oublie pas de se montrer mélodiquement avenant, distribuant alternativement couplets souriants et refrains immersifs, non sans rappeler Lacuna Coil dans son cheminement harmonique, avec un zeste d'Ancient Bards. Dans cette tourmente, le duo entre Alessia et Jo Lombardo (émérite et rocailleux vocaliste du groupe de power progressif italien Metatrone et également lead vocaliste chez Ancestral, valeureux collectif de power italien), plus troublant que jamais, ne ratera pas son effet. On subodore même qu'il en assignera plus d'un à résidence...

Par ailleurs, comme il l'a déjà démontré par le passé, c'est également la voie des charts qu'a également empruntée la sarabande, avec quelques réussites à la clé. Ainsi, un bombardement de blasts bien sentis corroboré à d'ondulantes nappes synthétiques inondent l'entraînant « As an Angel » qui, aux faux airs d'un Nightwish des premiers émois, avec un zeste d'Epica quant au déploiement de ses harmoniques, ne rencontrera que fort peu de résistances auprès d'aficionados de power mélodico-symphonique. De fines variations opportunément placées conjuguées à de saisissantes oscillations organiques, le long d'un cheminement mélodique des plus infiltrants, pour ne pas dire émouvants, engendreront une inconsciente addiction. Assurément un coup de maître de la part de nos cinq gladiateurs. Et comment se soustraire au magnétisme du refrain catchy du tubesque « Prayer in the Dark » sans éprouver quelques regrets ? Ainsi, à l'instar de ce fondant brûlot, on comprend que le combo a entrepris de ne plus rester dans l'ombre de ses homologues bien longtemps, délivrant ici un parfait équilibre entre délicate mélodicité, technicité éprouvée mais non ostentatoire, rutilantes harmoniques et lignes vocales passées au crible. Efficace et émouvant, cet incisif effort abondant en variations et changements de tonalité frappera fort et durablement ceux qui s'y se seront adonnés. Enfin, un récitatif en voix masculine introduit le frondeur « God's Justice », magmatique et engageante offrande power symphonique que n'aurait reniée ni Xandria, ni Epica. Brut de décoffrage, bourré de testostérones, ce tempétueux méfait se dote de ponts technicistes de fort bon aloi. Aussi solides qu'efficaces ces passages laissent filtrer moult arrangements d'une précision d'orfèvre et opportunément distribués. Autre indice révélateur d'une évolution du projet...

Sinon, le combo a surfé sur la vague des vastes champs de contrastes rythmiques, diversifiant ainsi toujours un peu plus son offre. Exercice déjà éprouvé et auquel il ne s'est pas montré maladroit, loin s'en faut. Tout d'abord, sur une rythmique syncopée à l'aune de l'offensif « Living in the Light », le duo mixte originel nous ramène aux vibes du précédent opus « Fallen Melodies ». Ce faisant, dicté par un synthé omniprésent et oscillatoire, le cheminement harmonique révèle quelques subtilités tout en laissant entrevoir de rigoureuses séries d'accords. Peu à peu, les frappes s'intensifient, l'ensemble ainsi coalisé finissant crescendo. D'autre part, sur une rythmique chaloupée, les déflagrations de riffs grésillants de « Life'n Death » ne sauraient nous désamorcer d'une plage aussi agréable que vivifiante. Accélérations et ralentissements sont au programme d'un acte haut en couleurs, finement entonné par nos deux tourtereaux. On regrettera peut-être les répétitives ondulations d'un synthé aux sonorités surannées. Enfin, mid/up tempo aérien et sulfureux, « Love Is Pain (Heartbroken) » livre toutefois quelques growls ombrageux, interrompant à peine le duo mixte dans ses heureuses et enjouées déambulations. Soudain, le convoi instrumental s'affranchit de ses chaînes pour venir nous chercher dans nos ultimes retranchements, accélérant d'un coup le rythme de son tapping. Ce virulent et incandescent effort laissera quelques meurtrissures dans les pavillons des impétrants.

Lorsqu'il s'était antérieurement adonné aux moments intimistes, le groupe nous avait habitués à quelques sulfureuses et délicates séries de notes, témoignant d'une rare capacité à nous émouvoir sans avoir à forcer son talent. Il réitère ici cette recette, sans nous en abreuver, à l'image d'un duo en voix féminines, fonctionnant en complémentarité dans un osmotique élan. Ainsi, une tendre romance nous est destinée sur « Embrace Me », subtilement mise en voix par Alessia et la jeune et talentueuse soprano Roberta Pappalardo (Astralium). Cette fondante ballade aux airs d'un slow qui emballe, par le truchement de ses accords effilés d'une rigueur scripturale peu commune, ne devrait rencontrer que bien peu d'obstacles pour nous rallier à la cause de la sarabande sicilienne. Au-delà de l'émotion suscitée, et bien qu'un poil convenue, cette enchanteresse ronde sera propice à une écoute en boucle jusqu'au bout de la nuit...

Est-ce à dire que nos cinq gladiateurs ont fait carton plein ? Pas tout à fait. Malgré tant de qualités, et une ambiance apocalyptique plutôt bien rendue, on reste circonspect quant à l'utilité du placement d'un bref récitatif musicalisé en plein cœur de l'opus. Aussi, sur « Pilgrim's Path », une pluie battante s'abat, ruisselle le long des caniveaux, inonde les pavés détrempés, nous poussant à entr'ouvrir une porte lourde et grinçante ensommeillée par le poids des années pendant que des cloches glaciales d'un vieil édifice religieux résonnent, étrange bâtisse où un mystérieux prédicateur semble nous annoncer une fin du monde prématurée.

A l'issue du parcours de la sculpturale et goûteuse galette, en dépit de cette petite bulle de remplissage, force est d'observer que le combo sicilien a témoigné d'une féconde et indéfectible inspiration, peaufiné sa production d'ensemble pour nous octroyer une œuvre vibrante, raffinée, propre, avec jusque ce qu'il faut de lissage pour ne pas tomber dans les travers d'une proposition trop aseptisée, en proie à un ennui prématuré. De plus, une palette étoffée relative à la diversification atmosphérique, rythmique, vocale, nous est adressée, avec une pointe d'originalité tant dans leur dissémination que dans la restitution de chacune des portées de chacune des partitions du méfait. Sans omettre les talents de mélodistes de leurs auteurs et compositeurs, déjà remarqués dans leurs précédentes livraisons, magnétisant une attention qui rarement s'affadit, et qui pourraient attiser la convoitise ou même la requête de bien de leurs homologues générationnels. Plus encore, une judicieuse complémentarité vocale, de sémillants plans technicistes, d'inédites et captatrices séries d'accords, de flamboyants, pléthoriques et savants arrangements passés au peigne fin renseignent à la fois sur un travail opiniâtre et affiné en studio et surtout sur le degré de maturité de ce projet.

Cet album de confirmation laisse manifestement entendre que l'on ne joue décidément plus dans la même cour que précédemment et l'on subodore que nos acolytes ainsi lancés ne s'arrêteront pas en si bon chemin. Selon votre humble serviteur, nul doute que nos cinq belligérants détiennent désormais la formule magique propice à un rapide recueil d'une large adhésion, notamment auprès d'aficionados de leurs illustres maîtres inspirateurs, mais pas exclusivement, les amateurs de rock mélodique ou de metal atmosphérique, gothique et mélodique pouvant également venir grossir les rangs de leurs aspirants. Assurément l'une des sorties les plus grisantes du millésime 2016 de ce registre metal, c'est dire...


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