Endeligt

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15/20
Nom du groupe Nortt
Nom de l'album Endeligt
Type Album
Date de parution 29 Décembre 2017
Style MusicalBlack Doom
Membres possèdant cet album9

Tracklist

1.
 Andægtigt Dødsfald
Ecouter04:01
2.
 Lovsang til Mørket
Ecouter04:25
3.
 Kisteglad
Ecouter02:04
4.
 Fra Hæld til Intet
Ecouter04:52
5.
 Eftermæle
Ecouter03:49
6.
 Afdø
Ecouter05:06
7.
 Gravrøst
Ecouter03:24
8.
 Støv for Vinden
Ecouter06:04
9.
 Endeligt
Ecouter05:27

Durée totale : 39:12

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Nortt



Chronique @ Icare

20 Janvier 2018

Nortt continue imperturbablement son chemin vers les profondeurs sans se préoccuper des turpitudes du monde extérieur

Et voilà que dix ans après sa mise en terre, le cadavre putride de Nortt ouvre le cercueil dans lequel il pourrissait et revient hanter le monde des vivants. Pour ceux qui n’auraient pas suivi, Nortt, de 1995 à 2007, c’était l’une des incarnations du doom black le plus désespéré, suicidaire et misanthrope, une musique terriblement dépressive, minimaliste et rachitique, sorte de longue marche inéluctable vers la mort. Mais, après la longue plainte lugubre de Galgenfrist, le Danois s’est tu. Lentement, silencieusement, il est retourné dans le monde des ombres qu’il n’aurait jamais dû quitter, laissant un lourd héritage de dépression dans son sillage, et quelques jours après ces funérailles, le soleil a refait sa timide apparition.

Jusqu’à cette date maudite du 29 décembre 2017, où Avantgarde Music a décidé de desceller le caveau de l’horreur, boîte de Pandore de la musique qu’il aurait mieux valu continuer d’ignorer pour l’éternité. Dix ans après sa mort donc, Nortt revient avec Endeligt, son quatrième album, et le temps semble ne pas avoir eu d’emprise sur cette entité dont le corps est déjà tombé en poussière depuis longtemps. Cette nouvelle pièce s’ouvre sur Andaegtigt Dodsfald, morceau d’ambiant minimaliste aux sonorités inquiétantes et sourdes, bande originale d’un au-delà froid et inconnu dans lequel le cadavre décharné du musicien n’aura de cesse de vouloir nous entraîner durant les 39 minutes que dure l’album. Les guitares, baveuses et saturées, se mettent lentement en branle dès 2,06 minutes histoire d’animer un peu plus le cauchemar, et des percussions lentes et lourdes viennent rythmer la six-cordes qui traîne ses notes sales et grises dans la boue comme un cœur à l’agonie. On reconnait immédiatement l’empreinte sonore unique du one-man-band, et pas de doute, Endeligt est la suite logique de Ligfaerd et Galgenfrist, avec des mélodies de clavier aussi simples que funèbres, quelques arpèges gelés, des guitares obscènes qui vrombissent leurs derniers rugissements et la voix putréfiée de Nortt. Un rythme lent et anémié et des guitares acides qui expirent leur souffle ultime, avec par-dessus ce squelette musical, quelques notes de clavier répétitives qui font souffler un vent glacial sur l’ensemble de l’album, voilà en gros ce qui compose ces neuf titres qui lorgnent toujours plus vers l’ambiant (Andaegtigt Dodsvald, Gravrost, la glaçante Kisteglad, funèbre et irrésistible appel vers l’au-delà).

On le sait, les albums de Nortt ne respirent pas la joie, et Endeligt ne fait évidemment pas exception à la règle. Oui, bien sûr, Nortt est triste, pue la mort et le désespoir, ceci dit, les 39 minutes de ce quatrième album sont empreintes d’une certaine sérénité, et un état d’indifférence proche de la sagesse nous engourdit lentement au fur à mesure que les pistes défilent : on se sent comme détaché de tout, empli d’un sentiment de résignation flottant, l’immatérialité de la musique nous éloignant toujours plus de la vanité superflue d’un monde auquel on ne croit plus. De cet amalgame de tristesse et de cataplexie se dégage une certaine beauté qui semble vouloir nous appeler au loin, au milieu de ces ténèbres grises qui s’enroulent autour de nous, comme un chant des sirènes hypnotique qui tente de nous charmer de sa voix de sépulcre, et dont les promesses ne sont pas simplement celles de la paix éternelle du tombeau, mais celles d’un outre-monde aussi fascinant que mystérieux : si les guitares, lentes et mortuaires, grésillent et bourdonnent, les claviers proposent parfois de timides éclaircies dans cette grisaille crépusculaire (Fra Haeld Til Intet, morceau enivrant plus mélancolique et contemplatif que réellement létal, Stov fot Vinden, aux mélodies tristes très proches du doom funéraire). D’une manière générale, la mélodie est plus présente qu’auparavant (le superbe Afdo), et on remarquera d’ailleurs que le son est plus propre et puissant, moins drone et grésillant que sur les albums précédents, le rythme plus marqué, la voix plus articulée, grave et intelligible, donnant un côté plus palpable et concret à la musique du Danois qui s'apparente de plus en plus au funeral doom.

