L'année 1984 fut assez marquante pour le groupe
Alcatrazz. Suite aux tensions entre le chanteur Graham Bonnet et le guitariste
Yngwie Malmsteen, ce dernier quitte le groupe pour embrasser, une aventure en solo plus ou moins couronné de succès. Le groupe soucieux de continuer l'aventure afin de donner un successeur à l'excellent "No Parole From Rock
And Roll" se met en quête, de trouver la perle rare. Le groupe sous les conseils avisé de Jimmy Waldo (le claviériste de la bande), jette son révolu sur le jeune surdoué de la guitare
Steve Vai. Le choix pour ce guitariste à l'impressionnant bagage technique, (qui s'est déjà distingué au sein du groupe de Frank Zappa), comparé au jeu néo-classique et véloce
Avec ses qualités techniques et démonstrations guitaristiques, "
Disturbing the Peace" en 1983, sera considéré comme plus expérimentale et soft, avec notamment un son de guitare au mix épuré, moins brute, voire moins Heavy que celui de
No Parole from Rock'n'Roll. L'arrivée de
Steve Vai, permettra aussi au groupe de s’affranchir de l’héritage de
Rainbow et de créer son propre style. d'
Yngwie Malmsteen peut paraître assez surprenant.
Dès l'enjoué et pour le moins atypique "Good
Blessed Video" le ton est donné. Ce premier titre particulièrement entrainant bardé de claviers au son kitch , malgré ses avalanches de notes et son solo déjanté, (inspiré par l'univers de Frank Zappa), peine à convaincre pleinement, ce sera aussi le cas du poussif "
Mercy" et "Wire
And Wood", au refrain criard et assez convenu.
En-dehors de ces trois morceaux aux motifs de guitares barrées tout aussi expressives que surnaturelles, nous retiendrons surtout les meilleurs. L'énergique et entrainant "Stripper", au break central délirant soutenu de guitare enjoué et le rampant "
Desert Diamond" introduit par de délicats arpèges de sitar électrique conduit par un chant mélodieux flanqué d'un lumineux solo de guitare fort inspiré sont de ceux-là.
Parmi les autres morceaux dynamiques et dignes d'intérêt de l'opus, on s'attardera sur le galopant "
Skyfire" à l'air entrainant, ou là encore
Steve Vai nous décochera des motifs et acrobaties de guitare dont lui seul a le secret.
Dans un registre plus mesuré voire lent nous retiendrons le chaloupé "
Will You Be
Home Tonight", aux notes sophistiquées et FM, limite progressive qui fera la part belle aux claviers et apportera un certain groove voire un petit côté
Rush (période
Power Windows) à ce sympathique morceau.
Injustement boudé par les fans et descendu par la critique, cet album mérite d'être réhabilité. Certes, le groupe s'éloigne assez de son identité d'origine, mais il ne trahit pas pour autant cette dernière, faisant ici plutôt preuve d'évolution et d'adaptation, notamment sur les interventions de guitare lumineuse et barrée de
Steve Vai. Il est aussi regrettable que le son ne soit pas à la hauteur de son prédécesseur en particulier celui de la batterie qui fait apparaitre un jeu approximatif et sans la moindre fougue de Jan Uvena.
Sans ces petits défauts qu'il est difficile d'ignorer, cet album aurait pu être le digne successeur de No Parole From Rock 'N'Roll ! Au lieu de cela il se révèle être un demi-échec à mettre à l'actif du groupe californien. Il sera aussi l'unique album enregistré avec
Steve Vai à la guitare.
Merci pour cette chronique avec laquelle je suis assez d'accord globalement. Album qui contient de bons moments mais qui est loin d'égaler son prédécesseur. Juste un petit bémol à propos du morceau "Mercy" qui est pour moi un des meilleurs là dedans.
Merci pour la chronique.
Plutôt d’accord avec ton ressenti, même si je trouve le titre « God bless video » excellent – superbe tapping du maestro Vai – et « Mercy » bien sympa, davantage dans l’esprit du premier album. Et je n’aime pas « « Will you be home tonight ». Un bon point : Bonnet est égal à lui-même, c’est-à-dire au top (royal sur « Desert diamond »).
Un mot enfin sur Vai, impérial sur ce disque, avec un jeu super flashy plus proche de celui qu’il adoptera avec Roth plutôt qu’avec Coverdale. Vai a clairement mis sa patte sur les compos qu’il a toutes a minima co-composées. Pour les amoureux de Vai, ce disque est juste incontournable à mon sens.
Sinon, petit désaccord quand tu écris « et le guitariste Yngwie Malmsteen, ce dernier quitte le groupe pour embrasser, une aventure en solo plus ou moins couronné de succès. » C’est largement plus que moins. Ce mec, quoi qu’on pense du personnage, est juste une putain de légende qui a dû vendre un bon paquet de skeuds dans sa carrière !
@samolice : étant un fan inconditionnel des deux surdoués de la guitare, selon mon avis, lorsque l'on se penche sur la carrière solo de Malmsteen. En dehors d'un début fulgurant, le reste est plutôt en dents de scie allant du bon "Alchemy", "Unleash the Fire" au médiocre voire mauvais "Spelbound" . En attendant je suis d'acord sur le fait que Vai sans vouloir faire de l'ombre au suédois assure grave.
Certes, si l'on considère la qualité musicale de son oeuvre, y'a beaucoup à trier, pour ne pas dire jetter, nous sommes d'accord. En revanche, je considère que sa carrière solo est un immense succès en ce sens que Malmsteen est indiscutablement l'un des guitaristes les plus influents des 40 dernières années. Bref, pas un vrai désaccord en fait, juste une incompréhension pas bien grave :-)
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