Disease

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16/20
Nom du groupe Beartooth
Nom de l'album Disease
Type Album
Date de parution 28 Septembre 2018
Style MusicalMetalcore
Membres possèdant cet album25

Tracklist

1.
 Greatness Or Death
 03:22
2.
 Disease
 03:48
3.
 Fire
 03:26
4.
 You Never Know
 03:03
5.
 Bad Listener
 03:28
6.
 Afterall
 03:20
7.
 Manipulation
 03:22
8.
 Enemy
 03:20
9.
 Believe
 03:15
10.
 Infection
 03:23
11.
 Used and Abused
 03:31
12.
 Clever
 03:41

Bonus
13.
 Messed Up
 03:05
14.
 Takeover
 02:58
15.
 Young
 01:55
16.
 Threat to Society
 03:57

Durée totale : 52:54

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Beartooth


Chronique @ JeanEdernDesecrator

14 Octobre 2018

Bipolaire jouissif et énervant

La musique de Beartooth n'aurait pas dû croiser mes oreilles. Pensez-donc, du metalcore américain boutonneux à l'arrière-goût de taurine (le groupe a été signé par Red Bull Records), qui a eu son petit succès aux States, et ne risque pas d'en avoir ailleurs.

Mon stagiaire, Rigobert, 18 ans tout juste, était en train de roter bêtement de concert avec un faire-valoir de son espèce, en écoutant nasillardement de la musique sur son portable.
Tout d'un coup, frappé de solennité, il se leva et vint me trouver :
"Patron, j'ai une faveur à vous demander ... Il y a un album pourri, mais alors, pourrrri, ... "
- "Ouais, oh oh oh ! C'est de la deuuurm !" renchérit son ami de basse extraction.
- Il faudrait le descendre, asséna le pigiste du metal.
Je laissai s'appesantir un silence :
- Tu me prends pour un tueur à gages, un mercenaire de la chronique ?
- Nan, patron, mais avec vous, au moins, ils auront ce qu'ils méritent... dit Rigobert avec un sourire espiègle... et voyant que je n'avais pas l'air emballé, il rajouta... sinon, c'est moi qui m'en charge. Le petit fourbe. Avec son français de fond de classe CE1, son objectivité de troll, et sa culture musicale qui remonte à une année et demie, le seul endroit où sa seule prose trouverait sa place serait sur la porte de chiottes publiques abandonnées.

Je consultai mon avocat du Diable, qui me dit que ce serait facile, rapide et sans douleur, et qu'une jouissive décharge de fiel vaudrait bien le sacrifice d'une écoute douloureuse.
Mon tâcheron désigna la cible : dans un colis éventré rempli de canettes bleues et rouges vides gisait un cd du dernier Beartooth, "Disease", il lâcha un dernier buuuurp d'outre-tombe. Je lui répondis : ok, je le chronique.

Les deux clowns se livraient à un Shomo-bashing virulent en regardant les vidéos du groupe. Je n'aime pas m'attaquer au physique, mais les gars sont tous stylés après un relookaging près du corps à la Cristina Cordula, et le gentil Caleb cumule regard de chien battu, bandana, et mèche de 40 cm qui pend d'un côté, ça commence à faire beaucoup.
Je rechargeai mon stylo plume avec une cartouche neuve, ajustai les réglages de mon lecteur de disques compacts, et mis mon casque haute fidélité de marque allemande.
La pochette vintage bichrome fleurant bon le carton humide pourrait laisser penser qu'il s'agit d'une musique stoner, prog, ou un revival 70's - tout comme le nom du groupe, Beartooth. Il n'en est rien, le service créatif de RBR a dû se planter de visuel, qui n'a aucun rapport avec l'ambiance et le contenu de ce LP.
Après l'écoute entière des 12 titres de "Disease", je n'avais pas jugé bon de dégainer à tout va. Tout n'était pas bon à dégommer.

Certes, la moitié du temps, Beartooth se complait dans du ricanisme édulcoré, dont le sourire Do It Yourself dégouline sur ce que d'aucuns décrivent comme du metalcore aux accents punk rock. Bring Me The Horizon mélangé à Discharge ? Parkway Drive avec Green Day ? Le chant clair enrobé de choeurs, enjoués ou à l'empathie surjouée, comme sur "After All" , ou "Believer" qui est souligné par des allers et retours d'accords simplistes et putassiers, sent bon le polissage pour passer en radio, et taper dans les charts. Les précédents albums ont fait respectivement 48ème, puis 25ème au Billboard. Donc la recette sucrée marche, et l'objectif d'améliorer le score pour ce troisième album semble en bonne voie.

