"Eloigné", c’est le nom du nouvel album de
Vinterriket, le dixième depuis "Und die Nacht Kam Schweren Schrittes" paru en 2002.
Eloigné des brumes montagneuses l’homme quitte cette fois-ci son "royaume d’hiver" pour rejoindre la vallée, moins agressive, moins oppressante, évoluant désormais aux bords de lacs, bordés de forets, continuant ainsi le changement opéré sur
Horizontmelancholie quatre ans plus tôt.
Car en effet, lui qui nous avait habitué à un rythme effréné de sorties depuis le début, notamment 8 albums, 2 Eps et une vingtaine de splits et autres compilations en l’espace de seulement 7 ans (de 2002 à 2009), avait semble-t-il décidé de se retirer quelques temps, après la sortie d’
Horizontmelancholie, qui marquait une première rupture dans la discographie de
Vinterriket. Au final près de 3 ans auront passé, sans aucune nouvelle hormis deux titres distribués par
Frozen Landscape et Steinklang courant 2010. L’helvète revint finalement l’été dernier, avec un concept album, autoproduit, passé totalement inaperçu.
Entlegen
C’est le vent, cet élément cher à Ziegler, qui ouvre sans surprise ce dixième album de
Vinterriket, mais un vent plus calme, adouci, dans lequel s’élèvent des corbeaux.
A la vue des titres, qu’on se le dise, la ligne directrice n’a clairement pas changée… la nature, le brouillard, et l’obscurité sont toujours ici les maitres-mots. Peu de changement dans les inspirations donc, mais qu’en est-il du résultat ?
Comme son nom semble nous l’indiquer, le résultat s’éloigne de ses dernières productions, par une mise en retrait du vent, certes, mais surtout, et on le remarquera dès la deuxième piste, par la présence de chant clair ainsi que l’utilisation de guitare acoustique, et même de flûte. Ce chant clair sera présent sur l’ensemble de l’album, hormis les pistes d’ouverture et de clôture, remplaçant définitivement les complaintes hurlées à travers les montagnes et la brume, déjà plus rare sur
Gebirgshöhenstille, et qui font maintenant parties du passé, manifestement.
Je ne peux pas m’empêcher alors de penser à
Nebelkorona, autre projet du même homme, jumeau de
Vinterriket qui se différenciait non pas par sa thématique très proche, mais par son atmosphère moins austère, moins glaciale, et ce chant clair qui faisait son apparition sur quelques titres, tout comme dans ses projets les plus récents. En effet, que ce soit Dannagoîschd, ambient folk, faisant la part belle à la langue souabe, et dont le premier album sorti en 2009 ou bien Fräkmundt, qui marque le passage de Ziegler de l’ambient au neofolk, tout deux mettent en avant ce même chant clair.
A l’écoute de
Entlegen on pourrait donc penser que
Vinterriket Aurait fait l’objet d’une fusion avec ces autres entités, tant le résultat est proche, à différents degrés, de ces trois "nouveaux" projets. Depuis
Horizontmelancholie on pourrait se demander si la rupture opérée est volontaire ou résulte d’un mélange accidentel de ses différents projets, se rapprochant tous les uns des autres pour finir par être presque tous identique. Quelle qu’en soit la raison, si la volonté de faire évoluer
Vinterriket est louable, elle se traduit au final par des titres malheureusement de moins en moins accrocheurs. Ainsi comme sur
Horizontmelancholie, la majorité des titres composant ce nouvel album restent difficilement en tête, pour la raison toute simple qu’il n’y a en fait peu de choses pour retenir l’attention. Et ce chant me laisse perplexe, ne correspondant pas à mon sens à ce qui faisait l’identité de
Vinterriket, et qui, par sa monotonie rend tous les titres assez similaire. Au final, sur les huit titres seuls deux se démarqueront des autres, le reste sombrant dans le rébarbatif et l’ennuyeux.
Nebel der Verzweiflung
Ce titre est pour moi la seule vrai nouveauté de l’album, la seule piste que j’ai vraiment plaisir à écouté, car contrairement au reste elle apporte quelque chose de vraiment nouveau, du rythme, et il y a quelque chose de très électrique. Je ne s
Aurais dire s’il s’agit de guitare électrique, sachant le monsieur attaché à ses claviers, mais je ne serai pas étonné que ça en soit. Cette nouveauté révèle un côté assez atmosphérique, qui structure vraiment le morceau. Et qui plus est, l’idée d’en faire un morceau assez court, seulement 4 minutes, évite judicieusement tout risque de répétition, et donc d’ennui. Du coup, même si j’avoue l’imaginer très bien avec un chant black couplé au chant clair, ce morceau est parfait.
Blick in die Dämmerung - Trauerkleid des Abends
Le titre de clôture est tout l’opposé, ici plus aucun chant, seulement quelques notes répétées inlassablement pendant 13 minutes. Tout le contraire donc, mais cela semble ici justifié, naturel, et malgré la répétition l’ennui ne se fera ressentir à aucun moment.
Une ombre parmi les ombres, c’est une image qui colle parfaitement à cet album. Car malgré deux bons titres l’album ne marquera pas les esprits. L’album semble globalement plutôt vide, et nous laisse alors nous interroger sur la réelle raison d’être de cet album, et peut-être même de
Vinterriket ! Car si tout ce qui faisait l’identité de
Vinterriket disparait progressivement au profit d’éléments Neofolk, caractérisant ses autres projets, on peut se demander si
Vinterriket n’est pas arrivé à son terme.
Selon moi la nouveauté amenée par
Nebel der Verzweiflung mériterait d’être développée sur son prochain album, et le chant clair utilisé avec plus de parcimonie, car c’est, il me semble, l’élément principal de ceux qui desservent l’album.
Mais si l’helvète s’entête à vouloir mener
Vinterriket vers un horizon neofolk, il ferait alors mieux de réduire le nombre de ses projets, pour plus d’efficacité et d’originalité.
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