Lorsqu'une grosse vague de nostalgie a commencé à s'installer dès le déclin d'une grande partie de la scène grunge, fin des 90's, la tendance a tout de suite été de comparer voire de tenter de retrouver un successeur à telle ou telle icône déchue du mouvement de Seattle. Sûr qu'en extrapolant plus largement sur l'influence qu'à eu
Nirvana sur les nouveaux-nés du grunge, comme l'ont d'ailleurs fait certains médias ou critiques musicaux, on crée facilement le buzz, à défaut de coller des étiquettes absurdes et dérisoires voire de tirer des conclusions hâtives, précipitées. Pourtant, si on remonte trois ans en arrière, c'était bel et bien de Wes Scantlin, un prétendu imposteur (ou un faux clone au choix... et les expressions ne manquent pas) de
Kurt Cobain de qu'il s'agissait. Un argument qui pourrait finalement expliquer en partie (pas totalement donc) les avis très mitigés concernant la vague post-grunge ou bien cette seconde génération 'crasseuse'. Et, ce n'est évidemment pas la nationalité si particulière du charismatique Shaun Morgan qui lui empêchera de subir les mêmes controverses que le leader de
Puddle Of Mudd sur "Come Clean".
Tout en sachant que plus des 3/4 de la scène et de l'histoire du grunge s'est fondée, déroulée aux Etats-Unis depuis les 80's et que même les formations parmi les plus undergrounds et retirées du globe qui puissent exister ont pu bénéficier de l'héritage du Seattle Sound des 90's, on se demande finalement quels sont les combos qui se distinguent réellement de la masse. On peut malgré tout souligner le fait qu'à ses débuts (c'est-à-dire précédant son changement de nom en 2002 au moment où ils se nommaient Saron Gas) - en plus de s'être formé sur le sol Africain,
Seether pouvait encore conserver un certain attachement à ses origines, notamment par l'enregistrement d'un premier album méconnu nommé "Fragile" au studio The Farm, Midrand situé en Afrique-du-Sud (probablement le seul et unique de leur carrière). Mais bien sûr, il n'en est plus rien depuis la sortie de l'album "
Disclaimer" en 2002 qui a commencé à véritablement s'exporter hors des frontières déjà citées avec le tube "
Broken".
A la fois considéré comme une re-compilation de "
Disclaimer" (bien que les titres originaux aient légèrement été
Remixés et qu'un guitariste permanent a été ajouté au line-up) et un nouvel album studio du fait de l'ajout de huit pistes supplémentaires, ce "
Disclaimer II" jouit d'une production particulièrement soignée signée par le label
Wind-Up Records (
Creed,
Drowning Pool,
Finger Eleven). Une chose est sûre, le style de
Seether est d'autant plus renforcé par la fusion de ces deux producteurs de renom que sont Jay Baumgardner (
Papa Roach,
Godsmack,
Drowning Pool,
Hoobastank) davantage orienté vers le néo/post-grunge et Bob Marlette (
Shinedown,
Black Sabbath, Tony
Iommi,
Alice Cooper) qui lui, est plus centré sur le heavy/metal alternatif. En résultent, des influences particulièrement solides avec une première partie d'album plus agressive mais tout aussi mélancolique confrontée aux nouveaux morceaux d'une couleur grunge plus assumée avec des passages acoustiques, des ballades et d'autres titres assez accessibles.
L'influence de
Nirvana n'est donc guère frappante (même si on la sent bien quand même) étant donné que l'instrumentation de
Seether se fait généralement dans une approche plus metal par ces riffs lourds et massifs, comme sur l'introduction faite par le tube "Gasoline" par exemple. D'un point de vue vocal, on peut aussi dire que Shaun Morgan solidifie davantage son chant en tenant les screams sans doute plus longtemps que le légendaire
Kurt Cobain et y apporte peut-être plus de puissance, de coffre ou de possibilités. Mais effectivement, l'émotion transmise est relativement proche de ce qu'il pouvait se faire sur la scène de Seattle dans les 90's, la touchante "
Fine Again" et la triste et très mélancolique "
Driven Under" pouvant notamment en témoigner.