Que dire de plus sur cet album ? Le one-man-band continue imperturbablement son chemin vers les profondeurs sans se préoccuper des turpitudes du monde extérieur et distillant comme il y a dix ans son malaise musical unique et identifiable entre mille. Endeligt ne constitue qu’une étape supplémentaire et ne changera pas la donne, ceux qui aimaient le groupe avant continueront à l’aimer et ceux qui le détestaient continueront à le détester. Quoi qu’il en soit, Nortt s’en fout, puisqu'il est mort depuis 1995…

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Chronique @ Antonin_Martin

21 Janvier 2018

Nortt a peaufiné son art, qui était déjà vraiment unique et a livré une tuerie avec ce Endeligt

10 ans. C'est le temps qui sépare cette dernière oeuvre promptement nommée Endeligt du précédent full length Galgenfrist. Et croyez-moi, ces longues années d'absence du spectre Nortt n'ont pas été vaines, loin s'en faut. Bref, l'attente fut insoutenable mais méritée, ce dernier jet en valant réellement la peine. Toujours signé sous la bannière d'Avantgarde Music, Nortt nous revient donc en force et affirme avec ce Endeligt qu'il reste toujours le même, c'est-à-dire une âme troublée et perdue au fin fond des ténèbres...

Nortt a toujours puisé sa force dans son atmosphère si particulière, différenciable sur chaque album, définissant sur chaque nouvel opus un voyage différent et intense. La musique de Nortt a toujours été très noire et immersive, définie par un rythme extrêmement pâteux et typique du Black Doom Funéraire. On retrouve cette lenteur, comme celle d'un mort en état de décomposition cadavérique, un chant aussi grondant que l'orage et ayant délaissé les vivants à des millénaires, sublimé par une ambiance glauque et mortuaire aussi insalubre que la peste. Un style unique et téméraire qui diffère et évolue sans cesse, proposant toujours une épopée différente dans les abysses de la noirceur et au coeur d'endroits divers et abandonnés, dans laquelle Nortt vous transportera.

Cet Endeligt est un concentré de plusieurs albums. On y retrouve, en effet, certaines caractéristiques des précédentes réalisations du groupe. Ainsi, on décèle à la fois la mélancolie de Graven, la noirceur et le mystère qui planait sur Galgenfrist, mais aussi la pesanteur de Ligfærd. Toutefois, Nortt se renouvelle, proposant alors quelque chose de différent, et ce, tout en restant dans cette thématique mortuaire et en conservant l'essence d'un Black qui font sa force et sa singularité. Comme à l'accoutumée, l'ambiance est toujours aussi morne et intrigante, je dirais même étrange, vide de vie et morose. Sauf que, cette fois, on a affaire un album beaucoup plus noir et bien plus tragique.

Quant aux titres, ils sont d'une durée tout à fait honnête, et s'avèrent plus aisément différenciables que sur un Galgenfrist, ce dernier évoluant en continu et étant surtout plus compact que son cadet. Par ailleurs, on décèle très peu de paroles et on a même droit à deux instrumentaux, à l'image de "Gravrøst" ou encore "Kisteglad" , qui sont d'ailleurs les titres les plus courts de ce Endeligt. De plus, les samples sont toujours du plus bel effet, le chant toujours aussi caverneux, les accords de guitare très lourds et appuyés ; et c'est une belle aura de mort qui plane du début à la fin du disque. Enfin, au niveau du visuel, c'est toujours le top : cette cover reflète à 100% cet esprit morbide et mortuaire définissant l'essence de Nortt, qui à aucun moment ne s'estompe et subsiste au fil du temps.

La vie a cessé d'exister, tout est vide, il n'y a plus aucun espoir, c'est ce que vous fera ressentir ce dernier méfait taciturne et crasseux, qui vous fera inhaler un subtil parfum de mort. Les compos sont riches, chaque morceau recèle une parcelle d'obscurité qui se dévoilera à vous tel un spectre de la nuit venant vous hanter tout au long de cette oeuvre inspirée et transcendante.

Aussi, ces longues années d'attente n'auront pas été usurpées, Nortt ayant frappé un grand coup avec ce superbe album. Nortt a peaufiné son art, qui était déjà vraiment unique, et livre une belle tuerie à l'instar de ce nouveau full length. Et force est de constater que Nortt a su se renouveler et qu'il propose une ode musicale originale, tout en ayant peaufiné son art noir et léthargique, qui s'emparera de vos sens pour les engouffrer dans le chaos et la décrépitude. Une oeuvre majeure et incontournable dans la discographie de Nortt.

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morkhor - 22 Janvier 2018:

Superbe chronique !

Vraiment une de tes meilleures.

Bravo.\m/

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