Sylosis a fait beaucoup de route depuis sa création en 2000 par le frontman Josh Middleton, alors âgé de 15 ans. Aurait-il un jour cru que son groupe finirait par devenir une des figures phare du thrash/death technique et mélodique actuelle? Sans doute pas. Certains se souviennent peut-être du premier album sorti en 2008, "
Conclusion of an Age", déjà très efficace. A cette époque, Middleton ne s'occupe que de la guitare tandis que son compère Jamie Graham officie dans les screams, les growls et les lignes de chant clair. Le second né, "
Edge of the Earth" en 2011 marque un tournant puisque Middleton prend le micro, pour un résultat aussi lourd qu'hargneux. "
Monolith", en
2012, impose le talent des Britanniques et la richesse des compos, malgré quelques faiblesses. Et arrive cette année "
Dormant Heart"...
On nous dit souvent qu'il ne faut pas juger un livre par sa couverture. Ici, il ne faut pas juger cet album par son titre. Le quatuor est loin de s'être endormi et ce quatrième méfait est loin de nous donner envie de dormir, bien au contraire. Il s'agit sans doute du plus efficace et du plus sombre de la bande à Middleton. En même temps, il faut se remettre dans le contexte. Fin 2013, alors en pleine tournée avec
Trivium et
Devil Driver, et en pleine réflexion pour de nouvelles compos,
Sylosis est victime d'un accident de la route et est contraint d'annuler ses dates. Il ne se laisse pas abattre pour autant, mais cet événement a de quoi marquer...Les membres vont alors se nourrir de ce souvenir dès leur entrée en studio en mars 2014. Les guitares et les voix sont enregistrées aux
Wizard Sound Studios et la batterie aux Monkey Puzzle Studios, avant le départ du batteur Rob Callard, remplacé à la fin de l'année dernière par Ali Richardson (
Bleed From Within). L'équipe du son n'est pas la même puisque la production est signée Josh Middleton et Scott Atkins, et le mastering Acle Kahney (
Tesseract)...ce qui ne change pas vraiment la donne puisque nous retrouvons tout de même cette force, cette puissance et ce côté organique qui fait le charme de la musique de
Sylosis.
L'entrée en matière n'est pas dans les habitudes des Britanniques, bien que plus proche de celle du premier album de 2008. Il s'agit d'une intro de presque trois minutes, à la fois pesante, atmosphérique et mélancolique. Les guitares sont lamentées, le chant est torturé et le rythme plutôt lent, jusqu'à la déflagration de "
Victims and Pawns". Sur ce titre,
Sylosis reste fidèle à lui-même, combinant énergie, efficacité, gros riffs saccadés typés thrash et riffs melo death punchy, technicité et mélodies qui rentrent dans la tête. Le chant de Middleton est enragé, enchaînant screams et growls avec brio, même lors des plans les plus calmes et atmosphériques. Cela fait partie des caractéristiques de cet album : le quatuor alterne passages bourrins et passages plus posés, offrant alors des moments de pure agressivité et des moments plus centrés sur les ambiances et les mélodies, dark, sinistres et mélancoliques.
Ca marche du tonnerre, ne serait-ce que sur l'émotif "
Dormant Heart", l'éponyme donc, et son intro plaintive, dont les motifs se répètent en milieu et en fin de titre, ou encore sur "
Leech", avec son léger côté épique. Cela détonne par rapport à des titres plus vindicatifs et classiques dans leur structures, comme "Overthrown" ou "To Build the Throne", plus thrashisant dans la structure, avec des fameuses saccades. Une des bonnes choses sur cet album, c'est la quasi absence du chant clair, rendant l'ensemble encore plus agressif et pesant. Tout un titre, toutefois, lui est dédié, à savoir le long et progressif "Quiescent", principalement à la guitare acoustique, avec quelques passages expérimentaux. Là, par contre, je dois l'admettre, il y a de quoi s'endormir...Zzzz
Si on exclue "Quiescent", qui ne correspond pas vraiment au style
Sylosis et qui fait assez remplissage du long de ses neuf minutes, on se retrouve avec un "
Dormant Heart" particulièrement réussi et entraînant. Moins
Monolithique que son prédécesseur, plus direct et plus atmosphérique qu'à l'accoutumée,
Sylosis redouble d'efforts et nous le fait bien comprendre dans l'enchaînement de ses riffs et de ses mélodies. Les titres se suivent et ne se ressemblent pas, et l'ambiance qui s'en dégage est unique.
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