La scène canadienne n’a depuis bien longtemps plus rien à démontrer en matière de death technique et compte dans ses rangs parmi les plus grosses pointures du genre : entre
Cryptopsy,
Gorguts,
Augury,
Beneath the
Massacre,
Despised Icon ou les petits nouveaux d’
Archspire, nos cousins d’
Outre Atlantique ne manquent pas de représentants dans les différentes variations du style. Pourtant, en 2011, un album était parvenu à réellement tirer son épingle du jeu, et
Beyond Creation, combo montréalais fondé en 2005, nous assenait une grosse claque avec un
The Aura flamboyant, direct, efficace, délicieusement progressif et d’une technicité affolante, qui vint s’imposer directement comme une des meilleures références du genre, au côté des millésimes d’
Obscura et autres
Necrophagist. Trois ans après cet exploit, les Canadiens nous sortent donc leur second full length, Earthborn Revolution, et autant dire que la galette était attendue au tournant par toute une horde de chevelus avides de rapidité, de mélodie et de technique.
Ce nouveau cru commence idéalement avec un morceau aussi technique et progressif qu’efficace, notamment grâce au growl guttural et profond de Simon Girard doublé par un chant plus black et criard, et une variation de rythmiques et de plans impressionnante, le groupe nous abreuvant de passages à la fois complexes et mélodiques et d’autres plus directs avec une fluidité déconcertante. Le tout est transcendé par des soli suintant plus le feeling que la débauche de technique pure, ainsi que les parties de basse monstrueuses de Dominic Lapointe qui s’en donne à cœur joie sur sa fretless. Elusive Psychological Reference donne le ton, et même si ces 10 titres sont phénoménaux de maîtrise et de dextérité instrumentales, ils renvoient une impression de facilité déconcertante loin de toute démonstration stérile.
Le titre éponyme commence tout en douceur sur une partie de basse langoureuse aux relents jazzy et la résonnance sibylline des cymbales avant d’enchaîner sur un mid tempo puissant à l’intensité poignante. La six cordes (on parle ici de la basse, pas de la gratte, hé hé !) nous délivre des parties virtuoses, mêlant ses saccades aux notes de la guitare qui s’envolent vers des sphères progressives de toute beauté en lâchant une myriade de notes lumineuses. Le titre reste majoritairement sur ce mid tempo lourd et onirique laissant la part belle au lyrisme de la basse et de la guitare qui semblent se répondre en un duel mélomane, et de temps en temps, la batterie s’agite de manière sporadique en quelques élans fulgurants, lâchant des blasts beats brefs et compulsifs, comme pour démontrer qu’on est toujours dans du death metal, certes très progressif et mélodique, mais qui sait quand même toujours envoyer la sauce quand il le faut. La grande classe. Le morceau est principalement instrumental et s’achève sur cette partie syncopée où les notes aériennes de la guitare semblent flotter sur un blast qui paraît lui-même lointain et ouaté : une symphonie magique qui envoûte les sens et démontre magnifiquement le talent musical de nos quatre Canadiens.
A côté de ça, en moins de 3 minutes, The Great
Revelation ou l’Exorde, titres rapides et virtuoses à la rythmique tapageuse, réussissent l’exploit de tabasser en finesse en restant subtils et agressifs en même temps. Les riffs, alambiqués, restent toujours identifiables, le travail mélodique de
Beyond Creation rendant des pistes d’une complexité technique époustouflante relativement accrocheuses et faciles d’accès. Toujours un break, un pont, une partie de guitare catchy à laquelle se raccrocher, voilà ce qui fait véritablement la force de cet album : virtuose sans être pédant, progressif sans être mou, généreux sans être bêtement démonstratif, le quatuor est au sommet d’un art death metal simplement ébouriffant privilégiant la musique à la branlette de manche stérile.
Si un titre comme Neurotical Transmissions est plus dispensable, enchaînant les rythmes et les parties avec moins de réussite et de fluidité que sur le reste de la galette,
Earthborn Evolution s’achève de manière idéale sur un Fundamental
Process de 7,13 minutes, à l’ambiance presque spatiale, démarrant sur des arpèges mystérieux et un riff lourd et hypnotique doublé par des grattes et une basse en état de grâce, envoyant paradoxalement des parties plutôt simples (tout est relatif hein…) mais d’une émotion touchante et belle: oui, certes
Beyond Creation sait jouer vite, mais là où il excelle le plus, c’est quand il prend le temps de poser un riff, de développer une ambiance à coups de longs soli virtuoses qui s’entrecroisent sur un mid tempo enivrant…
Pour conclure en un mot comme en cent,
Beyond Creation vient d’accoucher de son second chef-d’oeuvre,
Earthborn Evolution s’inscrivant comme la suite logique de
The Aura, peut-être en un poil plus progressif, mélodique et aéré. Les deathters les plus extrêmes feront peut-être un peu la fine bouche devant ce manque de blasts et quelques sonorités parfois un peu synthétiques, mais il parait difficile de ne pas s’agenouiller devant une telle virtuosité et un tel talent musical. Une seule chose à ajouter,
Obscura a intérêt à frapper très fort avec son prochain album s’il veut espérer pouvoir conserver son trône en matière de techno death mélodique et progressif…
redoutable album à la fois technique sans etre écoeurant, à la fois violent car ca reste du death, à la fois melodique car les intrumentistes sont doués.
lors de sa découverte je me suis dit voilà 1 death "intelligent".
maitre achat.
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