Dire que
Skepticism est un groupe rare est un doux euphémisme. Jugez plutôt : seulement trois véritables albums longue durée en plus de 15 années d'existence.
Pas surprenant donc que chacun de ses enregistrements soit voué à devenir un objet de culte et de vénération auprès des fans de vrai
Doom avec un grand D, même si l'enregistrement en question n'est qu'un simple petit EP de moins d'une demi-heure et contient des titres destinés à apparaître sur un futur album.
En effet, deux des trois morceaux constituant ce "
Ethere" qui nous intéresse ici sont inclus dans l'album "
Lead and Aether" qui suivra quelques mois plus tard (il s'agit des titres "The Marsh and the
Stream" et "Aether"). Il est clair que cette démarche est discutable, d'autant que le groupe est coutumier du fait (ils nous referont le coup avec la doublette "
Farmakon" / "
The Process of Farmakon").
Quant au troisième morceau "Chorale", il s'agit d'une version ré-enregistrée d'un titre présent sur la démo "
Aeothe Kaear" sortie en
1994. Autant dire que tout l'intérêt de cet EP repose sur ce morceau, puisque le nombre de personnes ayant pu poser ne serait-ce qu'une oreille sur la démo doivent pouvoir facilement se compter sur les doigts d'une main.
"
Ethere" est donc à réserver aux die-hard fans de
Skepticism et aux collectionneurs.
Mais comme je suis un grand fan de
Skepticism, et du fait de l'intérêt apporté par ce fameux "Chorale" (et que je suis dans un bon jour…), j'ai décidé d'être indulgent pour cette chronique, en faisant abstraction du contexte et en considérant les morceaux tels qu'ils sont présentés.
Ceux-ci sont, comme le laisse deviner le titre de cet EP, très atmosphériques. Ce qui a toujours été le cas dans chaque œuvre de
Skepticism, allez-vous me dire, mais les compositions qui nous sont servies ici s'avèrent particulièrement planantes, avec des claviers régnant en maître. Comparables à un voile de ténèbres mouvantes, ces derniers se déclinent en une multitude de formes : nappes sinistres et inquiétantes (la première partie de "The March and the
Stream"), ambiances éthérées et dépressives (la fin de ce même morceau, rappelant ce que proposeront des années plus tard leurs compatriotes de
Shape Of Despair), orchestrations épiques et imposantes ("Aether"),…
Et comment ne pas succomber à cet orgue impérial conduisant le dernier titre "Chorale". C'est beau à en chialer et si je devais choisir un morceau qui doive être joué à mes propres funérailles, ce serait celui-là !
Cette musique est un aller simple et sans retour pour un voyage à travers des paysages désolés. Quelques guitares décharnées apparaissent de temps à autre pour nous sortir de notre torpeur, puis disparaissent aussitôt, nous replongeant la tête la première dans des ténèbres insondables. Tandis que la batterie tribale égrène les instants qui nous séparent de la fin, dont on se rapproche inexorablement.
Il est seulement dommage que le trip soit un peu cassé par la courte durée de l'ensemble (EP oblige …). Mais cette musique est si hypnotique, si rare, si unique et si précieuse qu'on prend toujours volontiers notre dose, même si celle-ci est fournie au rabais et découle d'une démarche douteuse.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire