Il devrait être interdit aux groupes de faire patienter leurs fans si longtemps. 3 ans, rendez-vous compte, il y a de quoi craquer, surtout quand le premier album vous a littéralement ébloui. Et quand il s'agit d'attendre la confirmation de ce potentiel (ou pas) avec le second, c'est pire. Le second album est toujours important. Et en ce début 2001, en allant chez mon disquaire préféré pour acquérir ce nouvel effort d'
Anata, je fus déçu. "On l'a pas, il est p'tet pas sorti" pour toute réponse de mon vendeur habituel aux dents prématurement jaunies. Quand je lui affirmai le contraire: "J'en sais rien" du même qui m'avait fait tout le gringue possible pour me vendre le premier album, il y a 3 ans. "Album du trimestre Metallian" qu'il me répétait (voir chronique de "
The Infernal Depths of Hatred").Largement mérité, et malgré sa mauvaise humeur, qu'il en soit remercié.
Pendant quelques mois, toutes les semaines à espérer ce "
Dreams of Death and Dismay" (D.O.D.A.D), un album sorti sur Season Of
Mist, vous savez, le label Marseillais aux signatures parfois "Gothopouffiques"; un label Francais pour un disque introuvable dans mon coin de France. Mais bon, tout arrive, et en ce début de
Septembre 2001, en fouillant un bac, la
Providence, enfin. Mon
Graal... en version cartonné, on se contente de ce qu'on a. Cependant, en payant, le même vendeur à l'haleine pestilentielle me tient la glotte avec des "évènements extraordinaires qui se serait passé à
New York". "T'as trop bu et je m'en fous" ai-je eu envie de lui dire. 11
Septembre dans les 14/15h, je rentre chez moi écouter la source de ma longue quête. Hum...
De retour à "ma maison", coup d'oeil machinal à la TV, c'est donc vrai, et ca a l'air plus grave que ce que je pensais. Ne mesurant pas trop la gravité de l'évènement -accident, attentat?-, rien de sûr, et devant la rotation saôulante des mêmes images, je "mute" le son et décide d'écouter l'objet de mon intêret journalier.
"
Die Laughing", ces gens ne sont certainement pas morts souriants en voyant arriver un nez de Boeing à leur fenêtre.
Anata insiste sur les fréquences basses plus appuyées sur ce disque, un instrument plus profond, plein. Des grattes tranchantes, l'habitude, pour un titre d'introduction, court, direct, mais néanmoins élaboré, ou les influences américaines sortent mieux. Floridiennes, bien sûr.
Plus du tout d'alternances chant Death/ chant Black, juste quelques cris de cochons simili Grind par ci par là. L'album semble plus linéaire parce que les éléments distincts sont mieux fondus ensemble, un album qui se tient, un bloc mieux cousu que le tout de même très respectable prédécesseur.
Mais la technique est ici décuplée. Devant le poste de Télévision, casque aux oreilles, je savoure désormais le riff subtil du début de "
Faith,
Hope, Self,
Deception". De l'espoir pour ces gens sautant des buildings, peu. Une propre déception peut être, d'avoir vendu tant d'armes aux moyen-orientaux. Bref... un passage "à la Stockholmoise" vient me redonner un peu le sourire. Petit passage acoustique, et du
At The Gates-like, comme j'aime. Une accélération hallucinante là-dessus, de la belle ouvrage, des morceaux où il y a à manger. Arrive "
God Of Death", du contenu encore, fondu d'intro préparant au pire, rythme terrassant. Les dieux de la
Mort étaient cette après-midi dans des avions. Une "toune" qui mouline sévère, comme dirait un ami. Presque aussi fulgurant que ce deuxième avion qui s'écrase. "C'est pas possible, c'est du cinéma" me dis-je, inconscient, des trucages... hélas...
Peu de temps après, "
Metamorphosis By The Well Of Truth", le gros riff imparable, mid tempo, avec plein de bonne double goûtue, vous connaissez. Je réprime mon envie de Headbang, ce ne serait pas raisonnable devant cet écran qui crache des volutes de feu et de fumées.
Morbid Angel plane sur ce morceau, autant que l'Ange Morbide sur le World Trade. Tragique. J'écoute une sorte de bande son idéale en somme, violence, désolation, et surtout, j'y reviens, cette fulgurance, ce "coup de tonnerre dans un ciel clair" devant mes yeux, dans mon casque, illustré par ce "
Dream On" de 2mn20. De rêve il n'est plus question, mais de réalité pure. "Can't
Kill What's Already
Dead" et "
Insurrection" s'enchaînent, exhalant encore sur moi cette vérité froide et brutale. Si sur l'écran le temps est à la destruction, sur le cd, il s'agit aussi de constructions monumentales, ôdes au Death le plus brillament éxécuté. Contretemps, breaks, mid tempis, blasts au coin du bois, le compte y est.
"The
Enigma Of Number Three". Sur TF1 on en est à deux, malheureusement, on dépassera ce chiffre. Quoique, Pentagone, réalité, fiction, fan de X Files, à vous. Un titre plus progressif, ou les structures s'enchâssent parfaitement, sur un fond de piècette acoustique récurrente. Un top de ce D.O.D.A.D., nos Suèdois au mieux. Et je réfrène encore, un peu honteux, ce Headbang amené par ce deuxième riff indestructible, bien bourrin, qui donne toute la saveur de ce "
Drain Of
Blood". La journée est sanglante paradoxalement, mais de ma bonne éducation est quand même restée ceci: le respect des morts. Mes cervicales à peine frémissantes en sont frustrées, tant pis.
Et, enfin, comme tout bon chef d'oeuvre d'
Anata, la piste 10, 8mn et des poussières, "
The Temple/ Erratic", la petite perle. J'ai rarement entendu riffs aussi ardus dans le Death
Metal. On frôle ces messieurs d'
Atheist, la basse jouant indépendament par sections, super plaisant. La voila enfin, cette énigme du nombre 3, le 3ème riff mégalithique, encore, crachant sa fureur grondante et rampante. Celui-ci est entrecoupé par un break mélancolique au possible, des solis ravageurs mais néanmoins mélodiques, et encore ce cher bon riff en inéxorable fondu, digne de celui, énorme, de "
Davidian" de
Machine Head. Clic... synchronisme parfait avec ces images de mort, pour un opus mortel.
Conclusion, une journée spéciale, pour tout le monde. En effet, comme dans toute journée où il s'est passé quelque chose de spécial, chacun se rappelle ce qu'il faisait à ce moment. Moi, je me souviens de ça, un album superbe, et une atmosphère télévisuelle de fin du monde. La fin du monde, me dis-je, pas de suite j'espère, que je puisse réécouter "ça". On est tous un peu égoïstes, même et surtout dans ces moments-là. Il y eu un 12
Septembre, et d'autres écoutes passionnées. Vive la vie, vive
Anata, et paix aux âmes de tout ces morts. 18/20.
Et Death
Metal Supremacy, comme de bien entendu... ;-)
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire