Les pèlerins français du doom death ne sont pas si nombreux pour s'attarder un peu lorsqu'on en croise un sur notre chemin de croix.
Angellore, puisque c'est de lui dont il s'agit, a peut-être seulement vu la nuit il y a trois ans à peine mais cela ne l'empêche pas d'avoir déjà dans sa besace quelques osties tout à fait recommandables.
Succédant ainsi à une démo, Ambrosia, à un split avec
Merankorii et à un EP prometteur, Les promesses de l'aube, Elegies aux âmes perdues flagelle les parois d'un doom death fissuré de touches gothic à la manière du
Tristania originel (référence évidente de part le nom du groupe emprunté à une chanson des Norvégiens). Moins contemplatif que son prédécesseur, il renoue avec la mortification ténébreuse du premier jet.
En six plaintes grisâtres, dont trois instrumentaux et une reprise d'un titre de la démo, "Freeze The Sun", aux claviers malheureusement un peu trop gentils et peinant du coup à draper d'un linceul glacial une composition dont le nom annonce pourtant des atmosphères frissonnantes, Walran et Rosarius témoignent de grands progrès par rapport à leurs premiers essais. La prise de son, bien qu'encore maladroite, a plus de relief et surtout l'écriture de la plastique et des textes s'est affinée.
Tour à tour caverneux, écorché ou plus profond, le chant, diversifié, a quelque chose d'une supplique, pinceau de sentiments désespérés que soulignent encore davantage des lignes de guitares gravées dans la roche froide du UK
Doom (
My Dying Bride,
Anathema), à l'image du très réussi "Dans les vallées éternelles", que guident des notes funèbres égrenées par un piano sépulcral.
De même, "I Am
The Agony" serpente dans les caveaux brumeux d'une lenteur agonisante tissée par ces riffs qui pleurent une tristesse pluvieuse. D'une construction plus complexe, cette complainte est comme un gisant érodé par divers ambiances et passages pesants ou plus éthérés, malheureusement plus agrégés les uns aux autres que réellement fusionnés.
Le groupe a des idées, et des bonnes, et gageons qu'avec une plus grande fluidité pour lier les strates sur lesquelles reposent leurs titres et une production plus claire, qui respire davantage, il saura s'imposer plus encore. Les Français savent dépeindre des émotions parfois d'une belle justesse de ton ("Le mumure des coeurs ...."). Dans tous les cas, ils progressent peu à peu et forts de ce EP plus convaincant et du recrutement d'un batteur pour de futurs concerts, pourraient pénétrer dans le cénacle des meilleurs prêtres du doom death hexagonal.
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