Mû par un vent d'inspiration renouvelé doublé d'une sérieuse envie d'en découdre, le quintet argentin n'aura pas mis bien longtemps pour réinvestir les studios depuis son introductif et frémissant EP «
Erosion ». En effet, six mois à peine séparent ce premier bébé de son cadet, «
Evolution », un album studio où s'égrainent sept plages sur une bande auditive de 30 brèves minutes. Ce faisant, nos cinq belligérants disposeraient-ils de l'arsenal artistique requis pour offrir une farouche résistance face à leurs si nombreux opposants ?
Plus encore, cette seconde auto-production leur permettra-t-elle de rejoindre, sept ans suite à leur fondation, les sérieux espoirs du si couru registre metal symphonique à chant féminin ?
Dans cette deuxième croisière, nous convient désormais : Héctor ''Boff'' Serafine (Riff, ex-La Naranja) et Denis García aux guitares, Patricia Flores (
Tengwar) à la basse, Esteban Campos à la batterie, ainsi que Analía ''Anetta'' López (Oceanica, ex-
In Eternum), en remplacement de Majo Castro, en qualité de frontwoman. Avec l'occasionnelle et oratoire participation de Victoria García Reyes (
Denun) et de Brenda
Jezabel Cuesta (Cahnalet,
Bloodparade...) – déjà sollicitées sur le premier effort – suivies de Leyla Goi (guest chez
Black Side et Prognois), le combo sud-américain ainsi constitué nous immerge dans un univers rock'n'metal mélodico-symphonique gothique aux touches heavy et metal moderne. Aussi effeuille-t-on un propos à la fois enjoué, débridé et un brin romanesque, dans la veine de
Fortaleza,
Anabantha, Metalite, Volturian et
Nostra Morte.
A l'instar de son devancier, le méfait jouit d'une qualité de production de bonne facture. Coproduit par ''Boff'' et par Augusto Cantero, et mastérisé à son tour par Martín Toledo (
Ariadna Project,
Barilari,
Dragonfly,
Dream Master,
Guerra Santa,
Mastifal,
Skiltron...), ce mouvement n'accuse que d'infimes sonorités résiduelles tout en faisant montre d'une belle profondeur de champ acoustique. Une ingénierie du son aux petits oignons, synonyme d'une mise en valeur quasi optimale d'un set de compositions aux mélodies délicatement esquissées et le plus souvent avenantes, et à la technicité instrumentale aguerrie. Mais embarquons sans plus attendre à bord du navire, pour une traversée en hautes eaux que l'on espère parsemée de terres d'abondance...
Quand il nous projette sur une terre de lave en fusion, le collectif trouve à nouveau les clés pour aspirer le tympan sans avoir à forcer le trait. A commencer par « Dominated by Fear » ''anabanthien'' up tempo aux riffs crochetés. Doté de couplets bien customisés, relayés chacun d'un refrain, certes, déjà couru mais des plus engageants et mis en exergue par les chatoyantes inflexions de la sirène, et délivrant un flamboyant solo de guitare à mi-morceau, le ''tubesque'' élan ne se quittera qu'à regret. Dans cette dynamique, on ne saurait davantage esquiver «
Erosion », up tempo aux riffs acérés à mi-chemin entre
Anabantha et
Fortaleza ; pourvu d'enchaînements intra piste des plus sécurisants et générant une énergie aisément communicative, le rugissant manifeste incitera à n'en pas douter le chaland à un headbang bien senti et quasi ininterrompu. On retiendra encore le pulsionnel et ''fortalezien'' «
Beyond the Sky » tant pour les troublantes ondulations de Leyla Goi que pour son pont techniciste nourri de tourbillonnants gimmicks guitaristiques et de truculentes rampes synthétiques.
Sur un même modus operandi mais dans une visée plus moderniste, la troupe ne s'est guère avérée plus malhabile, loin s'en faut. Ce à quoi nous sensibilise « Escaping from a
Nightmare », une tempétueuse offrande metal moderne aux relents heavy n'ayant de cesse de nous asséner de saillants coups d'olives tout en disséminant de grisantes nappes synthétiques typées électro pop mid-80s. Calé sur une sente mélodique un poil convenue mais des plus immersives, où se greffent les fluides impulsions de la déesse, ce fougueux et organique élan au confluent de Metalite et de Volturian ne lâchera pas sa proie d'un iota.
Nos acolytes se sont par ailleurs prêtés au délicat exercice des reprises, et ce, non sans y apporter une touche personnelle. D'une part, c'est sans complexe que nos acolytes se sont attaqués à une relecture de « In the Middle of the
Night », un solaire et frénétique morceau issu du cinquième album full length, « The Unforgiving », de
Within Temptation. Tout en sauvegardant l'invitante mélodicité originelle, le groupe lui insuffle parallèlement une touche de modernité aussi insoupçonnée qu'opportune concomitamment à un tempo un poil plus véloce qu'antérieurement. Mis en habits de lumière par les poignantes et claires oscillations de Victoria García Reyes, l'époumonant effort poussera assurément à une remise en selle sitôt l'ultime mesure envolée. On ne saurait davantage éluder « Zona de Nadie » (titre extrait de l'album éponyme du groupe de hard rock argentin Riff, dont ''Boff'' est l'un des membres d'origine) eu égard à sa touche ''symphonisante'' aussi inattendue que grisante ; une transformation renforcée par les rocailleuses attaques de Brenda
Jezabel Cuesta, contribuant à conférer à ce hit d'hier une seconde jeunesse.
Enfin, l'aficionado de moments intimistes ne saurait être laissé pour compte. S'il l'aura fait patienter jusqu'à l'outro pour cela, le combo ne lui réserve pas moins une pièce d'une sensibilité à fleur de peau et fortement chargée en émotion. Ce qu'illustre « Una Chance Más », une ballade progressive d'une confondante délicatesse et aux subtils harmoniques, dans la mouvance de
Fortaleza. Si c'est à pas feutrés qu'il nous accueille, le moment ouaté ouvre peu à peu ses ailes, pour nous envelopper de son fondant refrain mis en habits de soie par les ''siréniennes'' patines de Victoria García Reyes. Bref, un instant privilégié susceptible de faire plier les l'échine à plus d'une âme rétive.
Au final, le collectif sud-américain nous plonge au cœur d'un essai à la fois rayonnant et, le plus souvent, bouillonnant, apte à nous offrir une croisière sans escale prématurée. A l'aune de son aîné, cet opus varie ses plans rythmiques et vocaux comme ses ambiances tout en bénéficiant d'une ingénierie du son coulée dans le bronze. D'aucuns auraient sans doute espéré des exercices de style plus diversifiés, instrumentaux et fresques manquant à l'appel, une fois encore. Fort de la qualité de ses arrangements, d'une technicité instrumentale et vocale bien huilée, et de mélodies plutôt avenantes mais nullement sirupeuses, et ce, en dépit d'une originalité encore aux abonnés absents, ce second méfait disposerait d'armes suffisamment effilées désormais pour placer la formation argentine parmi les sérieux espoirs de cet espace metal. Peu à peu, l'ingénieuse araignée tisse sa toile...
Note:14,5/20
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire