En cette année 1992, la décennie qui vient de s'achever a été propice aux mouvements artistiques légers dont les préoccupations profondes étaient essentiellement festives (
Hard Rock, Glam Rock, Sleaze Rock...). Celle qui point verra l'apogée de styles nettement plus concernés (Grunge, Neo...) et la décadence de cette scène aux inquiétudes futiles. Dans ce contexte difficile pour les mouvements traditionnels, nul doute que le
Hard-US de
Warrant n'était pas suffisamment armé pour affronter la situation. Aussi à l'orée de ce
Dog Eat Dog, troisième album de ces américains, le doute était de mise. Des changements s'imposaient.
Des décisions qui furent prises et qui conditionnèrent le contenu de ce nouvel effort, l'une des plus frappantes, fut, justement, d'abandonner quelque peu l'aspect profondément joyeux de la musique de ces californiens qui transparaissait au travers de deux albums superbes (
Dirty Rotten Filthy Stinking Rich (1989),
Cherry Pie (1990)), et de laisser parfois place à un propos assombrit par une gravité et une lourdeur insolite. Bien évidemment, si ce choix artistique d'imprégner son art de nouvelles convictions n'a rien de répréhensible, et est même tout à fait compréhensible au regard de l'époque, sa conséquence immédiate est nettement plus embarrassante.
Plus pesants et plus ténébreux, il découle de ce dessein plus sérieux quelques titres inhabituellement noirs et lancinants qui ne parviennent pas véritablement à nous convaincre (
The Hole in My Wall,
April 2031...).
En outre de ce fait fâcheux, lorsque le groupe tente de renouer avec une personnalité moins sérieuse et plus en accord avec celle qui fut la sienne autrefois, l'inspiration semble lui manquer. De sorte qu'il ne parvient pas véritablement à nous proposer autre chose qu'une expression ordinaire tiède que lui, ou d'autres, nous aura déjà servi (
Machine Gun,
Bonfire...).
De plus, même certaines des caractéristiques qui furent, il y a peu encore, des atouts incontestables de ces musiciens sont ici moins évidents. Si
Warrant aura, en effet, toujours excellé dans l'exercice de la ballade, parvenant à éviter l'écueil de la facilité sirupeuse dans laquelle, trop souvent, nombre de ces congénères se complaisent, il n'en est rien sur ce
Dog Eat Dog dont certaines bluettes sont sinon consternantes, tout au moins ordinaires (
The Bitter Pill).
En définitive, au milieu de ce désastre, seuls parviennent à nous séduire les très bons Hollywood (So
Far, So Good), All My Bridges Are
Burning et l'excellent
Inside Out à l'agressivité incroyable soulignée par les remarquables vocaux exaltés d'un
Jani Lane survolté et par une rythmique soutenue.
Indiscutablement, l'époque fut compliquée pour des groupes tels que
Warrant. Indiscutablement son troisième album fut un essai désespéré et maladroit de s'inscrire dans l'ère du temps. Il fut une tentative qui, de surcroît, dénaturait bien trop l'esprit originel de cette formation pour véritablement convaincre. Il fut aussi une œuvre qui manquait d'inspiration. Mais il fut surtout le commencement d'une longue agonie pour ces cinq musiciens originaires d'Hollywood.
Bonjour
Je partage les propos de Nicko. Je trouve que cet album a toujours été sous-estimé. Il est vrai que l'évolution est notable par rapport aux deux premiers albums mais je trouve que le groupe a pris des risques et s’en sort très bien. Ils confirment un vrai talent de compositeurs et montrent une nouvelle facette de leur talent, certes plus sombre, mais très inspirée avec de superbes mélodies et des moments plus rock qui font mouche.
Tout comme Nicko et Valenco, je trouve la chronique très sévère. J'ai meme trouvé cet album excellent, savant mélange entre ballades et morceaux rock, bien meilleur en tout cas que ces 2 prédécesseurs. Comme quoi, les gouts et les couleurs ...
18/20
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