L’avant dernier album-studio du groupe français laissait déjà présager un fort potentiel musical et artistique sur la scène hexagonale. Et voici que quatre ans plus tard
Dirge nous revient avec un disque qui confirme tous les espoirs que l’on avait placés sur le groupe et cela avec grand panache.
Laissons tout de suite de côté l’influence majeure du groupe, à savoir
Neurosis, pour nous pencher plus en profondeur sur le contenu du disque. Oui, les germes du groupe d’Oakland sont présents sur l’album. On pourrait les énumérer, mais cela ne servirait qu’à décrédibiliser l’ensemble,
Dirge vole à mille lieux de cela. Il a pris conscience de son potentiel hérité et présent, en garde les principes et les fondements mais les prolonge dans un chemin plus personnel. De ces résurgences, le groupe offre quatre titres (un par an), aux durées expansives et allongées pour plus d’une heure et quart d’écoute. Noir, c’est le premier terme auquel on pense. En effet, l’aura du groupe est ancré dans une noirceur atmosphérique où se mêlent une simplicité de riffs, un duo vocal agressif, soutenu mais jamais gratuit ainsi qu’une lourdeur oppressante instaurant un malaise crispant, une ambiance sombre et une efficacité sélénite (le premier album à côté, c’est le Club Dorothée !).
Le tempo se ralentit, donnant un aspect assez « doomy » mais non indigeste,
Dirge se laisse le temps de placer son puzzle atmosphérique, de structurer son ambiance, d’instaurer son aura et sa violence larvée, étouffée et retenue. Des introductions ambiantes, un peu indus, vaporeuses contrastent avec des passages structurellement simples mais crus où chaque note impose une combinaison émotionnelle forte et mélancolique. Si l’ambiance générale de cet album n’est pas dès plus optimiste, elle n’est jamais défaitiste, par ce sentiment de rancœur prégnant et magnétique,
Dirge fait que cet album ne s’abandonne jamais à la facilité monotone du doom en jouant toujours sur le fil du rasoir. Une expression pas des plus simples mais sûrement la plus payante par un rythme plus cassé, des variations atmosphériques senties, pesées et utilisées à bon escient autant que par des poussées écrasantes, sourdes s’emboîtant parfaitement à une toile de fond plus âpre et colérique qui épie l’auditeur.
Planant sans l’être, rageur sans l’être,
Dirge joue sans arrêt sur l’entre-deux donnant naissance à un malaise étonnant, puissant mais jamais pernicieux, les quatre titres s’enchaînent avec classe sous l’aspect sombre de l’ensemble et fait de son album un malstrom d’ambiances sombres et accablantes. Soyons franc, ce nouvel album est magnifique, prônant une décrépitude habile et parfaitement soutenue.
Dirge signe là l’album hexagonal de l’année, bien loin de la radicalisation du métal extrême ambiante, «
And Shall The Sky » est une bouffée d’air frais dans la scène et l’avènement d’un grand groupe.
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