Liste des groupes Sludge Atmosphérique Dirge (FRA) Elysian Magnetic Fields

Après le très ambitieux et bien nommé ‘Wings of Lead Over Dormant Seas’ en 2007 qui comportait pas moins de deux heures de musique, dont un morceau éponyme de 60 minutes,les Parisiens de Dirge sont de retour avec Elysian Magnetic Fields .

Les chroniques élogieuses parcourues çà et là me laissaient espérer le meilleur : sombre, lourd, dense, suffocant, hypnotique. Bref, de quoi assouvir les penchants névrotiques pour une certaine grandiloquence tourmentée. Ainsi donc, qu'elle ne fut pas ma déception: le frisson épidermique, la transe narcotique, n’étaient pas au rendez-vous, en tout cas pas d'un bout à l'autre .

Certes, Dirge creuse plus profondément, et plus lourdement encore, les sillons explorés précédemment. Au-delà de son héritage, il affirme son originalité, mais sans parvenir à se transfigurer et semble coincé dans un’ in between’ de sa créativité.

Le groupe bénéficie pourtant d’atouts majeurs: un sens certain pour les mélodies dépressives, une intelligence conceptuelle et un réel projet esthétique. En matière de production on a connu mieux (Cult of Luna/Neurosis). On peut également regretter que les ambiances concoctées par Christophe’zomb’D. ne soient pas mieux exploitées et mises en avant. Il ne s’agit pas à mon sens de faire ‘plus’ ou ‘moins’, mais de faire juste, pour faire mouche. Je ressents à l’écoute de cet album un sentiment mitigé au regard des potentialités évidentes du groupe.

Et pourtant, ça démarre plutôt pas mal…

Passée l’intro en forme de warning post-industriel de Morphée rouge,une rythmique pachydermique et des guitares à l’agonie déroulent un tapis d’asphalte brulant à un chant puissant et habité.
Le temps semble suspendu et les mélodies comme évaporées d’une combustion.

Hélas, l'irruption incongrue du chant clair vient rompre la tension d'une ambiance qui se suffisait à elle- même,et rend la fin du morceau interminable et très convenue. La suite n'est pas plus convaincante,et malgré des ambiances très travaillées et assez poignantes, Dirge peine à installer une ambiance propice à l'immersion de l'auditeur.

En revanche, carton plein pour le titre éponyme, qui surprend par l’équilibre de son architecture et l’usage approprié de ses effets. Le chant clair cette fois ci tombe à point et donne à ce morceau une vrai dimension cathartique .

Passé un instrumental pas vraiment remarquable, la noirceur de "Falling", enfonce le clou avec sa pelleté mémorable de riffs psychotiques, sa voix claire, entre chant et talkover, et son final glaçant. Un des titres les plus réussis et captivants de l'album. L'envoutement est enfin total avec "Apogée" qui clôt brillamment l’album. Ce titre entraine inexorablement l'auditeur vers un abîme insondable: ‘where light is growing dim’. Cette lumière sombre n’irradie pas tout l’album avec autant de maestria et c’est dommage .

Bien que n’ayant pas à mon sens achevé son évolution, Dirge reste cependant un des groupes les plus prometteurs de la scène hexagonale dans son domaine, par la pertinence de sa démarche et les moyens techniques et conceptuels mis en œuvre.

Une pierre qui encore taillée pourrait bien révéler un pur diamant.