Outre le fait que "Fuck It" laisse transparaître des agressions vocales, une brutalité proche du néo voire même un chant hurlé comparable à celui de Aaron Lewis de
Staind,
Seether a su, avec ce "
Disclaimer II" réunir bon nombre d'influences issues des plus grands noms du grunge dont le célèbre Big Four, tout en cherchant à innover, à relancer la scène. Par exemple, avec la torturée et inquiétante "
Pig" - le combo fait honneur à
Alice In Chains (la tonalité du morceau et les grosses guitares insistantes en disent long à ce sujet) et réalise là, le titre le plus heavy de son parcours discographique. Ce ne sont évidemment pas leurs plus grandes réussites en matière de composition, mais la sympathique "Love Her" semble s'inspirer directement de
Nirvana période "Nevermind" avec ce petit côté frais, pop et mélodique, tout comme "Take Me Away" dans un style acoustique simple et pourtant très dispensable.
C'est pourquoi, il faut considérer le post-grunge comme un relais au grunge et non par un autre courant musical opportuniste qui viendrait faire de l'ombre aux derniers survivants du mouvement crasseux de Seattle. D'ailleurs, c'est avec respect et honnêteté que
Seether nous interprète des pièces bien plus sombres et emplies de rage, de noirceur. Preuve en est que même après plusieurs écoutes d'affilée, "69
Tea" continue de prendre aux tripes, intéressant dès les premières mélodies certes, mais se révèle incroyablement glauque et ambiancé lorsque se pointe l'autre moitié du hit (cf. à partir de 01:50). Histoire de compléter la paire, "Needles" arrive un titre plus tard pour s'imposer comme une véritable ode à la violence, une class'attitude propre au combo. Tant de choses à dire sur ces vingt titres, tel le groove ravageur de "Pride" - l'accent tantôt furieux tantôt planant mis en avant sur "Your Bore" ou encore le hit émouvant et controversé (certains auditeurs acceptant mal le fait de cette collaboration avec Amy Lee de
Evanescence et les lyrics traitant de la relation amoureuse entre Morgan/Lee) qu'est "
Broken". Néanmoins, on voit bien que le duo fonctionne à merveille, s'engage à fond dans ce qu'il fait et que d'autre part, les arrangements mélodiques (orchestrations, guitares électriques) sont aux petits oignons.
Les puristes du grunge qui s'efforcent de faire une fixette sur les années de gloire connues par le mouvement s'offusqueront sans doute de voir
Seether prendre autant d'ampleur sur la scène post-grunge avec ce "
Disclaimer II" mais peu importe, la formation incarne un réel espoir de relance à l'heure où le néo continue son ascension (même si le disque s'épuise et manque de puissance, d'originalité dès la treizième piste). Au pire, vous pourrez toujours mentir sur la marchandise en prétendant que cet opus a au moins dix ans, ils n'y verront que du feu, c'est certain.
Je vais m'arrêter sur cette phrase parce que je ne sais pas si je suis d'accord (haha...)
Le groupe a une putain de discographie en dehors du dernier album (sauf le terrible morceau d'ouverture) mais ce qui me pousse à ne pas être d'accord, ce sont les ballades. Il y'en a un peu trop et je les trouve majoritairement mielleuses. A mon avis, le meilleur du "revival grunge" se trouve dans un plus profond underground, chez Second Coming par exemple (ils ont une page sur SOM, allez voir). J'ai pas d'autres exemples en tête, là, mais y'a encore mieux que 6 heures, c'est sûr!
Attends attends j'ai jamais dit ça non plu ! Deforme pas ! Pour moi, Seether, c'est le groupe post-grunge qui vaut peut etre le plus le coup actuellement ( malgrés les défauts que j'ai cités dans la chro ). Quand à Nevermind, ça reste un des albums cultes du genre. Je sais pas si c'est indispensable d'avoir disclaimer 2, mais en tant qu'amateur de grunge, avoir Nevermind, ça, c'est indispensable. Mais comme c'est tout aussi indispensable d'avoir dirt ou superunknown
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire