Motörhead,
Aerosmith,
Warrant… Mais qu’ont-ils tous à conspuer les riches avec tant de véhémence dans leurs titres de chansons ou d’albums, ces groupes de légendes dont on ne se lasse jamais d’écouter les meilleurs méfaits sonores en sachant pertinemment que leurs banquiers respectifs doivent très certainement sortir la bouteille de Champagne à chaque fois que nos rock stars favorites franchissent le pas de leur bureau pour faire le point sur les royalties engendrées grâce à la sortie d’un énième album live ou best of ? Alors que le gang de Lemmy et celui de Steven Tyler incitaient leurs auditeurs passionnés à manger du riche,
Warrant va encore plus loin dans l’expression de son aversion caractérisée envers les personnes fortunées de ce monde en leur consacrant carrément le titre de son premier album, lequel s’avère être un condensé d’adjectifs qualificatifs peu reluisants envers ceux pour qui l’ISF et assimilés internationaux s’avère être une source de perte d’argent plus que préoccupante. Et que dire de cette pochette inhabituelle pour un supposé album de glam metal mettant en scène un sombre personnage qui ferait presque passer Dominique Strauss-Kahn pour l’égérie masculine du nouveau parfum d’Emporio Armani ou d’
Hugo Boss ?
Warrant se forme sous les palmiers de
Los Angeles en juillet 1984 autour du guitariste Erik Turner et du bassiste Jerry Dixon. Après les traditionnels et indispensables changements de line-up propres à toute future légende du rock n’ roll qui se respecte et une fois avoir écumé de fond en comble la scène sleaze/glam d’Hollywood,
Warrant est finalement rejoint par Joey Allen à la lead guitar, Steven Sweet derrière le drumkit et enfin par un sosie physique de Bret Michaels de
Poison en la personne de
Jani Lane au microphone avant de s’offrir une carte de visite à travers l’enregistrement et la sortie d’une démo en septembre 1987 sur le label Paisley Park Records qui n’est autre que la propriété du chanteur culminant à pas moins de 157 cm sous la toise ; Prince. En janvier 1988, le combo glam de L.A. signe le record deal tant attendu avec Columbia Records qui sort le 31 janvier de l’année suivante le premier opus du groupe intitulé «
Dirty Rotten Filthy Stinking Rich » et produit par le mythique Beau Hill (
Ratt,
Twisted Sister,
Alice Cooper,
Kix,
Winger,
Roxx Gang…).
32 Pennies… Telle est la somme que prétend détenir
Jani Lane dans les poches de son jean délavé au sein du morceau du même titre qui a l’honneur d’ouvrir l’album. Bien produit et relativement efficace, le hard rock que
Warrant exécute sur ce titre ne sort pas des sentiers battus mais marque l’auditeur grâce à un feeling glam bien senti. En effet, à l’instar de nombre de combos sleaze/glam de la fin de la décennie 80’s, le gang d’Erik Turner n’innove bien évidemment pas mais se contente pour le plus grand plaisir de l’amateur de hair metal pour qui le style et l’attitude prévalent finalement sur la technique et le musicalisme de réutiliser une recette ayant déjà fait ses preuves depuis déjà presque 10 ans et les balbutiements d’une scène glamour incarnée par les inénarrables maîtres d’œuvres que sont entre autres les anthologiques Mötley Crüe,
Ratt et autres
Twisted Sister. A ce titre, les très bons «
Down Boys », «
Big Talk », « D.R.F.S.R. » et autres « Ridin’ High’ » possède cette capacité à faire mouche dès les premiers riffs et à transporter l’auditeur dans l’exubérance et la « sex, drugs and rock n’ roll » life ou tout semble beaucoup plus facile que dans la grisaille et la working class atmosphère de la Picardie profonde. En cela, la musique de
Warrant devrait pouvoir être remboursée intégralement par la Sécurité Sociale chère au bon vieux préambule de la Consitution de la Quatrième Rébublique qui « garantit à tous, notamment à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, les repos et les loisirs ». Même si Erik Turner et son acolyte six-cordistes Joey Allen ne sont pas vraiment des virtuoses de la guitare comme peuvent alors l’être des
George Lynch ou des
Tony MacAlpine ; ces derniers parviennent néanmoins à empreindre notablement le riffing du glam metal de
Warrant d’une rigueur quasi parfaite plaçant musicalement
Warrant à la pointe du royaume de l’efficacité rock n’ roll d’une scène glam qui en 1989 use et abuse sans vraiment le savoir de ses dernières cartouches avant une inexplicable inversion des valeurs et l’avènement des antihéros grunge dont un simple pain de savon de
Marseille ainsi qu’un rasoir deux lames Gillette auraient très certainement changé leur façon de concevoir l’
Existence avec un grand E d’une façon on ne peut plus radicale.
