En ces temps agités par cette insatiable frénésie ambiante frappant l'univers actuel du metal symphonique, rien n'est moins évident de se lancer dans une arène musicale déjà saturée de valeureux gladiateurs du genre. Tout droit descendu des terres fertiles du nord de la Scandinavie (ironie), un jeune combo suédois, armé de ce courage qui peut faire défaut à la concurrence locale, cherche précisément à défier les lois d'une hiérarchie auto-proclamée! C'est dans ce contexte que surgit de l'ombre ce quintet de metal symphonique, doté de sa charismatique chanteuse,
Angelica Rylin, à la voix chaude, puissante et aux modulations de tonalité des plus séduisantes.
D'un point de vue stylistique, la structure rythmique et l'ambiance générale, colorée de notes saturées de guitare et d'une orchestration emphatique, s'inscrivent assurément dans le registre du metal symphonique. Parallèlement, l'opus est empreint d'agréables lignes mélodiques d'inspiration pop. Techniquement, on se situe au carrefour d'influences diverses. En effet, on peut y voir des liens instrumentaux avec des groupes tels que
Amaranthe,
Delain,
Mind's Eye ou encore
Lullacry. Sur le plan vocal, chez
Angelica, on y décèle quelques subtiles variations et un grain de voix à la croisée des chemins entre Cristina Scabbia (
Lacuna Coil) et Elize Ryd (
Amaranthe). Sans forcer sur les extrémités de sa tessiture, elle exhibe ici pudiquement ses talents de chanteuse dans un cadre vocal volontairement restreint.
Globalement, ce premier album se veut à la fois mélodiquement accessible et généreux, nous livrant pas moins de douze titres pour près d'une heure d'écoute. Certes, rien de bien original d'un point de vue artistique, mais l'ensemble convainc assez souvent par la qualité des arrangements et la juste écriture des textes de chacun des morceaux, à l'instar d'un travail de studio témoignant d'un large investissement du combo.
Quant à l'organisation même des titres sur l'opus, il ressort que la première moitié s'avère plus catchy, plus délicatement mélodieuse, sans être moins énergique pour autant, que la seconde. C'est dire que cette dernière nécessite une écoute plus minutieuse afin de percevoir toutes les subtilités qu'elle recèle.
D'un même mouvement, on retiendra surtout "No
Evil", titre entraînant, à la dynamique bien présente et mélodieux à souhait et "
Bleed Me Dry", morceau rythmiquement puissant et aux refrains imparables.
Plus addictif encore, "Chemical Attraction" retient l'attention par un champ harmonique étendu, autorisant nombre de passages à la mélodicité indéniable, des couplets bien ciselés ainsi qu'une acoustique bien enlevée et délicatement veloutée. Quant à "
Kiss of Death", la voix d'
Angelica est à l'image d'un chant des sirènes, venant nous cueillir à notre insu. Difficile alors de résister aux changements de tonalité, aux refrains taillés sur mesure pour nous envoûter sans plus nous lâcher une seule seconde. On comprend que l'on tient là les quatre pièces maîtresse de l'échiquier!
Dans un deuxième temps, mais un peu en retrait de ces quatre perles, on n'oubliera pas non plus "Follow the
Rain", à la mouture rythmique propre au métal symphonique, à la fois puissant dans ses riffs et mélodieux sur le plan vocal. Quant à "Storms of the Sea", morceau progressif et à la rythmique d'inspiration pop, il nous gratifie de belles reprises et d'une agréable ligne mélodique, particulièrement repérable sur les refrains. Tout aussi intéressant, l'entraînant "
Destiny" est aussi d'obédience pop, empreint de fines nuances vocales et offrant également de somptueux changements de tonalité. Enfin, l'ultime et imposante plage intitulée "Death of a Movie Star" contraste avec l'ensemble de l'oeuvre, à la lumière d'une atmosphère tragique due à la déchéance d'une célébrité. Ce morceau, techniquement complexe, est magnifiquement mis en valeur par une voix étrangement sulfureuse et éthérée par une interprète sensible et concernée par son sujet. On croirait entendre l'appel au secours d'une Marilyn en quête de reconnaissance et simultanément au bord du gouffre faute d'avoir été oubliée!
Pour les autres pistes, elles ne sont pas à déconsidérer mais souffrent aussi bien d'un manque d'inspiration sur le plan harmonique que de quelques approximations au niveau des reprises rythmiques. Ces notes, un tantinet malhabiles et un peu aléatoires, calées notamment sur les couplets, ne permettent pas à ces morceaux de s'inscrire durablement dans nos mémoires. Ceux-ci manquent aussi de relief acoustique, en dépit du dynamisme de quelques pistes telles que "
Valerie" ou "One
Bullet".
Au final, on se retrouve face à une oeuvre instrumentalement solide dans sa globalité, à défaut de faire preuve d'une inspiration sans failles à certains moments. La partie vocale, de son côté, de par l'utilisation bien agencée de l'étendue vocale par
Angelica, reste digne d'intérêt sur la plupart des titres. On pourra néanmoins regretter l'absence de soli de guitare, comme on aurait pu les imaginer. De plus, les ambiances de ces titres ne sont pas très variées les unes des autres. Enfin, pour les amateurs de softies, ils ressentiront la frustration due à l'absence totale de ballade à l'horizon!
Ce premier opus est plutôt de bonne facture sans pour autant être transcendant! Aussi, il s'avère agréable de par un minutieux travail sur les compositions. Celui-ci autorise dès lors une écoute de longue durée. Cet album pourra convenir aux amateurs de metal symphonique à chant féminin, à condition d'éviter de tentantes comparaisons avec les éminentes pointures du genre. A écouter sans sourciller, à part entière.
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