Below

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17/20
Nom du groupe Beartooth
Nom de l'album Below
Type Album
Date de parution 25 Juin 2021
Style MusicalMetalcore
Membres possèdant cet album14

Tracklist

1.
 Below
 03:49
2.
 Devastation
 03:41
3.
 The Past Is Dead
 03:35
4.
 Fed Up
 03:21
5.
 Dominate
 03:37
6.
 No Return
 03:49
7.
 Phantom Pain
 03:51
8.
 Skin
 03:18
9.
 Hell of It
 03:23
10.
 I Won't Give It Up
 03:46
11.
 The Answer
 03:39
12.
 The Last Riff
 04:41

Durée totale : 44:30

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Beartooth


Chronique @ JeanEdernDesecrator

27 Juin 2021

Pour une fois, c'est vraiment leur album le plus heavy

Comme dirait l'autre, il y a le bon et le mauvais metalcore. Les gars qui font du mauvais metalcore, ils te sortent des refrains boutonneux et racoleurs dix mille fois entendus depuis plus de trente ans, et balancent du riff générique en se disant que les kids sont trop cons pour faire la différence. Et il y a le bon groupe de metalcore, bah Beartooth par exemple, qui prend des risques avec un gros son qui tâche, des riffs de taureaux en rut, et essaie de rendre ce style si balisé plus original, en le jouant à sa manière sans se demander si ça ne choquera pas les oreilles susceptibles.

Le groupe est assez méconnu sous nos latitudes, ou le metalcore est regardé semble-t-il d'un œil légèrement dédaigneux comme un autre avatar du rêve américain, au même titre que le baseball, les rodéos sur fond de country, ou les cafés lavasse d'un demi- litre. Leur précédent album "Disease" avait pourtant marqué un virage quelque peu commercial, avec bon nombre de morceaux émo calibrés au milieu desquels quelques brûlots dévastateurs venaient mettre une bonne giclée de violence sans filtre.
Si Beartooth était capable de faire des hits destinés à un public mainstream, c'est clairement quand il montrait sa face loup-garou (ours-garou ?) qu'il était le plus remarquable, en tout cas à mon humble avis. Un peu comme un Limp Bizkit dans un autre genre. D'ailleurs, le groupe a en commun avec eux d'avoir un leader jouant à être énervant, sauf que pour Caleb Shomo, cela est principalement dû au combo bandana/mèche sur l'oeil qu'il arbore depuis des années.

Le leader du groupe a une mainmise totale sur celui-ci : il a composé l'intégralité de ce quatrième opus, à cheval entre 2019 et 2020 pendant la tournée européenne de "Disease". Une guitare, une basse, une interface audio et un laptop, il n'en faut pas plus pour bâtir un nouvel album. Il se trouve qu'à l'heure où j'écris ces lignes, le prochain disque est déjà composé, et que Caleb poursuit un schéma dont les cinq premiers albums forment une première ère. Ainsi, il joue de tous les instruments, y compris la batterie, et c'est lui qui a enregistre toutes les prises en studio. Beartooth est une catharsis, et "Below" raconte l'abattement et la descente qu'il a ressenti à travers les confinements, et l'incertitude paralysante qui l'a saisi dans cette période. Cet état d'esprit très sombre se retrouve aussi sur l'artwork, noir et violet, qui siérait très bien à quelque obscur groupe de doom.

Le groupe a fièrement annoncé que c'était son album le plus heavy, vœu pieux qu'on entend cent fois par an sans que ce soit suivi d'effet. Sauf que dès le début de l'éponyme "Below" et son intro de guitare boursouflée de saturation et de larsen, on sent que ça va charcler. Effectivement, Beartooth ne manque pas une occasion d'agresser, de prendre en traître l'auditeur qui se promène innocemment à la recherche des refrains entraînants et positivistes qui caractérisent le metalcore. Les passages sucrés et naïfs sont toujours présents, avec tout ce que cela a de prévisible, et certains morceaux comme "The Past Is Dead" peuvent être considérés comme mélodiques. Cependant, les deux tiers du temps, il lamine par des coups au foie, avec d'énaurmes riffs moteurs rentre dedans, assaisonnés de screams écorchés. Il colle des jabs aux tympans, avec des dissonances stridentes que n'oserait pas le pire des groupes indus ("Dominate", "No Return"). Il uppercute la pointe du menton avec de brusques changements de rythme (les blast impromptus sur "Devastation" et "Dominate"), ou des breakdowns pachydermiques. L'agressivité est tantôt punk à la Green Day ("Fed Up", "I Won't Give it Up"), hardcore ("Phantom Pain"), neo metal ("Hell of It" va sur les plates bandes de Slipknot), voire thrash.

On pourrait considérer cet album comme une collection de riffs qui tuent, méchants et veules. Parlons du son des guitares de Beartooth, qui se démarque du son high gain copié collé de ses petits camarades métalcore : il est incroyablement saturé, lourd et dégoulinant de saleté. On reconnaîtra sans peine l'usage de fuzz, mais pas celui boueux des groupes stoner, mais plutôt un fuzz ultra décapant qui décolle instantanément le papier peint, et gonfle le son au delà du raisonnable. On a l'impression d'être collé aux amplis, tous les potards poussés à 11. Cela ne plaira pas à tout le monde, mais au moins Caleb S. va là où il a décidé d'aller côté son, d'autant plus qu'il produit les albums de Beartooth lui-même. La prod, sèche, lourde et agressive, convient parfaitement au contenu percutant des chansons, si ce n'est qu'avec un son de gratte aussi monstrueux, la basse passe fatalement à l'as, là où elle était bien présente sur "Disease".
Quant au chant de Caleb, en dehors du chant mélodique multi-couches dont il est coutumier (à la Billy Talent, en moins typé), il n'a jamais été aussi vindicatif et rageur. Il s'arrache littéralement sur chaque mot, et il a su à travers les années travailler son scream pour rester en dessous du seuil de la douleur (pour l'auditeur), en gommant les fréquences si irritantes qu'il utilisait sur les premiers albums.

Beartooth use et abuse de sa technique KO express, avec des structures simples, au risque de lasser, puisque ça marche. A certains moments, on se dit que c'est un peu facile, jeune homme, et qu'on ne se fera plus avoir, mais c'est tellement efficace et bien fait qu'on en redemande jusqu'à la fin, la gueule en quatre épisodes. Alors que l'album "Disease" tergiversait entre opportunisme commercial et agressivité, le combo a fait son choix, et envoyé un combat de puncheur en douze rounds, où chaque coup ou presque fait mouche. Tant qu'à partir du côté sombre de la force, j'aurais apprécié que le groupe soit moins conventionnel sur les passages mélodiques, car il a de la personnalité à revendre en matière d'accords tordus.

Avec "Below", Beartooth a commis un album méchamment velu, diablement efficace, qui ravira les amateurs de gros riffs rentre-dedans. Son meilleur album, et le plus heavy.

1 Commentaire

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Goneo - 16 Juillet 2021:

Très sympa cette album, même si tout est sur la même construction, l'efficacité de certain riff ou refrain me fait passer outre.

Merci pour la chro

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