Bien que frappant d’efficacité et d’attitude, «
Dirty Rotten Filthy Stinking Rich » possède également ; années 80 et romantisme de bas étages obligent ; son lot de passages relativement émouvants qui rappellent alors au sleazy motherfucker amateur de hair metal estampillé 80’s (pléonasme) que
Warrant ne compte absolument pas avec ce premier disque se distinguer de ses pairs peroxydés et lipstickés hantant alors les clubs rock du mythique Sunset Strip de
Los Angeles et nourrissant parallèlement les fantasmes nocturnes de toute pucelle appareildentarisée de moins de 14 ans tapissant les murs de sa chambre avec les posters dégrafés de Kerrang ! et ayant accès à la chaîne de télévision MTV qui se respecte. Pour le plus grand bonheur des plus faibles d’entre nous en effet, les belles «
Sometimes She Cries » et autres «
Heaven » traitant respectivement de la solitude d’une jeune femme attendant inlassablement l’Amour et du souvenir des plus nostalgiques d’une affection vraie et sincère ressentie pour une ex-girlfriend belle et simple sauront faire nous souvenir de nos conquêtes féminines les plus marquantes et constructives. Ainsi, «
Dirty Rotten Filthy Stinking Rich » constitue un album on ne peut plus représentatif du style musical le plus en vogue en ces ultimes temps d’insouciance propres aux années Reagan et Walkman à cassettes. Bientôt en effet, il faudra composer avec la prolifération des
MST, la guerre du Golfe et les sacres de pseudo rock stars aux cheveux gras et aux vêtements n’ayant plus séjourné dans une machine à laver depuis au minimum la tragique disparition de John Bonham. A défaut de proposer véritablement quelque chose de nouveau tant au niveau visuel que musical ; le premier opus des
Jani Lane, Erik Turner, Joey Allen, Jerry Dixon et autres Steven Sweet présente néanmoins l’avantage de mettre en scène une énième version édulcorée du trip « sex, drugs and rock n’ roll » à consommer sans aucune modération tant qu’il en est encore temps.
A défaut d’être un chef d’œuvre du genre doué d’une quelconque originalité, « DRFSR » trouvera très largement sa place dans la discothèque idéale du parfait fanatique de metal à perruque et à rouge à lèvres glossy grâce à une efficacité indéniable et à l’adoption de nombreux codes du genre plaçant définitivement
Warrant au Panthéon des combos glam ayant écrit les lettres de noblesse de la scène sleaze rock/hair metal hollywoodienne des immuables années 80. Illustré par une pochette dont la non censure par le PMRC de Tipper
Gore semble relever du miracle tant beaucoup d’acteurs de l’activité politico-économique planétaire pourraient la considérer à très juste titre comme un véritable miroir de leur laideur et de leur arrogance caractérisée, le premier album de
Warrant s’avère être aussi important dans la discothèque de tout fan de sleaze rock/hair metal normalement constitué que les casseroles au cul des porcs qui nous gouvernent.
Hello Phiphi,
Merci pour ton retour et pour ces remises en contexte ! Born too late...
Hormis ces deux détails anecdotiques, pour quelqu'un qui n'a pas vécu la période "en direct", tu as admirablement su restituer l'atmosphère et le contexte de ces années-là… auquel j'ajouterais la rivalité, aujourd'hui bien risible, entre les Thrashers et les Glammers, les premiers traitant évidemment les seconds de mauviettes, et les seconds considérant en retour les premiers comme des sauvages aux limites de la psychopathie. Débat dans lequel, pour ma part, je ne suis jamais entré, ma discothèque comportant déjà à l'époque autant de Bon Jovi et de Mötley Crüe que de Slayer et d'Exodus. Je dois être une mauviette psychopathe :)
Un bon petit album de Hard Rock classique de ces années bénies agrémenté de 2 jolies ballades.
17/20
J'ai vécu la même époque que Phiphi et il est vrai que cette année 89 était fourni en putain de bon albums de glam /sleaze et Thrash metal ,j'adoré aussi les pochettes de cette époque, bref je suis nostalgique des 80s .
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