Deuxième album du combo parisien, « Blight and Vision » est une pièce plus qu’intéressante dans la discographie du groupe. Prenant comme influence
Neurosis et son cortège d’ambiances sombres et pesantes,
Dirge, durant plus de trois quart d’heure, parvient à imposer une ambiance et un point de vue captivant, permettant d’écouter le disque en une traite sans que l’auditeur en ressort estomaqué mais néanmoins changé et légèrement groggy.
Il y a une différence entre pratiquer le chemin et l’emprunter. On pourrait dire que chez
Dirge, le chemin n’est pas encore réellement emprunté, le groupe s’immisce, pratique dans une voie privilégiant les atmosphères et montre qu’il est parfaitement capable de faire frissonner son auditoire par un assemblage se samples industriels, de riffs de guitares simples, carnassiers et d’un rythme lent, oppressant. Si cette traversée du chemin est bien construite, alternants titres et passages instrumentaux, voix rageuses légèrement de retrait et toutefois parfaitement intégrées,
Dirge n’expose pas complètement tout son talent et ses capacités.
Et si vous croyez que j’enfonce cet album, vous vous trompez ouvertement, ce serait trop facile (ou lâche),
Dirge a toutes les cartes en main. On peut regretter que certaines parties soient trop opaques pour clairement rentrer dans l’univers sensoriel du groupe, mais une qualité d’écriture et une interprétation sans faille impose tout de suite une réelle intensité sur cet album, ce qui de nos jours est devenu bien rare. Et ça, c’est une qualité qu’il ne faut pas enlever au groupe, bien rare ceux qui sont capables d’accéder à un tel niveau émotionnel teinté d’ambiances aériennes, sourdes et cacophoniques en l’espace de deux albums. C’est de ça que
Dirge puise toute sa force, toute sa rage atmosphérique et même si cela fait très
Neurosis (je sais, je suis un peu obsédé), la patte est là, le sentiment aussi,
Dirge choisit son chemin, sa direction et décide d’aller de son propre envol. Sachez que l’intention est présente sur cette galette, le groupe ne choisit pas la simplicité, peut-être, mais maintient son intégrité envers un style qui n’est pas connu pour sa facilité d’accroche.
Si pour certains,
Dirge est un ersatz pompeux de
Neurosis, je rappelle que bien d’autres groupes ont été soudoyés de même, en vrac : Cult of
Luna,
Mindrot,
Isis (que des sous-fifres en puissance, ben voyons) et j’en passe… Non, je persiste et signe,
Dirge doit juste gagner en assurance et s’échapper des griffes de sa référence pour prendre pleinement son envol. Cet album reste une réussite, un tantinet imparfaite, mais une réussite quand même qui laisse présager le meilleur pour l’avenir.
« Blight and Vision » est un excellent album sur lequel on se doit de s’attarder, il le vaut et le mérite largement.
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