Mais l'autre moitié du temps, souvent dans un même morceau, le groupe surprend avec des passages très virulents, qui pourrait faire penser aux vidéos de youtubeurs genre "If Metalcore tuned Standard?" si on porte un jugement à l'emporte-pièce. En effet, si les guitares sonnent très médium, avec des accords tapant dans des tonalités punk hardcore, c'est tout de même sous-accordé d'un ou deux tons, en drop C, et Drop D sur certains titres, si mes vieilles oreilles ne me trumpent pas. A ses débuts, le groupe a été souvent comparé à Billy Talent, sûrement à cause des screams et cœurs gueulés très aigus de Caleb Shomo , et peut-être aussi car c'est un des rares groupes de la mouvance à être ricain friendly en gardant un versant très abrasif. Des titres comme "Used And Abused" mélangent ainsi mélodies faciles très mainstream, et riffs méchants à l'énergie surprenante. Par moments, ça me rappelle des groupes fréquentables comme 36 Crazyfists, du bon Limp Bizkit ou même des petits accents de Vision Of Disorder. Mais en moins bien, faut pas déconner.
Rigobert et son acolyte se payaient ma tronche du coin de l'oeil. Je remis l'album au début, je criai "Attention, deuxième écoute !", et je basculai le son depuis le casque jusqu'à mes enceintes 100 Watts, recouvrant d'un coup le haut-parleur du smartphone de mon stagiaire, qui me fit un doigt.

Beartooth a perdu complètement le côté punk hardcore du premier LP, et le seul morceau au rythme un peu soutenu est "Fire". Le chanteur Caleb Shomo a aussi amélioré ses screams, qui sont toujours aussi écorchés, mais beaucoup moins criards, et plus variés qu'à ses débuts. Le nu-metal du deuxième LP "Aggressive" se fait plus discret, et se retrouve quand même dans la puissance des riffs et la simplicité du jeu de batterie. On peut dire qu'on se retrouve dans du Metalcore plus classique, mature et efficace.

Certains titres heureusement sont presque totalement dans le côté velu et énervé, et on aurait apprécié que ce soit plus souvent le cas comme "Greatness or Death", "Used and Abused" ou "Bad Listener". Ce dernier est immédiatement addictif, commençant avec screams glotte en avant et fuzz stoner, avant de virer néo metal, et de finir sur Djent rafraichissant, puisqu'il n'est pas sous-accordé avec une 7 ou 8 cordes, comme c'est d'usage dans le style. Les guitares riffent saccadé et groove, et le hurlage se fait très metalcore, hargneux sans être trop strident. Si la majorité des titres avaient été de cette trempe, on aurait eu un chouette album de bon metalcore.

Cependant, sur la plupart des pistes, les bonnes idées sont souillées et neutralisées par ces passages de pop rock bubblegum (vous allez me dire, c'est du metalcore, banane). Ainsi "Disease" ou "Enemy" ou "Fire" ou "You Never Know" ne décollent pas avec leurs riffs trop génériques, tout en énervant avec leur racolage commercial surtout présent dans les refrains et les chœurs d'un émo parfois caramélisé. Heureusement, la plupart sont juste sauvés par un break ou un très bon riff sorti de nulle part. J'aurais préféré à la limite de la bonne pop/rock comme celle du dernier morceau, "Clever", crunch et nuancé, mais sans emphase excessive, à la manière d'un morceau calme des Deftones.

Quel que soit le côté où on se trouve, fans de mainstream triple A ou amateur de metal velu, hormis pour les inconditionnels, une moitié de la médaille ne satisfera pas l'un ou l'autre. Reste que l'autre moitié est excellente dans l'agressivité et les compos, et me convainc plus que Bullet For My Valentine ou Parkway Drive, qui me laissent assez froid.
Le passage de l'adolescence est un moment difficile et j'aurais bien aimé que Beartooth devienne adulte et arrête de jouer le groupe bipolaire, tantôt gentiment mainstream popcorn, tantôt méchamment puncheur. Le combo de Caleb Shomo, qui compose et maîtrise presque l'entièreté de Beartooth, ne semble pas décidé à sacrifier la poule aux œufs d'or. Au moins, s'il peuvent donner envie à quelques brebis égarées d'écouter du metal un peu plus in-true-sigeant (c'est une blague que je regrette déjà, personne n'a rigolé), cet album aura mis une toute petite pierre à la cause qui nous réunit tous.

Depuis deux jours, Rigobert me tire la gueule, me traite de vendu, de traître sans parole. J'ai la conscience tranquille, je n'avais rien promis, à part de faire une chronique.

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