Liste des groupes Hard Rock Alcatrazz Born Innocent

En dépit de ses 72 ans, Graham Bonnet a déjà derrière lui une carrière à donner le tournis. En effet, c'est en 1970 avec le groupe Pop Rock The Marble que le chanteur au costard et lunettes noires fait ses premiers pas dans la musique. Mais c'est avant tout dans un registre Hard Rock, qu'il se fera une vraie notoriété, à commencer en 1979 sur l'excellent Down to Earth du groupe Rainbow.
Puis dans les années 80 et 90, sur les albums de guitaristes de renom tels que: Michael Schenker, Chris Impellitteri, mais aussi et surtout avec Yngwie Malmsteen et Steve Vai (et c'est le sujet qui nous intéresse.) au sein du groupe américain Alcatrazz.

Fier de 4 albums studio dont l'excellent No Parole From Rock 'n' Roll (1983), suivi du très bon et plus commercial Disturbing the Peace (1984), le groupe qui avait disparu des écrans radar depuis 34 longues années nous revient cet été avec un nouvel album studio aux senteurs des années 80 intitulé Born Innocent.

Côté line-up, le groupe toujours composé de ses 3 membres fondateurs à savoir Graham Bonnet (chant), Jimmy Waldo (claviers) et Gary Shea (basse), sera complété par Joe Stump un six cordiste et shreeder de génie connu pour son jeu et style néoclassique proche de celui d'Yngwie Malmsteen, mais aussi pour avoir œuvré au sein des groupes Heavy, Reign Of Terror et HolyHell. Quant à la batterie, elle sera tenue par Mark Benquechea connu pour son travail au sein du Graham Bonnet Band, et du groupe Thrash américain Devilution.

En dehors d'une production très ancrée années 80, due notamment au savoir faire de certains de ses membres permanents, en particulier Jimmy Waldo en étroite collaboration avec le producteur Giles Lavery (Graham Bonnet Band, Skull, Ezzo) la plupart des titres de Born Innocent seront composés par une imposante liste de guitaristes et songwriters de renom ayant eu un jour Graham Bonnet comme chanteur. Ainsi, nous retrouvons, Chris Impellitteri, Bob Kulick (RIP), le virtuose japonais Nozomu Wakai, Dario Mollo, et Jeff Waters (Annihilator). Des invités de luxe, qui pour notre plus grand bonheur viendront greffer quelques leads et soli de guitares de premier ordre.

Autant dire qu'avec une telle liste d'intervenants, le contenu de l'album semble très alléchant.

En effet, dès les premières mesures de l'introductif "Born Innocent" l'auditeur se retrouve en terrain connu. Les riffs Heavy ainsi que le chant modulable puissant et rocailleux de Graham sont au rendez-vous. Des guitares Heavy techniques et véloces mises très en avant que ce soit en rythmique qu'en solo et cela sur presque la totalité de l'opus. Les plus ébouriffants sont sans conteste ceux des titres les plus dynamiques à commencer par le décapant "London 1666 " au riffing estampillé Power Metal européen façon Gus G de Firewind. le galopant "Paper Flags " pourfendu d'un solo incisif et thrashy signé Jeff Waters d’Annihilator. Ou avec des airs folks irlandais sur "Finn McCool "où les guitares de Joe Stump associées à celles de Nozomu Wakai s'en donnent à cœur joie.

D'autres moments forts sont à retenir à commencer par l'enjouer "Dirty Like the City" à l'esprit Big Rock des 80's, offert par Steve Vai et joué par un Joe Stump très inspiré. Un prodigieux morceau entrainant qui n'aurait pas dépareillé aux côtés des meilleurs titres de Disturbing the Peace le deuxième opus d'Alctrazz paru en 1984. Mais aussi et surtout ceux deux premiers albums solos de David Lee Roth. N'omettons pas non plus Le mélodieux "We Still Remember " paré de délicates nappes de claviers de style orgue Hammond, le tout mis en valeur par des guitares véloces, ainsi qu'un fabuleux solo signé D Kendall Jones (du groupe New Age Waterbone). Mais aussi l'imposant "Warth Lane" aux magnifiques touches orientales, ainsi que le très progressif "Something That I Am Missing" qui malgré un chant un peu à la peine, se distinguera par de nombreux breaks et nappes de claviers estampillés années 80 du plus bel effet.

Ceci étant dit, et malgré d'excellentes guitares leads et soli de haut vol, tous les titres de Born Innocent ne tapent pas en plein dans le mille. C'est le cas, par exemple des poussifs "The Wound is Open", "l'Am the King" ou bien "Polar Bear" sauvé in extremis par de superbes textes évoquant les légendes et croyances des esquimaux. Mais aussi sur le rampant et dispensable "Body Beautiful" ainsi que la déroutante "For Tony" écrite par Graham en hommage à son frère Tony disparu il y a peu.

Même si Born Innocent n'est pas l'album le plus convaincant d'Alcatrazz, et n'atteint pas le niveau d'excellence d'un No Parole From Rock 'N' Roll, il n'en demeure pas moins plus Heavy et dynamique que son illustre prédécesseur le très FM Dangerous Games paru en 1986. Il offre tout de même plusieurs bons moments et a le mérite de relancer la machine mise en sommeil il y a 34 ans, reste à savoir pour combien de temps encore ?